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D’après photographie : Une journée dans Paris

Depuis plusieurs années, le Département de langue et littérature françaises modernes de l’Université de Genève propose à ses étudiantes et étudiants un Atelier d’écriture, à suivre dans le cadre du cursus d’études. Le but ? Explorer des facettes de l’écrit en dehors des sentiers battus du monde académique : entre exercices imposés et créations libres, il s’agit de fourbir sa plume et de trouver sa propre voie, son propre style !

La Pépinière vous propose un florilège de ces textes, qui témoignent d’une vitalité créatrice hors du commun. Qu’on se le dise : les autrices et auteurs ont des choses à raconter… souvent là où on ne les attend pas !

Aujourd’hui, Jade Perez vous fait voyager dans une photo… une photo que vous imaginerez à travers son texte ! Cap sur la ville-lumière… cap sur Paris !

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Une journée dans Paris 

C’était un début de journée d’hiver habituel à Paris, avec un ciel gris rempli de nuages et le vent soufflait très fort.

Alors que je me promenais tranquillement malgré le mauvais temps, je remarquai que peu de gens seulement arpentaient les rues comme je le faisais ; la plupart semblait pressés ou bien d’humeur maussade, et d’autres paraissaient encore surpris du froid permanent. Je vis au loin la pointe de la Tour Eiffel, et je décidai de me diriger peu à peu dans sa direction. J’avais choisi la journée idéale pour aller l’admirer, sans le chahut habituel des meutes de touristes avec leurs appareils photos.

Le quartier du Trocadéro, comme je l’avais pressenti, était resté complètement désert en ce dimanche matin. Personne ne s’était décidé à se balader près de la Tour Eiffel. Cependant, quelque chose attira tout de même mon attention. Il y avait une suite de photos représentant la Tour Eiffel accrochées à un long fil à l’aide de pinces à linge en-dessous de la Tour Eiffel. Les images étaient un peu floues à cause du brouillard de ce jour-là qui empêchait de bien discerner les détails des photographies, mais on reconnaissait tout de même le bas du monument et une femme inconnue qui se tenait au centre.

Je sortis mon carnet de notes de mon sac et je commençai à décrire les détails de ces photographies. Elles étaient en noir et blanc, et au milieu se tenait une vieille femme qui faisait un grand sourire à l’appareil photo. Elle avait l’air très heureuse malgré le mauvais temps, qui était très similaire à celui d’aujourd’hui. Ce qui m’intriguait le plus, c’est qu’elle tenait quelque chose en main, une sorte de plateau, mais j’avais de la peine à distinguer ce que c’était. Il n’y avait personne autour d’elle, elle était seule au monde, comme moi présentement, dans un endroit qui est normalement toujours bondé. Le photographe et la femme devaient se douter que des moments comme ceux-là sont extrêmement rares, du coup, ils ont décidé de l’immortaliser et d’en laisser une trace derrière eux. Peut-être que c’est elle qui voulait que quelqu’un en particulier sache qu’elle était passée par là.

Certaines personnes ont dû apprécier l’intention et emporter avec eux des photos, car j’ai remarqué certains espaces vides. J’ai revu quelques heures plus tard la même femme qui se tenait au même endroit. Son plateau était en fait rempli de friandises et de nourriture qu’elle distribuait aux sans-abris qu’elle croisait aux alentours. Après une courte discussion avec cette femme, j’appris qu’elle habitait dans le quartier, et que c’était devenu une habitude pour elle de faire sa petite marche quotidienne et d’aider les plus démunis qu’elle. Tout le monde était toujours content de la croiser, me raconta-t-elle.

Je la surnommai la dame de la Tour Eiffel, et emportai une photographie.

Jade Perez

Ce texte est tiré de la volée 2019-2020, animée par Éléonore Devevey.

Retrouvez tous les textes issus de cet atelier ICI.

 Photo : ©Pexels

La Pépinière

« Il faut cultiver notre jardin », disait le Candide de Voltaire. La Pépinière fait sienne cette philosophie et la renverse. Soucieuse de biodiversité, elle défend un environnent riche, où nature et culture deviendraient synonymes. Des planches d’une scènes aux mots d’une page, des salles obscures aux salles de concert, nous vous emmenons à la découverte de la culture genevoise et régionale. Critiques, reportages, rencontres, la Pépinière fait péter les barrières. Avec un mot d’ordre : jardinez votre culture !

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