Les réverbères : arts vivants

Chercher le bonheur dans son for intérieur

Du 21 au 25 janvier, puis du 1er au 6 février, la Cie des Plaisantes propose un spectacle au concept original, puisqu’il se joue… en appartement ! Sous clé, Le bonheur s’ouvre de l’intérieur, ou comment questionner son rapport au bonheur et à toutes ses injonctions quotidiennes.

Sous clé est né en mars 2021, lors d’une résidence octroyée par la Ville de Lancy, avant que celle de Genève n’offre, au mois de juillet, une Bourse de recherche, dans le contexte compliqué de la pandémie. Face à la saturation des théâtres, Julia Portier et Wave Bonardi se lancent dans l’écriture de ce projet dans un appartement (celui de l’une des comédiennes), avec un public limité à sept personnes par représentation, avant de, pourquoi pas, pouvoir le reprendre dans une salle de théâtre. Après une longue réflexion, Sous clé prend la forme d’une série de tableaux, comme autant de fragments de vie qui se mélangent et se suivent, sans forcément de véritable lien entre eux. Si ce n’est la thématique du bonheur, ses injonctions et cette volonté de l’atteindre par tous les moyens. Sous clé explore les diverses facettes et approches de ce but que nous voulons, toutes et tous, atteindre.

Le bonheur en appartement

Le premier élément qu’il faut évoquer est évidemment le lieu ! Loin de la scène d’un théâtre, il a fallu réfléchir à l’utilisation des espaces. Le salon/cuisine devient ainsi la scène principale : les sept membres du public prennent place sur le canapé tout en longueur tandis que l’action commence à se dérouler devant eux, sous la forme d’un monologue à deux voix. Mais bien vite, le reste de l’appartement sera investi : on apercevra des scènes dans la chambre, à travers les baies vitrées qui deviendront même des toiles pour les œuvres sorties de la tête de l’un des personnages. La terrasse, sous forme d’une petite cour intérieure, deviendra la scène d’un orchestre de respiration – on laisse planer le mystère, mais cela vaut le détour ! – ou le studio d’une radio. Même les toilettes seront occupées dans une scène où l’on ne distinguera – bien sûr – pas grand-chose.

L’adaptation au lieu fonctionne ainsi à la perfection ! On nous enjoint à chercher le bonheur en nous, au plus profond de notre intimité. Quel meilleur endroit que le cocon sécurisant de son chez-soi pour le figurer ? L’appartement prend alors une dimension symbolique, représentant cet intérieur qu’il nous faut explorer dans ses moindres recoins pour y trouver ce qui nous rendra heureux. Quitte à chercher dans des endroits parfois inattendus…

Des tableaux pour chacun·e

L’autre grande force de Sous clé, ce sont les expériences personnelles des deux comédiennes dont elle se servent, et leurs recherches pour proposer un panorama large des moyens visant à trouver le bonheur. Il y a, ainsi, de manière presque certaine, un tableau parle à chacun·e d’entre nous ! Qu’il s’agisse des discussions entre amies, d’une séance chez une psy, de tutos sur internet, du listing des méthodes et autres ouvrages de développement personnel, d’une soirée d’anniversaire où l’on se livrera plus qu’escompté… En alternant des saynètes plutôt drôles et décalées avec des passages plus sérieux, Julia Portier et Wave Bonardi parviennent à toucher tout le monde, par le rire ou une autre émotion, par une situation déjà vécue ou un élément qui fait tilt dans notre esprit.

Au-delà de montrer qu’il existe mille-et-une façons d’atteindre le bonheur, le spectacle permet d’évoquer le sentiment de trop-plein. Le développement personnel est une thématique très à la mode, et les rayons qui y sont consacrés foisonnent dans les librairies et autres enseignes. Sans oublier les tutoriels YouTube et autres podcasts audio. Le premier tableau, qui s’apparente à une liste d’ouvrage et autres méthodes, présente ainsi une idée de surabondance, comme un cycle sans fin. En entamant une méthode, on en découvre une autre, puis une autre. On tombe sur un·e thérapeute prônant telle ou telle théorie, qui nous conviendra ou non. Tout cela pour dire qu’il existe autant de définitions du bonheur que d’individus sur Terre.

Et comme pour marquer toutes ces possibilités, on nous distribue une feuille de salle, où chacun·e trouvera une phrase inspirante différente. La mienne ? « Le bonheur est au bout du chagrin. » On vous laisse méditer là-dessus…

Fabien Imhof

Infos pratiques :

Sous clé, Le bonheur s’ouvre de l’intérieur, de Wave Bonardi et Julia Portier, du 21 au 25 janvier, puis du 1er au 6 février, en appartement à Thônex.

Conception et jeu : Wave Bonardi et Julia Portier

Aide mise en scène et dramaturgie : Charlotte Riondel

https://ciedesplaisantes.com/spectacles/

Photos : © Cie des Plaisantes

Fabien Imhof

Titulaire d'un master en lettres, il est l'un des co-fondateurs de La Pépinière. Responsable des partenariats avec les théâtres, il vous fera voyager à travers les pièces et mises en scène des théâtres de la région.

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