Les réverbères : arts vivants

La part belle faite aux femmes à l’ADC

Début juillet, l’Association pour la Danse Contemporaine (ADC) a dévoilé une demi-saison constituée de projets portés par des chorégraphes femmes et d’un hommage. Petit tour d’horizon.

Depuis les vagues successives de Covid, le Pavillon ADC a décidé de proposer des demi-saisons, afin de garantir un maximum de spectacles. Entre août et décembre, ce sont pas moins de onze projets qui seront à l’affiche, parmi lesquels cinq pièces de groupe, deux soli, trois créations genevoises et un hommage à Raimund Hoghe, un an après son décès. Sans oublier les ateliers pratiques proposés en parallèle de cette programmation !

Ouverture avec La Bâtie

Comme de coutume, c’est dans le cadre de La Bâtie – Festival de Genève que la saison débutera. Pour bien coller à la thématique du festival, c’est d’abord une création genevoise signée Ruth Childs qui ouvrira le bal : dans son solo Blast!, il s’agira de questionner la douleur et toutes les choses terribles qui peuvent jaillir du corps, toujours en dialogue avec la musique et l’espace. Un spectacle qui s’annonce intense, du 27 au 31 août, avant d’enchaîner avec An Evening with Raimund Hoghe, décédé l’an dernier. Sur le plateau, ses dix danseur·se·s phare enchaîneront « rituels minutieux, moments minuscules et beautés suspendues » pour un hommage plein de poésie, rendu au chorégraphe.

Dance First Think Later

Dès la mi-septembre, place au deuxième événement de la saison, pour des rencontres entre danse et arts visuels, entre le Pavillon ADC et Le Commun. Le premier lieu sera à l’honneur du 16 au 18 septembre, dans la création de Davide-Christelle Sanvee, À notre place : une pièce montée après une enquête sur l’histoire du Pavillon ADC, qui l’a conduite à se questionner sur le combat mené pour obtenir un espace artistique, dont elle s’empare à sa manière. Après cet ancrage dans un lieu désormais incontournable de la culture genevoise, place à la différence, dans Orientalien de Ceylan Öztürk. Entre autofiction, théorie et bien sûr danse, la chorégraphe se pose cette question simple : « Comment le fait d’être perçu·e différent·e oriente-t-il le corps ? » À voir les 22 et 23 septembre. Pour clore cet événement, les 1er et 2 octobre, Isabel Lewis et le collectif The Field s’empareront du plateau avec Skalable Skeletal Escalator. Une fois encore, la différence sera questionnée, cette fois-ci à travers les relations entre nos corps multiorganiques et d’autres espèces. Un spectacle plein de « vitalité symbiotique ».

Avant la suite des événements, petite transition du 6 au 8 octobre, en compagnie de Nacera Baleza et L’Onde, un titre qui en dit long. Il y sera question d’intériorité profonde, de sens, et surtout de circulation. Cinq corps sur scène qui exploreront les rituels et autres propagations, entre résonances ancestrales et présence immédiate.

Emergentia avec le Théâtre de l’Usine et l’Abri

L’événement phare de la saison, en collaboration avec deux autres institutions genevoises, débutera dès le 1er novembre, avec trois spectacles au programme au Pavillon ADC. Durant trois jours, Emma Saba ouvrira les feux avec un retour sur notre passé proche : chambre de confinement et corps assigné dialogueront joyeusement autour du homebody et ses diverses significations. Les 8 et 9 novembre, l’énergie sera cette fois-ci plus corporelle que politique, avec le groove de Soa Ratsifandrihana, qui répondra aux sons de deux musiciens aux influences bien différentes, illustrant comment la magie et l’électricité envahissent le corps. Pour conclure, Mélissa Guex revisitera l’histoire de Rapunzel les 11 et 12 novembre, en plaçant la princesse dans les bas-fonds de sa tour. Un « one woman show trash punk » qui promet !

Métamorphoses et imaginaire pour clore la demi-saison

Deux spectacles seront encore au programme au mois de décembre, à commencer par les Leçons de ténèbres de Betty Tchomanga. Reprenant ce style musical qui se lamente sur la chute de Jérusalem, elle le transposera à celle de la planète de nos jours. Évoquant aussi l’histoire coloniale, elle fera apparaître des visions et autres métamorphoses qui pourraient bien en dire long sur notre avenir… Enfin, autre thématique plus qu’actuelle, l’environnement sera à l’honneur dans Earths de Louise Vanneste. Avec quatre interprètes, partez à la recherche de ce qui a été perdu, dans un univers tout en imaginaire et en empathie.

En marge de cette demi-saison, sur le parvis du Pavillon, Cindy Van Acker proposera une pratique corporelle matinale à l’automne, alors que certains lundis soirs seront consacrés au tango argentin, avec Marthe Krummenacher et Braulio. Enfin, des ateliers corporels et d’écriture seront proposés durant toute la demi-saison, en lien avec les spectacles au programme.

Il ne reste plus qu’à vous laisser envahir par toutes les énergies au programme !

Fabien Imhof

La programmation complète et les détails de cette demi-saison sont à retrouver sur le site de l’ADC.

Photo : © Caroline Lessire (photo) et Pablo Lavalley (graphisme)

Fabien Imhof

Titulaire d'un master en lettres, il est l'un des co-fondateurs de La Pépinière. Responsable des partenariats avec les théâtres, il vous fera voyager à travers les pièces et mises en scène des théâtres de la région.

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