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L’écriture qui pousse #1 : de l’art de la course

Bienvenue dans L’écriture qui pousse ! Aujourd’hui, vous allez découvrir un des textes produits dans le cadre de nos défis littéraires. Le défi du mois de septembre 2020 portait le titre suivant : « Du début à la fin ». L’idée ? Choisir une phrase d’introduction et une phrase de clôture, parmi une liste imposée… et créer entre les deux une histoire brève inédite. Les phrases du jour sont tirées respectivement de Tristes tropiques (C. Lévi-Strauss) et Étoile errante (J.M.G. Le Clézio).

Dans ce texte, David Weber vous fait courir… jusqu’au bout du Léman !

* * *

De l’art de la course

Tout commence quelque part, quoi qu’en pensent beaucoup de physiciens. Une de mes phrases favorites est « rien ne se perd, rien ne se créer, tout ce transforme ». Je suis quelqu’un dans la moyenne, je ne cours pas plus vite que les autres, ni ne suis plus intelligent que les autres.

Pourtant un jour, alors que je faisais mon footing du matin, comme à mon habitude, il m’arriva quelque chose d’extraordinaire.

Je commençai tranquillement par de petits pas pour m’échauffer, puis des enjambées un peu plus amples. J’accélérai progressivement, afin de ne pas me faire un claquage ou de devoir m’arrêter brusquement. Le plus bizarre, ce n’était pas ma course, mais ce qui arriva durant celle-ci.

Normalement, au bout de dix minutes de course, je dois faire une pause et marcher un peu pour me détendre – ce jour-là, rien. Les dix minutes passèrent comme si de rien n’était – puis vingt et même trente. En plus, je courais de plus en plus vite, j’allais bientôt aussi vite que les voitures.

Je décidai d’accélérer encore pour voir où était ma limite : soixante kilomètre à l’heure et pas une goutte de sueur ! Je pouvais encore augmenter. Je dépassai les cent-vingt kilomètres à l’heure… et toujours rien.

Finalement, je dus freiner, car j’arrivais au bord du lac. Je me demandais quelle vitesse je devais atteindre pour pouvoir courir sur l’eau… normalement, vu mon poids et la densité de l’eau, j’imaginais ne pas toucher l’eau plus d’un quart de seconde… est-ce que six cent kilomètres à l’heure serait suffisant pour que l’eau me porte ?

Bon. J’avais testé le cent-vingt… et là, on parlait de cinq fois plus ! Il allait me falloir un sacré élan pour atteindre cette vitesse… je courus donc à l’opposé du quai. Je me mis dans les starting-blocks et piquai un sprint. J’allais tellement vite que les gens autour de moi n’étaient plus que des ombres floues, et les immeubles de gigantesques rectangles gris.

Je posai un pied sur l’eau… puis immédiatement un autre, et ainsi de suite. Je courais littéralement sur l’eau ! C’était incroyable, ce qui était de la fiction était devenu réel. Je traçai tout droit et en même pas cinq minutes, j’étais de l’autre côté du lac. Je décidai de prendre mon petit déjeuner à Villeneuve, vu que j’y étais.

Je commandai pour quatre : ben ouais, cette balade m’avait ouvert l’appétit, maintenant que je me dépensais plus ! Une fois mon repas copieux englouti, je fis machine arrière pour aller travailler…

*

… mais le réveil sonna et je m’extirpai du sommeil. Ce n’était qu’un rêve : j’étais toujours alité, amputé des quatre membres à cause du tueur en série fou qui s’était amusé à me découper à la scie circulaire, il y a deux ans…

Au réveil il était midi.

David Weber

Photo : ©12019

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