Les réverbères : arts vivants

Danser pour imaginer

Quel plaisir pour les enfants de retrouver le chemin des salles de spectacle. Au Galpon, ils ont pu découvrir un spectacle de danse, avec émerveillement. Avec le personnage de Mère Ourse, ils ont pu se demander ce qui se cache Derrière les arbres.

Avec sa compagnie de l’estuaire, Nathalie Tacchella emmène petits et grands dans une forêt imaginaire. Sur la scène, des grandes piles de cartons blancs semblent figurer les arbres. À leurs pieds, trois danseuses dorment. Mère Ourse prend la parole dans une langue bien à elle – et aidée par la traduction en voix-off – et explique qu’elle accueille des enfants perdus dans sa forêt. Se trouverait-on au pays des rêves ?

Imaginer à l’infini

Après cette brève introduction, plus de mots. Les gestes et la musique se chargent de narrer une histoire qui fait la part belle à l’imaginaire. Mais avant de rêver, il faut faire connaissance. C’est ce que semblent faire les trois danseuses, représentant trois enfants. Dans des mouvements tout emprunts de fluidité, elles évoquent la douceur maternelle, celle dont on a tant besoin, étant enfant. Cherchant le contact, elles s’enlacent et se câlinent, approchant Mère Ourse avec le semblant de crainte qui caractérise les plus petits. Accompagnée par une musique calme, elles donnent l’impression d’être véritablement dans une forêt. Les aigus des percussions qui tintent sur une musique qu’on qualifierait d’atmosphérique confère à la scène un côté très apaisant. C’est le silence dans la salle, les enfants sont subjugués.

Puis vient le chaos. Alors que le rythme s’accélère et que la musique va crescendo, les mouvements des danseuses se font plus saccadés, plus rapides aussi. Elles courent comme des enfants qui joueraient au loup, se cacheraient pour échapper aux autres. On imagine aisément aussi des enfants qui grandissent, cherchant à s’émanciper et s’affirmer. Les arbres tombent les uns après les autres et la scène est désormais remplie d’un fatras de cartons. Qu’à cela ne tienne ! Puis, telles des briques de Lego, voilà que les danseuses-enfants s’emparent des boîtes, et chacune construit ce à quoi elle pense. Les figures rappellent ainsi une locomotive, une maison, ou encore une voiture. Peu importe d’ailleurs : l’important réside dans la création !

C’est là qu’est toute la force de Derrière les arbres : suggérer sans parole. Et sans doute que dans chaque petite tête de spectateur, c’est un autre spectacle qui s’est joué, une autre histoire qui s’est racontée. Derrière les arbres défend l’idée de la création, certes, sans oublier de rappeler qu’il faut toujours une matière première. En témoigne l’arbre sauvé par Mère Ourse au moment où tout s’écroule, avant de se tenir en retrait, comme une spectatrice un peu particulière de ce qui se déroule sous les yeux.

On peut y voir plusieurs métaphores, une multitude de symboles : les enfants qui se fichent qu’on ait détruit leur construction, ils n’ont qu’à recommencer et feront encore mieux la prochaine fois ; une allusion à la sauvegarde de la Nature peut-être, qui est à la base de toute création ; ou encore une invitation à garder notre âme d’enfant et à voir le monde toujours à travers les mêmes yeux, un monde dans lequel la beauté est partout, pourvu que notre regard la capte…

Derrière les arbres, un moment poétique où danser permet d’imaginer.

Fabien Imhof

Infos pratiques :

Derrière les arbres, création de Nathalie Tacchella et la Cie de l’Estuaire, du 17 au 25 avril 2021 au Théâtre du Galpon.

Conception et chorégraphie : Nathalie Tacchella

Avec Marion Baeriswyl, Aïcha El Fishawy, Ambre Pini et Diane Senger

https://galpon.ch/saison/derriere-les-arbres/

Photo : © Erika Irmler

Fabien Imhof

Titulaire d'un master en lettres, il est l'un des co-fondateurs de La Pépinière. Responsable des partenariats avec les théâtres, il vous fera voyager à travers les pièces et mises en scène des théâtres de la région.

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