Les réverbères : arts vivants

Et si les pingouins savaient voler ?

À la maison des compagnies, le Théâtre Forum Meyrin accueillait, pour deux représentations seulement, la compagnie Le mouton carré pour Le complexe du pingouin. Une fable en forme de dépassement de soi, qui invite aussi à ne pas suivre le courant mainstream. Dès 3 ans.

Sur sa banquise, un pingouin voit passer un oiseau bleu. Mais comment faire pour voler comme lui dans les airs, alors que la nature ne l’a pas doté de cette capacité ? Complexé, le pingouin tente tout pour y parvenir : apprendre à battre des ailes, s’en dessiner de nouvelles, prendre un maximum d’élan, utiliser de la neige, des fils, un tambourin percé pour augmenter sa portance au vent… Bien que triste et déprimé de ne pas y arriver, il n’abandonne pas, et se dépasse de jour en jour ! Y arrivera-t-il ? Il faut le voir pour le savoir…

Manipulations à vue

Sur la scène, deux comédiennes : Caroline Cybula ou Bénédicte Gougeon, en alternance pour manipuler le pingouin, monté un peu comme un ressort ; et Clara Bodet, qui déplace les éléments d’environnement et prête sa voix aux passages chantés. Précisons-le d’emblée, Le complexe du pingouin, est un spectacle sans paroles, où tout est raconté par le jeu, la musique et le dessin, apparaissant directement sur ce qui sert de banquise où projeté au fond de la scène. Pas toujours facile à comprendre, dès lors, pour les plus jeunes. Mais cela donne une dimension poétique et laisse place à l’imaginaire de chacun·e.

Et puis il y a ces fils, enroulés ou non autour des bobines que découvre le pingouin, et dans lesquels il se trouve parfois emmêlé en tentant de trouver une stratégie pour s’envoler. Une jolie métaphore de la façon dont il se retrouve noué dans une situation, et des solutions qu’il lui faudra inventer. Durant une bonne partie de la pièce, on ne sait trop où ces fils le conduiront et quelle sera leur utilité concrète… jusqu’à la scène finale. Sans trop en dévoiler, nous dirons simplement que le pingouin, sans se lancer dans le tricot, les utilisera pour revenir à son plus grand talent, dans une utilisation plus abstraite et symbolique.

Se dépasser et trouver sa voie

Le complexe du pingouin invite à ne pas suivre la voie mainstream, celle qui nous semble prédéfinie. Les pingouins ne savent pas voler, et alors ? Il faut tout tenter pour dépasser sa condition, et croire en ses rêves. Ce spectacle emmène petits et grands dans une quête du dépassement de soi, une recherche pour trouver sa voie. Malgré les échecs répétés, le pingouin n’abandonne pas, jusqu’au jour où il sera enfin épanoui. Quant à savoir si c’est en volant, en développant son propre talent ou si l’histoire est un peu plus complexe, on laissera le soin aux spectateur·ice·s de le découvrir.

Si ce message s’adresse aux plus jeunes d’entre nous avant tout, on n’est pas certain qu’iels en auront compris toute la teneur, au vu de la grande dimension symbolique et métaphorique du Complexe du pingouin. Reste qu’il s’agit là d’une belle entrée dans le monde du spectacle et que certaines graines ont sans doute été plantées, qui ne demandent plus qu’à germer…

Fabien Imhof

Infos pratiques :

Le complexe du pingouin, de la Compagnie le mouton carré, les 26 et 29 avril 2023 à la Maison des compagnies. Un spectacle accueilli par le Théâtre Forum Meyrin.

Mise en scène : Bénédicte Gougeon

Avec Caroline Cybula ou Bénédicte Gougeon en alternance, et Clara Bodet.

https://www.forum-meyrin.ch/spectacle/le-complexe-du-pingouin

Photos : © Ernest S Mandap

Fabien Imhof

Titulaire d'un master en lettres, il est l'un des co-fondateurs de La Pépinière. Responsable des partenariats avec les théâtres, il vous fera voyager à travers les pièces et mises en scène des théâtres de la région.

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