Dans la Constellation du Vaisseau d’art
Latifa Djerbi revient à la Comédie de Genève avec son Vaisseau d’art et un nouveau projet nommé Constellation. Entre théâtre, réalité augmentée et introspection, elle nous invite à nous reconnecter au monde à nous-mêmes.
Lorsqu’on assiste à un spectacle dans le Vaisseau d’art – cet ancien bibliobus transformé pour accueillir du public – on ne sait jamais vraiment sur quoi on va tomber. On nous avait précédemment offert un supplément d’âme, sous la forme d’un don d’orgasme, avant de nous inviter à sauver la beauté. Cette fois, c’est dans le garage de la Comédie que tout commence. Deux extra-terrestres venues tout droit d’Eithel, nous rejoignent, venues tout droit d’une planète jumelle de la Terre, dans une autre galaxie. Rien ne se passe comme prévu, et voilà leur planète engloutie petit à petit par les ténèbres. Vite, nous devons rejoindre l’équipage et embarquer pour une mission interstellaire afin de retrouver la lumière perdue. Au-delà de sauver le monde, c’est également à une reconnexion avec nous-mêmes que nous sommes convié·e·s.
Une véritable expérience
Avec le Vaisseau d’art, on vit toujours une expérience : visite inattendue, univers original, avec toujours une part d’introspection. Dans Constellation, l’expérience est encore plus particulière, du fait que l’équipe de Latifa Djerbi y ajoute une dimension de réalité augmentée, dans le vaisseau, puis en-dehors. On visite ainsi cette nouvelle planète, à la recherche de la lumière. Mais attention tout de même à ne pas se laisser griser la mission et l’importance de notre rôle…
C’est ainsi que Constellation, loin de suivre un scénario attendu, nous surprend encore en nous invitant à une forme d’humilité. On ne vous en dit volontairement pas trop, de manière à ne pas gâcher votre expérience. Sachez simplement qu’il s’agira d’exploser vos peurs et vos parts d’ombres, non pas nécessairement pour les combattre, mais pour vivre avec et s’en servir comme d’une force. La peur liée à notre planète qui va mal, par exemple, doit nous pousser à vouloir la soigner et à en faire toujours plus. Ainsi, Constellation nous conduit à une dimension plus réflexive et introspective, chère au Vaisseau d’art. Un retour sur nous-même toujours indirect et inattendu.
Le Pont des Arts
Constellation est présenté dans le cadre du Pont des Arts, ce projet de la Comédie visant à ouvrir les portes du Théâtre à toutes et tous, de manière ludique et réflexive, une manière de construire des passerelles entre la scène et le monde. Avec ce spectacle différent de ce qu’on peut voir habituellement, mouvant, participatif et durant lequel on ne reste pas vissé·e sur son siège, on entre totalement dans ce projet du Pont des Arts. Le public est diversifié, et le format proposé conduit inévitablement à des échanges, entre générations, entre cultures… On pouvait s’y attendre de la part du Vaisseau d’art, mais force est de constater que le résultat est au-delà de nos attentes.
Derrière toute cette histoire, il y a aussi tout ce paradoxe de vouloir sauver une autre planète, alors que la nôtre souffre. Cela va avec l’inquiétude que l’on peut avoir de la possibilité de vivre sur Mars ou toute autre planète, comme si une solution était envisageable après la mort – espérons-la aussi lointaine que possible si elle doit arriver – de notre Terre, que l’on devrait plutôt songer à préserver. Il y a aussi, dans Constellation, cette volonté d’aider les autres pour se sauver soi-même. La dimension écologique de ce spectacle est donc également à souligner, mais sans être moralisatrice. Tout reste dans la bienveillance. Ce qui ne peut que nous amener à vous enjoindre à embarquer pour ce voyage interstellaire inattendu et hors du commun.
Fabien Imhof
Infos pratiques :
Constellation, de Latifa Djerbi, dans le Vaisseau d’art, à la Comédie de Genève, du 12 au 16 juin 2024.
Avec Latifa Djerbi, Myriam Boucris et Raphaël Zimmermann
Univers sonore : Myriam Boucris
Collaboration artistique, technologiste, lumière et son : Camilo De Martino
Ingénieur 3D : Mathieu Buchs
Concepteur Art 3D : Julien Kobler Kennedy
Régisseur plateau – Pilote : André Berthoud
Régisseur plateau : Laurent Guillermin
Collaboration artistique : Daniela Morina Pelaggi, avec sa propre équipe technologique en collaboration avec ALL_Creative Technology
Photos : ©Les Faiseurs de rêve