Les réverbères : arts vivants

Samedi matin, j’apprends une comptine

Au Théâtre AmStramGram, les Morceaux rapprochent l’infini flux des médias aux enfants. Différent·e·s metteur·euse·s en scène de la région se font chœur d’une pièce d’actualité, un concept nouveau et le dissèquent pour en faire un spectacle. Tout est permis, et aujourd’hui le concept à explorer est : Machine.

« Tu vas venir au théâtre. Tu vas entrer dans une machine. C’est quoi une machine ? »

Me revoici au Théâtre Am Stram Gram, et ce jour-ci, la pièce est dédiée aux enfants. Un projet que nous propose Sahar Suliman pour leur faire explorer ce que c’est qu’une machine. Nous sommes entourés de machines, mais que font-elles ? Nous aident-elles dans notre vie quotidienne ? Sont-elles bruyantes ou bien silencieuses ?

Sur la scène circulaire, un rideau à franges. Et deux personnes. Et une fois les portes fermées, l’obscurité absolue autour d’elles. Il n’y a que cette scène minimaliste au milieu qui est éclairée, un îlot entre nous tous. Et la pièce commence. Il est 11h03.

Faisant honneur au Théâtre qui les accueille, les acteur·ice·s commencent par chanter la comptine qui lui donne nom pour s’échauffer. Il y a une machine qui a été mise en fonctionnement, et cette machine nous raconte une histoire, l’histoire d’une petite fille, Alexandrine. La machine est actionnée par deux personnes : la première raconte l’histoire et la deuxième mime les actions décrites. Je suis du côtéde la narratrice, et je vois l’ombre du mime projeté sur le rideau… Nous entendons l’histoire du point de vue de la petite fille, depuis le tout début, alors qu’elle naît.

De temps en temps, la machine rencontre des problèmes. Elle ne sait plus comment continuer l’histoire. Est-ce que c’est bien le frère d’Alexandrine qui est dans le parc ou bien son hollograme ? Comment est-ce possible qu’il soit dehors ?

Alors, les rôles changent. De mon côté du rideau, la narratrice devient mime, et de l’autre côté, le mime devient narrateur. Grâce à ça, la machine continue à tourner, et nous retrouvons l’histoire d’Alexandrine du point de vue de son frère, Jean. De nouveaux personnages apparaissent, l’aventure continue. Jusqu’à ce que la machine se bloque encore. Les rôles changent à nouveau, et on recommence.

Ainsi se poursuit cette expérience jusqu’à ce que la machine tombe en panne définitivement. Nous, public, nous retrouvons abandonnés à notre sort, c’est à nous maintenant d’imaginer l’histoire de ces enfants. Que se passera-t-il maintenant, que vont-ils devenir ?

Un spectacle signé Sahar Suliman, une jeune promesse de la région. Les chargés de donner vie à cette machine sont Délia Krayenbühl et Ali Lamaadli, qui sont de très bons narrateurs et je n’hésiterais pas à écouter un livre audio enregistré par eux ; mais en plus ils sont capables de raconter une histoire entière avec leur corps. Chaque personnage a un geste qui l’identifie individuellement, chaque lieu aussi. Mes yeux ne voient que les gestes de deux personnes, mais dans mon cerveau je vois des images.

Pour finir, les matériaux proposés aux enfants pour compléter l’expérience sont très bien conçus, ils donnent place à leurs réflexions sans pour autant avoir l’air d’un cahier avec des exercices à faire en tant que devoirs à la maison.

Je vous laisse avec mon activité préférée :

LA MACHINE À RACONTER

Il existe plein de machines à raconter. Voici l’une d’entre elles, que tu peux créer avec trois
autres élèves ou ami·e·s.

A. Chacun·e choisit un chiffre de 1 à 4 (personne ne peut avoir le même chiffre).

B. Chacun·e répond dans sa tête à la question qui correspond au chiffre qu’il ou elle a choisi.

  1. Quel est ton objet préféré dans ta chambre ?
  2. Quelle est ton odeur préférée ?
  3. Quel est ton endroit préféré au monde ?
  4. Qui vient te chercher à l’école ?

C. Partagez ces quatre éléments (un objet, une odeur, un endroit, une personne), et, à partir d’eux, inventez ensemble une histoire. Vous pouvez recommencer autant de fois que vous voulez, simplement en choisissant d’autres chiffres, ou… en inventant vous-mêmes une autre machine à raconter.

Je suis curieuse de voir les histoires que vous créez. Serez-vous aussi bons que la Machine de Sahar Suliman ?

Alicia del Barrio

Infos pratiques :

Machine, de Sahar Suliman, du 30 mars au 2 avril 2023 au théâtre Am Stram Gram.

Mise en scène : Sahar Suliman

Avec Délia Krayenbühl et Ali Lamaadli

https://www.amstramgram.ch/fr/programme/machine

Photo : ©DR

Alicia del Barrio Montañés

Thésarde qui cherche à s'évader de son laboratoire, lectrice avide et grande admiratrice de l'offre culturelle genevoise. Un mix triomphant qui a poussé Alicia à écrire sur ses découvertes cinématiques et théâtrales !

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