Une saison au coin du feu
La saison d’hiver à la salle Caecilia 2025. Un mot convient, un mot suffit : la chaleur.
Il dit tout. Le plaisir des mots de Süskind. La musique qui réconforte nos espaces. La joie d’une page d’Histoire retrouvée et l’amitié si nécessaire quand on s’approche du rivage du bonheur. La chaleur résume le sentiment que nous laisse cette programmation du début de l’an proposée par Valentin Rossier.
La Contrebasse de Süskind – du 4 au 21 février. La chaleur d’un ami. Un spectacle un peu comme un partage inattendu avec un ami que l’on sait sans trop de relief. Cela débute sur une conversation légère sans grand étonnement et se poursuit par des confidences qui vous laissent un peu interdit. Cet ami contrebassiste vous livrera ses états d’âme. Il parlera de lui en vantant les qualités de son instrument, indispensable à l’orchestre, mais dénué de toute gloire et qui plus est n’attire ni les femmes, ni l’admiration.
Cependant, il est fort probable qu’à la fin de ce spectacle, une fois que cet ami s’est retiré derrière les rideaux, que plus sensible sur l’orchestre, vous alliez écouter sur la scène Caecilia le Concert de l’HEM – les 1 et 2 mars « Que d’eau, que d’eau » en prêtant un peu plus d’attention à la contrebasse. La chaleur infinie de la musique
Louise Michel – 5 au 9 mars – la chaleur de retrouver une absente. C’est un des rares noms de femme de l’Histoire que l’on peut citer sans trop réfléchir – entre Simone Veil et Gisèle Halimi – Mais c’est aussi un peu comme une figure d’un billet de banque dont on ne sait dans le fond pas grand-chose. Charlotte Filou redonne vie à un visage effacé, raconte une tranche de ces invisibles de l’Histoire si nombreuses qui ont modifié une part du monde. Avec cette généreuse comédienne, on découvre celle qui ne s’est jamais tue.
Les amis, ça s’arrose combien de fois par semaine – du 12 au 16 mars – La chaleur des sentiments. Tout comme les plantes, il faut parler aux amis. C’est l’occasion de ne pas parler de soi. Et pourtant, la joie réciproque si nécessaire à ce sentiment – difficile d’être l’ami de celui qui n’est pas le vôtre, il peut provoquer des blessures quand il s’en va, soudainement… Chercher lui aussi des cigarettes. Laura Chaignat par la voie d’une bio-fiction se questionne sur cette forme de deuil et propose : Et si l’amitié était l’unique solution au sauvetage de l’humanité ? En cela, elle rejoint Aristote : L’amitié est ce qu’il y a de plus nécessaire pour vivre.
À la Scène Caecilia, le rire côtoie la musique, les questions d’Histoire celle de vivre. Tout ceci au cœur d’une salle magnifique, un joyau d’architecture. Belles chaleurs de toute évidence.
Jacques Sallin
La programmation complète et les détails de chaque spectacle sont à retrouver sur le site de la Scène Caecilia.
Photo : ©Scène Caecilia