Les réverbères : arts vivants

Le TMG (ré)écrit le monde… au présent !

À l’instar de son jeune (et moins jeune) public, le TMG fait sa rentrée. Retour aux choses sérieuses après la pause estivale : la saison 2022-2023 va commencer en force ! Une brochette de pièces pour rire, rêver ou réfléchir, avec un mot d’ordre : écrire le présent.

Mais écrire le présent, qu’est-ce que ça signifie ? Bien plus qu’une formule, il s’agit d’une réelle orientation, artistique, critique et pédagogique : il s’agira avant tout de faire « la part belle aux écritures d’aujourd’hui et au regard qu’elles portent sur le monde contemporain[1] ». Ainsi, certaines pièces proposées s’empareront « de manière très directe des thématiques brûlantes » de notre époque : par exemple, l’écologie et le rapport à la nature, le consumérisme galopant ou la complexité des affrontements géopolitiques. D’autres choisiront des chemins plus transversaux – notamment en revisitant des contes et des histoires intemporelles, afin d’y chercher des échos et des dissonances avec notre présent. Enfin, certaines d’entre elles rappelleront qu’écrire le présent, ce n’est pas seulement chercher à en rendre compte ; c’est aussi essayer d’y grandir et d’y évoluer ensemble, en dépassant les obstacles et les peurs.

Petit survol du programme…

L’automne va commencer par une plongée dans la forêt. C’est Everest qui ouvrira le bal, du 22 au 25 septembre : la Cie Tro-Héol s’empare d’un texte de Stéphane Jaubertie, et nous plonge dans les aventures d’un père… rapetissé après un incident dans les bois ! Comment sauver la face, continuer à assumer son rôle d’époux et de père, lorsqu’on fait la taille d’une cerise ? Afin de gravir les sommets de cette quête existentielle, c’est peut-être le piolet de la littérature qu’il nous faudra employer…

Du 29 septembre au 6 octobre, Im Wald (avec Roland. Bucher et Chine Curchod) se penche sur la vie d’une forêt. Le vent dans les feuilles, le murmure de la mousse qui pousse, le microcosme dans l’herbe, le chant des oiseaux… comment reconstituer sur scène cet incroyable foisonnement de vie ? Empruntant les sentiers de l’écopoétique et de la robotique, il faudra nous laisser porter.

On ne sortira pas des bois du 8 au 23 octobre, avec Aouuuu ! (déjà présentée lors de la saison 2019-2020). On risque même d’y croiser… le loup ! Dans cette mise en scène d’Anna Papst, on suit les aventures de Petit Lapin – qui aime bien les histoires, mais a aussi peur du Grand Méchant Loup ! Une histoire touchante, poétique et amusante, qui nous aide à surmonter nos craintes en trouvant la force en nous-mêmes.

La Smala, dans une mise en scène de Robert Sandoz, nous fait ensuite quitter les arbres pour la maison familiale. Dans cette pièce mêlant marionnettes de table, marionnettes portées et théâtre d’objet, les personnages seront incarnés par des… lampes de chevet et de bureau. Gare aux étincelles ! On se demandera comment trouver sa place dans une famille recomposée remplie de rivalités, entre surchauffe et chocs électriques. Espérons qu’on trouvera la réponse, du 2 au 13 novembre !

Du 23 au 27 novembre, Joueurs (Cie Les Maladroits) abordera l’actualité : dans cette histoire d’amitié, on rencontrera Thomas, français, et Youssef, franco-palestinien à la recherche de ses origines. Comment s’y retrouver, sur l’échiquier géopolitique qui voit se déchirer Israël et Palestine ?

L’année 2022 s’achèvera… dans un restaurant chinois en pleine ébullition ! Du 2 au 21 décembre, vous pourrez découvrir une adaptation moderne du conte Le Rossignol et l’Empereur (dont on doit le texte à Hans Chrisian Andersen). Entre intemporalité et contemporanéité, voilà de quoi nous faire voyager, dans cette mise en scène de Pascale Güdel et Olivier Périat.

Puis, du 11 au 22 janvier 2023, on partira en quête de son identité, avec Le petit bout manquant (interprété par Émilie Bender, avec une performance musicale de Gérald Wang). Comment combler le vide, quand quelque chose nous manque ? Est-ce que l’autre que l’on va rencontrer peut y suffire ?

La rencontre avec l’autre sera également au centre de Kazu, du 27 janvier au 5 février. La Cie Singe Diesel y explore le sentiment amoureux, abîmé par l’absence mais sublimé par la fiction. Les « kazus », ce sont des histoires… non, des poèmes… non, des… quelques choses, que Kazu raconte à Lou parce qu’il l’aime – même lorsqu’elle n’est plus là.

Retour dans la nature, du 9 au 19 février, avec Mes nouvelles chaussures et la Cie L’Home Dibuixat. Sur fond de souvenirs d’enfance, on suivra une coutume du village de Tracalet : celle d’offrir une nouvelle paire de chaussures aux enfants, à la veille de l’hiver. Et si l’aventure était au bout de nos semelles ?

Puis, du 1er au 19 mars, nous pénétrerons à nouveau dans la forêt, avec un texte et une mise en scène d’Olivier Périat : Sur les dents. Pour fuir une famille qui ne pense qu’à manger, Lou s’enfonce dans les bois… où elle rencontre un loup édenté ! Comment l’aider ? Heureusement, il y a toujours le dentier de Mère-Grand…

La faim et la nourriture seront aussi au centre des 9 coriaces, du 22 au 26 mars : dans cette création de la Cie Elyo, on croise la route des neuf derniers représentant d’une espèce très vorace, qui dévore tout sur son passage… même ses propres membres ? Vont-ils s’entredévorer… ou perpétuer l’espèce ?

Du 15 au 30 avril, la plume et la mise en scène de Claude-Inga Barbey revisitent pour nous Le vilain petit canard de Andersen, en proposant ce sous-titre aussi actuel que caustique : Ou le canard non-genré de petite taille en situation de dysmorphisme. Lorsque, dans la cour de l’école (l’étang), le VPC (vilain petit canard) ne se conforme pas à ce qu’on attend de lui, diagnostics, étiquettes et jugements à l’emporte-pièce pleuvent. Et si, pour (re)trouver son identité, la réponse se trouvait dans l’art ? De quoi questionner le monde et les valeurs, multiples et sans cesse changeantes, qu’on lui attache.

Enfin, du 12 au 14 mai, la saison se clôturera avec le désormais traditionnel Cabaret en chantier. Cette année, il sera articulé autour des liens étroits qui peuvent relier un / des textes avec une / des marionnettes. Affaire à suivre, on se réjouit de voir ce que les expérimentations des artistes réuni·e·s pour l’occasion donneront…

Diversités : de formes, d’approches… de publics !

Le TMG le prouve chaque année : médium singulier, la marionnette permet une diversité de formes et d’approches infinies ! Pour la saison 2022-2023, les pièces proposées miseront sur un grand choix de techniques. La marionnette chorale du bunraku[2] (Everest) voisinera par exemple avec des dispositifs robotiques (Im Wald) ; des marionnettes de table (Sur les dents) feront écho au théâtre d’objet (Joueurs) et à des masques tout droits sortis des ténèbres (Les 9 coriaces) … Bref, vous l’aurez compris : « chaque spectacle invente son propre langage marionnettique et crée un univers unique. »

En parallèle aux pièces, le TMG propose différents types d’approches, adressées à différents types de publics : enfants, adolescents, adultes, amateur·trices ou professionnel·les. Un laboratoire de création réunira ainsi douze artistes marionnettistes ainsi que quatre auteur·ices (Peggy Adam, Antoine Jaccoud, Magali Mougel et Jérôme Richer) afin d’expérimenter « la dynamique mystérieuse qui existe entre le texte et la marionnette ». Plusieurs bords de plateau, sans oublier des ateliers pour tous les âges seront proposés afin de rencontrer les troupes et d’échanger autour de thématiques relatives aux différents spectacles.

Enfin, grande nouveauté de cette année 2022-2023 : après en avoir longtemps rêvé, le TMG propose un magazine biannuel consacré à la marionnette. Il s’intitulera MAGMA, MAGazine MArionnettes du TMG. On se réjouit de le découvrir !

Magali Bossi

La programmation complète et les détails de chaque spectacle sont à retrouver sur le site du TMG.

Photos : © Christophe Loiseau (banner), ©Cie Chamar Belle Clochette (inner 1) et ©Carole Parodi (inner 2)

[1] L’ensemble des citations est tirée de la présentation de saison 2022-2023, signée par la directrice du TMG, Isabelle Matter.

[2] De grande taille et manipulée à vue, avec une grande importance donnée à la dimension récitative du texte, selon les techniques du théâtre japonais.

Magali Bossi

Magali Bossi est née à la fin du millénaire passé - ce qui fait déjà un bout de temps. Elle aime le thé aux épices et les orages, déteste les endives et a une passion pour les petits bols japonais. Elle partage son temps entre une thèse de doctorat, un accordéon, un livre et beaucoup, beaucoup d’écriture.

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