Les réverbères : arts vivants

L’Apocalypse pour repenser le futur

Dans le cadre de C’est déjà demain, Louis Bonard présentait le premier épisode de son Apocalypse. Avant l’épisode 2 qui sera joué début juin à l’Arsenic, retour sur Le début de la fin, avec plus d’espoir qu’on ne pourrait le croire.

En préambule, Louis Bonard nous rappelle quelques informations sur le genre apocalyptique : alors que ne pensons qu’à l’aspect de fin du monde, le comédien souligne le fait qu’il s’agit aussi d’une manière de reconstruire le monde. Dans L’Apocalypse de Saint-Jean, sur lequel il s’appuie, l’objectif final est la création d’une cité parfaite, où tous les maux et défauts seraient bannis. Comme chez l’Évangéliste, il construit sa saga en quatre épisodes. Dans le premier, pas d’explosion, rien ne sera détruit, nous dit-il. Il s’agit plutôt de poser les bases, avec les sept messages qu’il nous adresse, comme l’avait fait Dieu en faisant manger le livre à Jean, dans la Bible.

Devant son château de sagex blanc, Louis Bonard apparaît tel un prophète, avec sa cape. Et alors que l’on pourrait s’attendre à un message cynique et désabusé sur notre monde, il n’est rien ! Avec la légèreté et la bonne humeur qui le caractérisent, le comédien parvient à faire rire le public, malgré certains propos alarmistes. Pour preuve l’allusion au dernier rapport du GIEC, annonçant récemment que nous n’avons plus que trois ans pour sauver la planète… Louis Bonard scande l’annonce de sa série, crie sur le public, rit de lui-même, apportant ainsi un apaisement bienvenu. On entre ainsi dans le spectacle, en riant des quelques tours de magie qu’il sort de sa poche, ou de son personnage de l’oracle au visage… inattendu, dirons-nous !

Dans ses sept messages, Louis Bonard ne se veut pas alarmiste. Reprenant avec le filtre de notre contemporanéité les paroles originales de Saint-Jean, il véhicule des valeurs qu’il nous encourage à adopter : solidarité, bienveillance, écoute, absence de jugement… Autant de qualités humaines que nous voyons de moins en moins, notamment dans les débats sur les réseaux sociaux. Le message pourrait être naïf, s’il n’était pas accompagné d’une mise en scène particulièrement réfléchie : extraits musicaux, utilisation de fumée, changements de costumes. Je est un autre, disait Rimbaud. Louis Bonard adapte l’adage pour propager chaque message à travers un personnage différent, ou plutôt une autre facette de lui-même à chaque fois. Si bien qu’on se retrouve forcément dans l’un ou l’autre visage présenté, que les anecdotes qu’il évoque font écho en nous. En bref, le comédien fait tout pour nous intégrer et nous enjoindre à participer, même de manière passive.

On ne peut donc qu’attendre avec impatience l’épisode 2, programmé dès le 2 juin à l’Arsenic à Lausanne ! En attendant, on réfléchira aux sept messages qu’il nous a transmis, avant que tout ne soit détruit.

Fabien Imhof

Infos pratiques :

L’Apocalypse – Épisode 1 : Le début de la fin, de Louis Bonard, du 8 au 10 avril à l’Abri – Carouge, dans le cadre de C’est Déjà Demain 10.

Concept et jeu : Louis Bonard

https://theatreduloup.ch/spectacle/cest-deja-demain-dix/

Photo : © Dorothée Thébert Filliger

Fabien Imhof

Titulaire d'un master en lettres, il est l'un des co-fondateurs de La Pépinière. Responsable des partenariats avec les théâtres, il vous fera voyager à travers les pièces et mises en scène des théâtres de la région.

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