Derrière le rideau #2 : Le Galpon
Alors que Genève est à nouveau semi-confinée, les lieux de culture doivent prendre leur mal en patience. Fermés, ne pouvant plus accueillir spectacle et public, les voilà à nouveau dans une situation difficile.
Face à ce contexte, La Pépinière a décidé de donner la parole à celles et ceux qui font habituellement vivre la vie culturelle de la Cité, au travers de trois questions types. L’idée ? Leur permettre de s’exprimer sur la façon dont ils et elles vivent cette période, connaître leurs projets et imaginer avec eux le monde (culturel) d’après.
Dans ce deuxième volet de Derrière le rideau, c’est le Galpon qui s’exprime.
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Le Conseil d’État a annoncé la fermeture, entre autres, des lieux culturels tels que le vôtre, comment réagissez-vous à cette situation, comment le Galpon vit-il cela ?
Nous avons décidé de continuer à travailler « comme si » tout allait entrer de nouveau dans la réalité avant la fermeture de novembre, mais évidemment dans la totale incertitude. Une des compagnies permanente du Galpon, le Studio d’Action théâtrale, qui devait présenter leur spectacle des Bacchantes à partir du 17 novembre a décidé de continuer son travail de répétition. De façon plus générale, si on comprend bien qu’il faut tout mettre en œuvre pour limiter la propagation du virus et éviter une surcharge des services sanitaires, on peine à comprendre la fermeture totale des lieux de culture qui ont été très attentifs à s’adapter pour garantir la sécurité des publics. Il ne semble pas qu’il y ait eu des foyers dans nos lieux. Enfin, nous n’avons toujours pas de réponse à nos demandes d’indemnité déposées en septembre et ne savons pas si cette obligation de fermeture sera accompagnée de mesures de soutien.
On a vu, pendant la première vague, des théâtres proposer diverses choses, comme des diffusions de captations de pièce, ou des lives, envisagez-vous de mettre quelque chose en place pour cette période de transition avant la reprise qu’on espère la plus rapide possible ?
Notre position depuis le commencement de la crise était est que, si nous ne pouvons pas ouvrir au public, nous devons attendre et ouvrir le théâtre aux artistes qui veulent travailler. Nous considérons que les propositions virtuelles affaiblissent les arts vivants dans une période où ils sont déjà fortement frappés.
Comme dit plus haut, nous préférons envisager des invitations pour une personne, maintenir la rencontre dans un espace partagé.
On réfléchit à réaliser une petite édition faite de témoignages des artistes qui travaillent dans une autre perspective que la perspective publique : ce que ça change dans l’exercice du métier, ce que cette réalité ouvre comme champ de liberté de recherche, ce qu’elle impose comme contraintes.
Comment imaginez-vous le monde d’après, au niveau de la culture surtout ?
Pour être sincères nous n’imaginons rien du tout, c’est une situation qui déjà nos oblige à entretenir coûte que coûte notre imaginaire d’artistes de tous les jours… c’est impossible pour des raisons qui seraient très longues à développer ici de dire quoi que ce soit sur le monde d’après.
Mais tout de même. Ce que révèle cette situation c’est que les petits formats sont plus viables que les grands. Que ce qui peut être préservé (pour autant que des soutiens financiers soient alloués) est le travail artistique, la pratique régulière de notre art, dans une perspective qui dépasse la seule production de spectacles. Pour qu’un « après » soit envisageable il est indispensable que cette pratique régulière soit libérée des contraintes statistiques de fréquentation, etc.
Merci à l’équipe du Galpon pour ses réponses !
Propos recueillis par l’équipe de La Pépinière
Photos : © Jonathan Delachaux