Les réverbères : arts vivants

Jim Morrison à la recherche du mojo

Du 28 février au 16 mars, le Théâtricul accueille la reprise de Morrison’s Blues, un spectacle musical en hommage aux 50 ans de la mort de Jim Morrison, ancien leader des Doors. Sur la scène, Ludovic Payet, David Valère et Pierre Omer vont vibrer leurs instruments et cordes vocales pour nous replonger dans la vie pleine de frasques du chanteur.

1969, dans une rue de Los Angeles, Jim Morrison (Ludovic Payet) erre, complètement drogué, à la recherche d’un verre de whisky. Le voilà interpelé par un vieux bluesman (David Valère) assis devant un mur de briques sur lequel se dessine une porte. Jim n’a plus d’inspiration, il déteste le système et le dernier album sorti par les Doors. Bref, le mojo, ce feu sacré proche de l’état de grâce qui a permis à Jim d’être au top, n’est plus là. Alors Mister D – le vieux bluesman – lui propose un pacte, de type faustien précise-t-il, pour l’aider à retrouver son inspiration. La suite du spectacle devient une plongée dans le passé de Jim Morrison, bien aidé par certaines substances, pour l’aider à retrouver ce qui le fait vibrer et lui donnera un nouvel élan créatif.

Un hommage musical

Les discussions entre Jim et Mister D sont jalonnées par des morceaux des Doors, joués en live par Pierre Omer, chantés tantôt en chœur, tantôt en solo par l’un des protagonistes. Chacune des chansons résonne comme un hymne emblématique, à l’image de The Unknown Soldier, morceau antisystème par excellence en pleine guerre du Vietnam, ou encore Light my fire, symbole de cette volonté de retrouver la flamme. On reconnaît également Roadhouse blues ou encore Break on through et leurs lignes de basse si particulières.

Jim Morrison a 25 ans au moment de cette rencontre avec ce bluesman fictif. Autant dire qu’il est déjà en fin de vie, lui qui rejoindra le fameux club des 27 un soir de juillet 1971 à Paris. Sur la scène, Ludovic Payet interprète donc un homme constamment alcoolisé et drogué, deux excès qui finiront par le conduire à sa perte. On plonge alors dans ses souvenirs, son rapport avec son père militaire à qui il ne parle plus, les femmes de sa vie que sont Pat (Patricia Kennealy) et Pam (Pamela Courson) avec qui il a partagé des expériences mystiques à l’aide de certaines substances. Il évoque aussi ses revendications antisystème, ce système qu’il déteste tant mais dont il est, paradoxalement et comme tant d’autres, l’une des victimes et même l’un des symboles. Comme le dit si bien Mister D, Jim a vécu plus de choses en 25 ans que la plupart des hommes en une vie entière, et Morrison’s Blues l’illustre bien.

Quelque chose de mystique

Les souvenirs de Jim ne viennent pas de nulle part. Mister D lui offre du peyotl, un cactus aux extraordinaires propriétés hallucinogènes, qui fait voyager Jim dans ses souvenirs les plus traumatisants. À la fois acteur et narrateur des événements, il évoque notamment ce choc d’avoir vu des Indiens morts, leurs corps étalés au sol – qu’il raconte d’ailleurs dans Ghost song. Dans ses souvenirs, il retrouve les personnages qui ont marqué sa vie : son père avec qui la relation a toujours été compliquée, Pat avec qui il se « marie » lors d’une cérémonie wicca[1], ou encore Ray Manzarek, avec qui il fondera les Doors. Tous ces personnages sont interprétés par David Valère, qui sort de son rôle de bluesman mystérieux pour convoquer ses rencontres. Mention spéciale pour son interprétation de Pam – la perruque blonde lui sied particulièrement bien ! – qui apporte un peu de légèreté à un spectacle racontant une vie dure.

Morrison’s Blues, c’est donc 1h20 de spectacle extrêmement intense. On retrouve les frasques de Jim Morrison et l’évocation de son procès pour attentat à la pudeur. Mais c’est la dimension plus intime que nous retenons finalement : ses relations personnelles, son rapport à la musique, aux substances qu’il a consommées et qui l’ont aidé à tenir – avec les conséquences fâcheuses que l’on connaît… On embarque alors avec lui jusqu’à la toute fin, et les mots qu’on attendait résonnent alors, portés par la voix et la guitare de Pierre Omer :

This is the end, beautiful friend
This is the end, my only friend
The end…

Fabien Imhof

Infos pratiques :

Morrison’s Blues, de Dominique Ziegler, du 28 février au 16 mars 2023 au Théâtricul.

Mise en scène : Dominique Ziegler

Avec Ludovic Payet, David Valère et Pierre Omer

https://www.dominiqueziegler.com/morrisons-blues/

Photo : © Théâtricul

[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Rites_de_passages_de_la_Wicca

Fabien Imhof

Titulaire d'un master en lettres, il est l'un des co-fondateurs de La Pépinière. Responsable des partenariats avec les théâtres, il vous fera voyager à travers les pièces et mises en scène des théâtres de la région.

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