Ce week-end au Caustic Comedy Club, il était possible d’assister en exclusivité à des essais du nouveau spectacle de Yoann Provenzano, encore en cours d’écriture. Vendredi et samedi, il a donc partagé la scène avec un invité, pour tester des blagues. Retour.
Le concept est simple : Yoann Provenzano laisse chaque soir la scène pendant 30 minutes à un invité – Alexandre Kominek vendredi et Bruno Peki samedi – avant d’enchaîner lui-même pendant la même durée. Les deux humoristes testent des sketchs en vue d’un prochain spectacle.
Si je n’ai pas eu l’occasion de voir Alexandre Kominek vendredi, j’ai toutefois eu la chance de découvrir samedi soir Bruno Peki, un jeune talent d’à peine 19 ans. Je peux déjà vous dire une chose : il a de l’avenir ! Je n’en parlerai que très peu dans cet article, Magali Bossi vous en dira un peu plus bientôt, à l’occasion de Split, nom du spectacle qu’il partage chaque mois sur la scène du Caustic Comedy Club avec Cin, sur le même modèle que ce week-end avec Yoann Provenzano. Ce qui frappe avec Bruno Peki, c’est d’abord son aisance, alors qu’il a à peine 19 ans. Sur la scène, il parle de relations amoureuses, de sa mère, de sa famille, de son travail de civiliste au sein d’un foyer de jour pour personnes âgées, le tout avec une étonnante maturité. Son humour apporte de la fraîcheur, avec ce mélange entre maturité et manque d’expérience dû à son jeune âge. Le public découvre ainsi le regard que porte sur le monde un jeune homme de 19 ans, qui fait face pour la première fois au monde du travail et le décortique avec une certaine finesse. Et ça fonctionne ! Bruno Peki apporte un vent de renouveau au stand-up. À suivre donc !
Vient ensuite le tour de Yoann Provenzano qui, après nous avoir fait mourir de rire dans Seul(s) dans ma tête[1], revient avec un nouveau spectacle en préparation. Samedi, il a testé 4 thématiques : le climat, son père, les touristes et TripAdvisor, pour un résultat assez inégal, ce qui est normal pour un texte en rodage. Comment faire rire en parlant du réchauffement climatique ? Voilà un sujet bien épineux auquel l’humoriste n’a pas encore complètement trouvé la réponse. S’il a mis le doigt sur quelques pistes intéressantes, son propos reste encore assez sérieux. Difficile donc d’apporter un côté décalé sur cette thématique. On n’entendra sûrement plus parler de Fairegaffeman et des loups en marcel avant un petit moment…
Sans transition, il a enchaîné sur l’histoire de son père qui fume des joints, un état de fait qu’il n’a découvert que très tard, suite à « une blessure au poids » qui l’a fait arrêter le foot et découvrir la vie, comme il le dit si bien. Là, les rires commencent à se faire un peu plus entendre. Il lui faudra encore affiner quelques passages, mais la base est bien là.
C’est toutefois dans la dernière partie que Yoann Provenzano parvient à emmener complètement le public dans son univers, avec un sketch hilarant sur le tourisme. Il décortique les comportements agaçants des touristes qui trouvent qu’il y a trop de touristes là où ils vont, qui veulent vivre comme l’habitant sans pour autant abandonner leur confort ou qui ne font pas d’effort pour découvrir la cuisine locale… On retrouve ici le Yoann Provenzano qu’on aime, celui qui invente des personnages, qui imite certains accents et attitudes sans jamais tomber dans le cliché raciste, à l’image de ce qu’il faisait dans son premier spectacle. On retrouve alors l’humour efficace qui a fait son succès sur YouTube d’abord, puis sur Instagram[2], avec en prime quelques blagues bien senties sur les Français, ce qui fait toujours plaisir au public genevois.
Au final, on perçoit une véritable évolution par rapport à son premier spectacle. Sans pour autant délaisser ses premières amours et ses imitations de personnages très typés qu’on rencontre tous les jours, Yoann Provenzano se pose en observateur attentif du monde, des comportements de chacun, avec une écriture qui analyse un peu plus ce qui l’entoure, avec toujours cette attitude bienveillante et sympathique qui le caractérise. Yoann Provenzano a su garder son humilité, sans prendre la grosse tête, et cela, c’est déjà un point fort de son futur spectacle.
Fabien Imhof
Infos pratiques :
Yoann Provenzano and guest, les 19 et 20 octobre 2018 au Caustic Comedy Club
https://www.causticcomedyclub.com/programme
Sa page Facebook : https://www.facebook.com/BlaguesEtWitzs/?fref=ts
Photo : © Pierre Albouy
[1] Dont j’avais parlé dans R.E.E.L. (Revue Écrite par les Étudiant-e-s en Lettres) : http://www.reelgeneve.ch/yoann-provenzano-lartiste-fou-aux-multiples-personnalites/
[2] Lui qui délaisse sa chaîne YouTube, comme il l’a reconnu au dernier Royaume du Web : https://www.youtube.com/watch?v=LdA0jbhcxwk
3 réflexions sur “Yoann Provenzano se rode avec des invités”