Une saison avec plusieurs lignes artistiques à la Parfumerie
Le mot d’ordre était clair lors de la présentation de la saison à venir de la Parfumerie : on se réjouit ! Sara Uslu et Bastien Blanchard, membres du comité, ont annoncé une saison avec beaucoup de formes différentes et de nombreux projets. Petit tour d’horizon.
Cette saison, on retrouvera une quinzaine de propositions à la Parfumerie, avec du théâtre, mais aussi de la musique, de la danse, de l’impro… Tout commencera le 17 septembre, avec la troisième pièce de Dennis Kelly, mise en scène par Bastien Blanchard. Après le terrible Girls and Boys, et l’angoissant L’abattage rituel de Gorge Mastromas, c’est cette fois-ci ADN qui sera joué jusqu’au 6 octobre. Avec une grosse équipe de onze comédien·ne·s au plateau, on plongera dans le récit d’un groupe de jeunes qui s’unissent pour tenter de réparer une blague qui a mal tourné. Du harcèlement à la cruauté la plus totale, rien ne nous sera épargné.
Un peu plus de légèreté, quoique, entre le 16 et le 20 octobre, avec La Grenouille qui avait bu toute l’eau, dans une mise en scène de Serge Martin. S’inspirant d’un conte du Pacifique, il racontera, à l’aide de marionnettes, les problèmes écologiques et une crise sanitaire : alors qu’une Grenouille, devenue aussi grosse qu’une montagne, s’est accaparé toute l’eau, les autorités n’arrivent pas à faire face. C’est l’intervention d’un ver de terre qui pourrait tout changer, dans cette fable aux différentes dimensions – littéralement comme symboliquement – adressée à la jeunesse, dès 6 ans, mais aussi aux plus âgé·e·s.
Du 9 au 20 octobre, Patrick Mohr mettra en scène La Forêt Parle. Avec le collectif « Plante ton arbre », ce sont dix conteur·se·s qui présenteront différents récits autour de la relation entre végétaux et humains. Avec un répertoire presque infini, ce spectacle joué aussi dans les écoles et dans les parcs, nous entraînera dans l’intimité des rapports de parenté, au sens large.
Place ensuite au collectif Spirale, dès le 22 octobre, avec Atacama, du nom du désert le plus aride du monde au Chili. Pourtant, il y a 12’000 ans, on y vivait déjà. Il y sera question d’écologie, de pollution, mais aussi de vie. En s’inspirant de la mémoire d’un père, c’est à une dimension plus collective qu’on nous invite. Du matériau intime comme point de départ, cette équipe transgénérationnelle, transcontinentale et transartistique (si l’on peut dire ainsi), nous enjoint, à l’aide de musique, à trouver ensemble un chemin. Un spectacle en forme de rencontre(s) à voir jusqu’au 10 novembre.
Entre le 15 et le 21 novembre, Philippe Clerc et Les Ploufs nous emmèneront, en musique, dans le thème de la famille. Dans Et ta sœur ?!, on retrouvera du saxophone, de la contrebasse, de l’accordéon et du chant, dans une mise en scène avec des chansons et des styles très variés, pour nous faire voyage dans ce thème infini qu’est la famille.
Pour terminer l’année 2024, la Cie 100% Acrylique reprendra un spectacle créé il y a une trentaine d’année : La Basket de Cendrillon. Avec l’évolution du statut de la femme, le texte sera réécrit, pour questionner aussi le genre du conte. Dans cette histoire, on passe par toutes les étapes qui le constituent : la mort, le mal, la rédemption… On y retrouvera aussi de la musique, de la vidéo, un mélange entre jeunes acteur·ice·s et d’autres plus ancien·ne·s. Avec cette volonté de casser ce début d’hiver terrifiant. Une phrase pour résumer le spectacle : « On espère que cette nouvelle basket 2024 va lui aller comme un gant ! »
Pour débuter 2025, la Parfumerie accueillera Chantal Bianchi et Annabelle Regellet dans le Grand café. Membres de la compagnie les ArTpenteurs, elles ont l’habitude de travailler sous chapiteau. Dans ce spectacle, il sera question d’un secret de famille qui a changé la plume de Chantal Bianchi, dans une forme d’hommage aux mères. Elle s’y « foutra à poil », nous dit-elle, dans une forme qui s’annonce poétique.
Du 21 janvier au 2 février, le Collectif du Feu de Dieu proposera une création au plateau. Dans Stratégies souterraines, on retrouvera de la danse, une grande dimension corporelle et du clown moderne. L’objectif ? Saisir le sens de la vie. Autant dire que la thématique est difficile à appréhender et que les réponses demeurent floues. Mais cette quête de sens, avec le soutien de textes d’Albert Camus et notamment son fameux « Il faut imaginer Sisyphe heureux », nous raconte que la vie vaut la peine d’être vécue, pour autant qu’on s’y éveille.
On retrouvera ensuite SIKU, une conférence sur le Pôle Nord, entre clown, cirque et musique, inspirée par trois voyages vers cette destination aussi hostile que rêvée. À voir du 18 février au 9 mars.
S’ensuivra un spectacle en musique, signé Martine Corbat. Avec Dans ma peau, Patti Smith, il s’agira de rendre hommage à la chanteuse désormais âgée de 77 ans, et toujours active ! Avec une dimension de proclamation de l’indépendance féminine, « la poétesse rock » fait partie des grandes inspirations de la comédienne, par sa voix et sa passion. Elle imagine alors un dialogue, inventé d’après le roman de Claudine Galea, Le corps plein d’un rêve, qui tend le fil invisible entre l’intime et cet imaginaire. On notera aussi la présence musicale de Pierre Omer et Julien Israelian dans ce spectacle à voir du 25 mars au 23 avril.
La Bande J, troupe junior de la Cie 100% Acrylique s’emparera, comme son aînée, du genre du conte. Dans Le Conte né de la dernière pluie, il s’agira de mettre l’imaginaire au pouvoir. Sous différentes formes et racontant plein de choses différentes, iels imagineront les descendant·e·s des personnages de conte, avec tout leur héritage, pour créer une histoire nouvelle.
Du 30 mai au 15 juin, place aux spectacles des Ateliers Acryliques, avec la part belle laissée à l’enfance et à la jeunesse. On nous annonce des spectacles foisonnant d’imagination, avec une véritable foi en l’avenir et en la créativité. Basés cette année sur le conte, ces ateliers visent à en développer la puissance initiatique, au service de l’expérience scénique. De quoi débrider l’imaginaire à travers des Il était une fois.
Les Ateliers Spirale, qui succéderont à ceux d’Acrylique, travailleront autour du poème écologique de Heathcote Williams, Whale Nation, dans une forme de laboratoire théâtre et de vie. L’atelier 2, pour les tout·es petit·e·s, reviendra à l’origine même du théâtre : l’imaginaire des enfants qui jouent, avec leur créativité innée et sans limite. Tout est possible, même l’incarnation des désirs les plus fous !
Enfin, du 24 au 29 juin, le Chœur Ouvert proposera une rencontre entre deux continents. Avec Africa-Latina, iels travailleront sur les synergies et les influences entre les musiques de ces deux origines. C’est aussi une rencontre entre le théâtre, la musique et surtout el chant qui nous sera proposée.
Ajoutons encore que, tout au long de la saison, la Parfumerie fera la part belle à l’improvisation, avec deux spectacles à voir régulièrement. D’abord, la Cie Patricia··· proposera le concept Wish Tree. Il s’agira d’accrocher un souhait, pour soi ou pour le monde, sur un arbre. Les comédien·ne·s s’en empareront, à travers une ou plusieurs improvisations qui résonneront autour du thème, toujours avec sensibilité et bienveillance, pour tenter de donner vie à ce souhait. De son côté, le collectif Alliance Créative, qui a l’habitude de jouer l’été sur la terrasse, travaillera autour du chaos, avec notamment une action secrète à faire faire à l’autre sans qu’il ne s’en rende compte. Double jeu, un spectacle de manipulation et de stratégie, joué par Nina Cachelin et Eric Lecoultre.
Enfin, avant de conclure la présentation, Bastien Blanchard a invité le public à être infidèle ! Avec la carte Circulez : soyez infidèles !, vous bénéficierez de tarifs préférentiels dans d’autres lieux culturels genevois. L’occasion de découvrir la richesse et la diversité du paysage culturel du canton.
Fabien Imhof
La programmation complète et les détails de chaque spectacle sont à retrouver sur le site de la Parfumerie.
Photo : © La Parfumerie