Les réverbères : arts vivants

Rose : l’aventure édulcorée de Luca Leone

Luca Leone, jeune artiste genevois, ouvrait la saison du Théâtricul avec son concert-spectacle Rose, issu de son deuxième album. L’occasion de découvrir ce touche-à-tout et son univers bien à lui, empreint de licornes et d’épines de rose.

Tout commence avec le passage d’une émission, diffusé sur une vieille télévision, au moment de l’historique passage à la couleur. Les extraits de films et autres programmes télévisuels s’enchaînent, entre rose et kitsch, et l’on aperçoit furtivement des passages de comédies musicales, vieux films à l’eau de rose ou de La panthère rose. Le ton est donné : Luca Leone veut mettre de la couleur dans nos vies et dans cette soirée. Le voilà qui débarque avec une grande cape rouge-rosâtre et entame sa première chanson, Cœur de verre, accompagné par ses trois musiciens, tout de noir vêtus. Pendant une heure, les chansons s’égrainent au fil de son histoire, une aventure colorée autour de l’éveil du printemps, de la couleur rose et du kitsch qui animent le spectacle de Luca Leone.

Le rose et le noir

Stendhal avait Le rouge et le noir, Sardou est maître du rouge… Lui, Luca Leone, s’empare du rose, et du noir. Autour de lui, tout est noir : la scène, les haut-parleurs, et surtout les vêtements des trois musiciens qui l’accompagnent. Alors, dans son habit tout rose, d’abord surmonté de fleurs puis façon dandy, il détonne dans ce décor. À la manière de ces photos en noir et blanc où seule une couleur ressort – on a tou·te·s vu ces clichés de New York sans couleur, sauf les taxis jaunes, non ? – le voilà brillant sur la scène, imposant son univers bien à lui.

Ses inspirations ? Elles vont de Michel Berger à Charles Trenet, dans le maniement des mots et de la musique, avec une petite touche de Philippe Katerine pour  le côté décalé. La liste pourrait être allongée, tant on perçoit la culture polymorphe qui entoure le jeune artiste. Le mélange de toutes ces influences donne le vrai Luca Leone, avec toute l’autodérision qui le caractérise. Il se moque ainsi de lui-même et de « sa musique de vieux ». Il est vrai que son style rappelle la variété française des années 60 à 80, mais avec la touche de pop qu’il faut pour rendre sa musique unique. Alors, pour casser cette image, le voilà qui interprète Les épines, le son « le plus rock » de son album, comme il aime à le dire. Et pour notre plus grand plaisir, il imite les attitudes des grands rockeurs, tel Mick Jagger ou Johnny Hallyday (oui-oui, on vous a parlé d’autodérision et de décalage), jouant même avec le mur latéral pour prendre des positions presque lascives, mais surtout hilarantes. De quoi surprendre, rebondir constamment et faire rire !

Un personnage affirmé

Sur la scène, je le disais, c’est un artiste à part entière, avec son personnage qui lui ressemble, que nous découvrons. Tout jeune encore – il a tout juste la vingtaine – il oscille entre son côté enfantin, lorsqu’il rêve d’être une licorne (dans le titre Licorne) avec ses amis arc-en-ciel, et un regard romantique et lucide sur le monde. On évoquera ainsi la mélancolie de Dimanche ou Dernier soir de printemps, grâce auxquelles nous emmène dans un univers plus nostalgique, comme une forme de parcours initiatique qui jalonne son spectacle. À la manière d’une boucle qui débute avec l’éveil du printemps, il passe par diverses émotions, de l’énergie intense de Rose à la douceur de Paris… La soirée est ainsi parfaitement construite, et voici Luca Leone qui virevolte avec beaucoup de douceur sur la volupté des mots qu’il nous transmet sur des mélodies entraînantes. Et le public ne s’y trompe pas, demandant plusieurs rappels et l’accompagnant sur les refrains à partager sans modération ! Et on ne résiste pas à l’envie de conclure avec les mots qui illustrent sans doute le mieux le titre du spectacle :

Rose, tout devient rose
La terre est rose
Les mots sont roses.

Fabien Imhof

Infos pratiques :

Rose, de Luca Leone, au Théâtricul du 16 au 24 septembre 2022.

Mise en scène : Luca Leone

Avec Luca Leone, Mael Brauchli (basse, guitare), Jalex (batterie) et Léonard Blanc (claviers)

Photos : ©Marie-Pierre Genecand (banner) et ©Aline Zandona (pochette de l’album)

Fabien Imhof

Titulaire d'un master en lettres, il est l'un des co-fondateurs de La Pépinière. Responsable des partenariats avec les théâtres, il vous fera voyager à travers les pièces et mises en scène des théâtres de la région.

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