Les réverbères : arts vivants

Thibaud Agoston en (ré)création

En résidence au Caustic Comedy Club jusqu’à la fin de l’année, Thibaud Agoston clôt cet automne son premier spectacle Homme Moderne pour en créer un nouveau, avec l’aimable participation de son public.

Oserais-je l’avouer : c’était ma première fois dans un comedy club (scandaleux !). Dans le genre seul en scène, j’ai plus vu de Bernard-Marie Koltès que de Marina Rollman (les habitués seront donc probablement bien ennuyés par ce texte). Malgré l’entraînement, il me faut pas mal d’efforts pour réagir positivement à l’absence de quatrième mur et aux interactions avec le public, plus habituée à me cacher dans la foule d’une salle de spectacle que d’y faire éclore ma singularité. Ce spectacle était donc une nouvelle expérience, réjouissante bien qu’un peu inconfortable : heureusement, Thibaud Agoston (selon ses propres mots) aime le malaise, en créer, en jouer.

Et il le fait très bien ! Son humour passe sans transition de l’érudition à la blague de beauf, du mime au rap (une combinaison hilarante), du jeu de mots à l’impro avec le public. Le tout avec énormément d’énergie et une originalité marquée (même si on sent que sa personnalité scénique n’est pas encore tout à fait définie). Entre la fin de tournée de son premier spectacle, Homme moderne, les extraits du second, Crocs la vie[1], et la création de son prochain one-man show, cette production a une forme un peu hétéroclite. Elle donne à voir le fascinant processus de création de l’humoriste, qui se nourrit d’interactions avec le public (facilitée par la petite salle du Caustic et un public chaleureux, constitué de nouveaux venus et d’habitués).

Thibaud Agoston explore le rire sous toutes ses formes, qu’il soit sincère et espiègle ou plus complexe et gênant : ce rire qui vient pratiquement par réflexe, celui dont on a un peu honte et qui nous fait tourner la tête pour vérifier que les autres ne nous ont pas vus, un rire qui ne vient pas tout à fait du cœur mais qui n’est pas vraiment faux non plus (mea culpa). Inspirant ainsi cette pensée : le rire ne montre pas toujours le meilleur de l’homme mais il met en lumière nos contradictions et, au fond, nous rassemble.

Anaïs Rouget

Infos pratiques :

Homme moderne de Thibaud Agoston le 29 septembre 2021 au Caustic Comedy Club

Prochaines dates : 24 novembre pour Homme Moderne, 27-28 octobre et 29-30 décembre pour son nouveau spectacle au Caustic Comedy Club

Son site : https://agoston.ch/

https://www.causticcomedyclub.com/programme

Photo : © Laura Gilli

[1] Un spectacle mis au point avec la participation du public et les thèmes soumis par celui-ci et disponible sur YouTube : https://www.youtube.com/watch?v=mtXTGT0QgOs

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