« Stacy’s Mom has got it goin’ on »
Au Caveau, on Parodie un nouveau genre cinématographique chaque soir, avec la compagnie Alliance créative. Après un petit préambule façon cérémonie des Oscars®, place au « film ». Jeudi 9 mars, le teen-movie était à l’honneur.
Le teen-movie, c’est un genre de fim avec des adolescent·e·s qui s’adresse avant tout… à des adolescent·e·s ! Pêle-mêle, on retrouve des titres comme Breakfast Club, Lolita malgré moi ou encore American Pie. Avant de débuter, il est demandé au public de choisir un club typique des lycées américains, ainsi qu’un but à atteindre pour l’un des personnages. Voilà donc que, sur les notes de Stacy’s Mom de Fountains of Wave – si si, vous l’avez déjà entendue, c’est sûr ! – les 5 cinq comédien·ne·s commencent à improviser autour d’un club de hockey sur gazon et d’un personnage qui veut trouver sa voie. Le public était inspiré ! Pour résumer l’histoire, Stacy, pourtant la meilleure joueuse du lycée, en veut à Mike qui lui a pris le capitanat de l’équipe de hockey. Et alors qu’elle décide de quitter le groupe et d’organiser une grande fête sans inviter Mike, la compétition interdisciplinaire approche. Que fera l’équipe de hockey sur gazon sans sa leader, face au groupe des arts en tous genres ?
Reprendre les codes
La chanson de départ, bien choisie par le DJ de la soirée Youri Ortelli, est typique du teen-movie des années 90-2000 : Stacy’s Mom, avec ses rythmes punk rock et ses questionnements brûlants sur la sexualité d’un adolescent de l’époque. Tous les codes du genre sont respectés. On retrouve l’histoire d’amour entre les deux principaux protagonistes, avec tous les conflits qu’entraînent les non-dits ; Jason l’adolescent plein de testostérone qui ne pense qu’à coucher avec une fille… cela tombe bien, Davida est fooooolle de lui ! Bref, à l’opposé des ados populaires, il y a le club des « losers », avec ses artistes aux prénoms totalement improbables : Escoffier, Marline (qui deviendra Claire au fil du spectacle, les aléas de l’impro !) et Ludwig, qui n’est autre que… le frère de Stacy !
Et puis il y a les histoires familiales, à commencer par celle de Mike, dont le père était un ancien capitaine de l’équipe de hockey et à qui il doit donc prouver sa valeur… tandis que la mère de Stacy et Ludwig est alcoolique, après avoir laissé filer l’amour de sa vie au lycée. On est loin de la Stacy’s Mom de la chanson ! Le scénario, improvisé rappelons-le, vous paraît particulièrement élaboré ? Vous n’avez encore rien vu ! Car, comme dans tout bon teen-movie qui se respecte, on retrouve des scènes particulièrement « émouvantes » : le discours inspirant de Mike face à l’équipe de hockey sur gazon, sous la pluie en plein milieu du stade, le déchirement avec Stacy avant le pardon final… On terminera même avec la mythique scène de 90% des comédies romantiques, quand Stacy courra après Mike dans l’aéroport, juste avant que celui-ci ne parte faire ses études à Mulhouse – où une antenne d’Harvard a étonnamment été installée – renonçant ainsi à la possibilité d’une histoire… Un véritable tour de force réussi par Nina Cachelin, Pauline Maitre, Adrien Laplana, Eric Lecoultre et Alain Ghiringhelli en à peine 1h20 ! On rit, car on revoit tous ces teen-movies aux scénarios qui se ressemblent tous, et qu’on a pourtant consommés !
Des effets comiques en pagaille
La réussite de Parodie est aussi de parvenir à en être une. Avec tous les aléas que l’impro comporte, les comédien·ne·s ajoutent de nombreux effets comiques. Il y a d’abord cet oubli involontaire des prénoms qui empêche une déclaration d’amour tant attendue de la part de Ludwig : « Je veux te déclarer ma flamme, mais le problème c’est que ton prénom a été cité il y a environ une demi-heure et que je m’en rappelle plus ! », ce à quoi sa dulcinée répondra qu’elle non plus, elle ne s’en rappelle pas ! Alors, le public rit aux éclats. Mais la plupart des effets sont bel et bien voulus, et l’on évoquera ce qui en constitue sans doute le climax : alors que Stacy et Mike jouent une scène déchirante – sous la pluie, au milieu du stade, encore une fois – voilà que le jardinier du lycée devient aveugle suite à un stupide accident avec une machine qui ne démarrait pas… avant de repasser un peu plus tard avec un chien d’aveugle ! De quoi donner toute la dimension loufoque qu’il fallait à la parodie de cette scène !
On n’oubliera pas la radio estudiantine et ses échos sur les mots les plus importants, les punchlines totalement foireuses, comme quand on demande à Jason si le hockey sur gazon se joue sur les pieds ou en patins et qu’il répond, avec cette phrase si typique des teen-movies : « Le hockey sur gazon, ça se joue d’abord avec le cœur ! » Avec une équipe comme celle-là, tous les ingrédients sont réunis pour réussir sa Parodie et passer un excellent moment de divertissement. On en redemande !
Fabien Imhof
Infos pratiques :
Parodie, création originale de la compagnie Alliance Créative, du 4 au 12 mars 2023 au Caveau
Avec Nina Cachelin, Pauline Maitre, Adrien Laplana, Eric Lecoultre et Alain Ghiringhelli
https://theatrelecaveau.ch/show/parodie/
Photo : © Rose Fayet