Les réverbères : arts vivants

Gérer carrière et bébé sous protéines… en musique

Le 1er décembre, la Comédie musicale improvisée a fait escale au Casino Théâtre de Rolle. Un spectacle unique, différent chaque soir, porté par cinq improvisateur·ice·s et un pianiste, reprenant les codes des plus grandes comédies musicales, et des chansons qui ne seront jamais réinterprétées.

Lorsque les cinq improvisateur·ice·s du soir – Renaud Delay, Judith Goudal, Quentin Lo Russo, Lionel Perrinjaquet et Yvan Richardet – accompagné·e·s de Lucas Buclin au piano, c’est Yvan Richardet qui prend d’abord la parole pour expliquer le concept en deux mots : à partir d’informations glanées au sein du public, iels vont improviser une comédie musicale improvisée en live. C’est ainsi qu’on s’est retrouvé, vendredi 1er décembre, à assister à l’histoire d’un homme qui ne dort plus, après la naissance de son premier enfant. Au travail, il n’est plus que l’ombre de lui-même. Comment concilier vie de famille et carrière ? En parallèle, il y a cet homme qui n’arrive pas à « pécho », et ce depuis des années, alors que son meilleur ami le barman enchaîne les conquêtes… La rencontre entre les deux, alors que le bébé du premier deviendra l’égérie d’une marque de mascara qui le fera grandir un peu trop vite, promet des aventures rocambolesques.

Une impressionnante palette de jeu

Qu’on se le dise d’emblée, ce spectacle, vous ne le verrez jamais ! Et pour cause, l’improvisation rend chaque soirée totalement unique. On vous invite tout de même à assister à une autre représentation de la Comédie musicale improvisée – qui tourne un peu partout en Suisse romande – pour voir cette troupe de talent. C’est la deuxième fois qu’on y assiste, et on n’est pas déçu !

Sur la scène, les comédien·ne·s improvisateur·ice·s manient une palette de jeu particulièrement large, tout en maîtrisant le chant, avec leurs différentes voix. Un talent certes, mais aussi beaucoup de travail en amont ! Chacun·e jongle ainsi entre ses différents personnages en se mélangeant parfois, il est vrai, les pinceaux – notamment au niveau des prénoms – pour donner une dimension comique encore plus importante au spectacle. Ainsi, on a vu Renaud Delay être un père de famille complètement débordé, qui ne parvient plus à dormir la nuit, et qui perd toute la capacité d’écoute qui faisait que ses collègues l’adoraient jusque-là. Judith Goudal alterne à la perfection entre la collègue en manque de confiance et le bébé sous protéines, distillateur de tuto YouTube pour être un bébé cool. On évoquera encore Quentin Lo Russo, qui passe du barman inventeur d’une marque de kombucha enchaînant les contacts à Felipe, le nouveau boss qui bosse, et son fort accent… d’un canton voisin ! Lionel Perrinjaquet est, quant à lui, le client du bar enfermé dans ce qu’il a nommé « la ken de Schrödinger », une sorte de cercle vicieux qui fait que plus il veut faire l’amour, moins il y parvient… mais comment en sortir ? Enfin Yvan Richardet est à la foi le chef de la start-up tyrannique dont les collègues ne veulent plus, et la mère du bébé sous prot… qu’elle ne supporte plus ! D’autres personnages secondaires et de passage viennent se greffer à tout cela, pour proposer un tableau complet. L’un des grands talents de cette troupe est de parvenir à recréer une histoire cohérente au final, en étant parti dans plusieurs improvisations au départ. On pouvait alors se demander le lien entre l’homme du bar et le bébé égérie de la marque de mascara… jusqu’à le lien soit fait par un compte Instagram et la fameuse « ken de Schrödinger » !

Le tout en musique

En plus de créer une histoire qui tient la route, une autre difficulté vient s’ajouter : celle de chanter certains passages. C’est là que Lucas Buclin intervient : lorsqu’il le sent, il entame une mélodie au piano, sur laquelle les comédien·ne·s présent·e·s dans la scène jouée doivent rebondir et interpréter une chanson. Malgré quelques démarrages avortés, le tout fonctionne plutôt bien, et les styles et les rythmes varient. Il faut souligner ici le talent du pianiste, qui parvient à entonner des mélodies de circonstance : plus douces dans les moments mélancoliques, plus festives dans les moments de grande joie…

Et celleux qui ne jouent pas à ce moment-là ne restent pas inactif·ve·s : alors que l’un s’installe derrière la batterie, l’autre prend le banjo et agrémente l’air de nouvelles notes, tandis que les dernier·ère·s prennent en charge les cœurs et l’éventuelle chorégraphie. Ce qui donne lieu à de grands moments, durant lesquels on ne se retient pas de rire… et elleux non plus ! Pour preuve, le fou-rire de Lionel Perrinjaquet lorsque Judith Goudal à l’idée géniale de jouer un bébé sous protéines, avec sa grosse voix et son excès de virilité. On en redemande !

On ne le répétera jamais assez : cette troupe a un talent incroyable et aller les voir, où qu’iels jouent et quel·le·s que soient les improvisateur·ice·s du soir, c’est la garantie de passer une excellente soirée !

Fabien Imhof

Infos pratiques :

La Comédie musicale improvisée, le 1er décembre 2023 au Casino Théâtre de Rolle.

Avec Renaud Delay, Judith Goudal, Quentin Lo Russo, Lionel Perrinjaquet, Yvan Richardet et Lucas Buclin au piano

https://www.theatre-rolle.ch/programme/comedie-musicale-improvisee/

Autres dates : https://lacomediemusicaleimprovisee.ch/

Photos : © Sébastien Monachon

Fabien Imhof

Titulaire d'un master en lettres, il est l'un des co-fondateurs de La Pépinière. Responsable des partenariats avec les théâtres, il vous fera voyager à travers les pièces et mises en scène des théâtres de la région.

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