Les réverbères : arts vivants

Hulul, ou le cri de la solitude

Hulul. C’est le titre d’un spectacle tout public signé Aurélien Patouillard et Marion Duval joué jusqu’au 10 novembre au Grütli. Une réflexion autour de la solitude, dans un humour décalé qui fait rire petits et grands.

Hulul vit seul dans la maison qu’il a construite. Maison est un bien grand mot, car tout n’est pas encore terminé, puisqu’il manque un toit et qu’il a construit un mur en oubliant que derrière, il y a le couloir menant à la cuisine. La porte des toilettes ne s’ouvre pas comme il voudrait et les prises ne fonctionnent pas toujours. Mais enfin, c’est chez lui, et il s’y sent bien. Tout heureux d’avoir un public en face de lui, il décide donc de présenter son logis a maison et raconter ce qu’il y fait au quotidien.

Un humour décalé

Le spectacle commence alors qu’Hulul ouvre la porte de ses toilettes. On le retrouve assis sur le trône. Premiers éclats de rire. Surpris qu’il est, il se rhabille, dans sa tenue plutôt incongrue (un pull trop large, un short Marvel et des chaussures couvertes de mousse, pour se protéger). On comprend bien vite qu’on aura affaire à un personnage qui sort de l’ordinaire. Alors qu’il raconte sa vie, l’absurde prend de plus en plus d’ampleur. Il décrit les mouvements qu’il exécute et qui n’ont d’ailleurs ni queue ni tête. De toute façon, puisqu’il est seul, personne ne le juge, alors autant faire ce qui lui passe par la tête, quitte à danser de façon un peu ridicule. Une question le taraude tout de même : Comment faire pour être à la fois au rez-de-chaussée et à l’étage ? Quand il est en haut, il ne sait pas si tout se passe bien en bas, et inversement… S’en suit une folle course composée d’allers-retours dans l’escalier, qui ne donnera finalement aucun résultat. Et ceci n’est qu’un exemple parmi d’autres.

Masquer sa solitude

Mais cet humour absurde est bien au service d’un propos plus profond, qui se dévoile petit à petit. Si Hulul agit ainsi, c’est qu’il s’ennuie, tout seul. Alors, toutes les solutions, même les plus loufoques, sont bonnes pour combattre sa solitude. Qu’il s’agisse de percer des trous dans le mur pour le décorer, d’y accrocher un robinet ou encore d’inventer des chansons, de surcroît en anglais, tout est envisagé. Mais rien n’y fait, la solitude finit toujours par reprendre le dessus. Alors, pour se remettre de ses efforts, Hulul se fait souvent un thé aux larmes. Se remémorant ses pires souvenirs, il provoque la tristesse pour remplir sa bouilloire.

Cette solitude, elle se marque aussi de manière plus poétique, comme lorsque l’hiver vient frapper à la porte d’Hulul, littéralement. Par le pouvoir de l’imaginaire, l’expression bien connue prend forme, pour devenir concrète. Mais là encore, alors qu’Hulul était heureux d’entendre quelqu’un frapper à sa porte, il reste seul. Alors, il finit par décider de sortir et, prenant son courage à deux mains, il s’adresse à la Lune, bien que ne sachant trop quoi lui dire. Elle finit par devenir son amie, et le suit dans sa promenade, jouant à se cacher pour mieux réapparaître. Cette fois, ça y est, Hulul a une amie, et même si elle n’apparaît que la nuit, il est prêt à l’attendre pour passer du temps avec elle.

Sans tristesse donc, et avec beaucoup de poésie, Hulul nous emmène à travers la solitude d’un être qui vit seul. Ce spectacle nous rappelle aussi que, même si cela fait du bien d’être seul parfois et qu’on ne doit pas vivre pour les autres, on s’ennuie bien vite à ne pas avoir d’amis.

Fabien Imhof

Infos pratiques :

Hulul, inspiré du livre d’Arnold Libel, adaptation d’Aurélien Patouillard et Marion Duval, du 5 au 10 novembre 2019 au Grütli – Centre de production et de diffusion des Arts vivants.

Mise en scène :  Aurélien Patouillard

Avec Marion Duval

https://grutli.ch/spectacle/hulul/

Photo : © Dorothée Thébert Filliger

Fabien Imhof

Titulaire d'un master en lettres, il est l'un des co-fondateurs de La Pépinière. Responsable des partenariats avec les théâtres, il vous fera voyager à travers les pièces et mises en scène des théâtres de la région.

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