Les réverbères : arts vivants

La Bâtie toujours debout !

Alors que de nombreux festivals ont dû être annulés cet été, La Bâtie a tout fait pour être au rendez-vous de sa 44ème édition, dont la programmation a été dévoilée mercredi. Un programme riche et alléchant, dont nous vous proposons aujourd’hui un petit tour d’horizon.

La Bâtie – Festival de Genève a dû composer avec le coronavirus. C’est ainsi que, pour sa troisième et dernière année, le Studio Twice de Paris a réussi à livrer in extremis les visuels de cette 44ème édition : un teaser tout en mouvements, qui met en scène le corps humain. L’idée de cette édition ? Dévoiler au public des fragments décomposés, que le spectateur se chargera de recréer par son imaginaire. Le directeur Claude Ratzé présente donc un festival pluridisciplinaire, qu’il qualifie lui-même d’ « excessif », durant lequel le spectacle vivant sera plus que jamais mis à l’honneur. Grâce à sa formidable équipe et aux nombreux partenaires et soutiens – et c’est un soulagement –, cette nouvelle édition aura bel et bien lieu, du 28 août au 13 septembre prochains.

Un programme riche et équilibré…

En quelques chiffres, La Bâtie, c’est un tiers de théâtre, un tiers de musique, un tiers de danse, 18 premières (entre créations et reports de la saison dernière), 142 représentations au total allant de 1 à 540 spectateurs (si la jauge le permet d’ici là), 6 propositions jeune public et 2 projets itinérants, dont un retour aux origines avec un parcours acoustique proposé au Bois de la Bâtie.

… pour jouer…

Au niveau du théâtre, pas moins de 15 spectacles seront au programme. On retrouvera entre autres des rencontres improbables et autres destins croisés, dans la Demolition Party d’Olivia Csiky Trnka et la Généalogie Léger de Manon Krüttli et Céline Nidegger. On pourra embarquer dans une histoire écologique et musicale avec le Collectif moitié moitié moitié, issu de la Manufacture, ou à bord du Phèdre ! de François Gremaud pour Romain Daroles. L’ouverture du festival s’articulera quant à elle autour de la tragique histoire de trois sœurs, dans Misericordia.

Le théâtre documentaire sera lui aussi à l’honneur, emmenant le public visiter un peuple indigène d’Amazonie avec Teatro Amazonas ; sur l’île de Nauru, devenue le lieu dans lequel l’Australie se débarrasse de ses réfugiés, dans Pleasant Island ; ou encore découvrir la sexualité des orchidées dans le spectacle éponyme de Sofia Teillet. Trois reprises de spectacles annulés seront également proposées, avec d’abord Hiboux, dont la tournée n’a pas pu se faire et qui cherchera à composer un tutoriel pour sa mort et celle des autres. Madame De, le grand projet de Valentine Savary et Fabrice Huggler au Grütli, aura finalement bien lieu. Enfin, le public pourra enfin assister à une unique représentation La pièce parfaite, promise en début de saison dernière par le POCHE/GVE et ses 19 commanditaires.

Le jeune public ne sera pas dépaysé, puisque 4 spectacles de théâtre lui seront adressés. À commencer par Voodoo Sandwich, destiné aux adolescents, dans lequel il sera question de transformation et de liberté. Au Grütli, les enfants dès 7 ans pourront assister à Los Protagonistas, qui réunira 5 univers à découvrir et à créer, autour de grandes questions de société. 5 histoires seront aussi au programme de Millefeuilles, dans une installation mêlant pop-up, kirigami et théâtre d’ombres, pour une expérience immersive à la lampe de poche. Enfin, c’est l’homme et son rapport à un milieu hostile qui seront questionnés dans Optraken, un spectacle acrobatique du Galactik Ensemble, au Théâtre de Carouge.

… écouter…

La programmation musicale aura pour but de resserrer les liens avec les acteurs locaux. Il y en aura ainsi pour tous les goûts, avec une ambiance plutôt électro pour les concerts de Art Zoyd (avec percussions), Samba de la Muerte (et son côté psychédélique), Buvette et Verveine (et leurs influences électropop). Le label Urgence Disk Record fête ses 30 ans et proposera trois concerts à l’Usine, avec Front 242, Sexomodular et Gertrud Stein. On retrouvera également des créations et réadaptation de projets, avec Robyn Orlin & Camille ou encore Flat Earth Society. Les influences africaines ne seront pas en reste, avec Professor Wouassa, ou encore le groupe NMB Afrobeat Experience, qui viendra présenter son dernier album. 3 concerts de dreampop psyché seront à découvrir, grâce à Space Age Sunset, Sun Cousto et bantibandeau, alors que Samuel Pajand & Victor Roy proposeront « Champ », un concert avec orgue, adapté aux églises et autres temples… On retrouvera encore d’autres artistes tels que La Colère, qui aura droit à une carte blanche à l’Abri, ou encore Bleu Roi et sa pop nordique.

4 Soirées Club seront au programme, réunissant à chaque fois 3 ou 4 artistes, autour de musiques principalement électro, house et disco. Petite exception avec la dernière d’entre elles, qui aura lieu à l’Abri, et s’animera sous le signe de Colors Records Night, en mettant à l’honneur 5 artistes genevois de hip hop. N’oublions pas, pour couronner le tour, les Siestes acoustiques au Bois de la Bâtie, qui permettront de découvrir 5 artistes suisses – dont 2 genevois – dans une déambulation acoustique intimiste.

…et danser !

La danse sera encore une fois au programme, avec 14 spectacles. Entre la fureur de vivre d’Opus Air Box, le spectacle d’ombres et lumières pour 14 danseurs intitulé LUMEN ou encore une nouvelle série de 4 solos de Cindy Van Acker, la programmation sera très variée. On pourra ainsi découvrir If Only, qui fera la part belle à la décélération et au calme ; Tous les yeux s’émerveillent, un spectacle écologique et imaginatif pour jeune public. On retrouvera également un spectacle engagé autour de la communauté LGBT brésilienne, suivi d’une table ronde : Brasil Sequestrado. Il s’agira de questionner la vie des artistes au Brésil et, de manière plus générale, la situation politique de ce pays. Ce dernier sera encore mis à l’honneur par Volmir Cordeiro et son spectacle Trottoir et la rencontre entre des corps hétéroclites. La fête sera au programme, avec Ballroom, à l’Audio, qui fera danser le public, avant que Farmer Train Swirl – Étude ne prenne le relais pour une version épurée et sérieuse de la danse en clubs. 3 spectacles issus de chorégraphes américains seront proposés, avec Inging, un spectacle dans lequel Simon Tanguy parlera constamment en s’inspirant de la relation avec le public. Dancer of the Year proposera un solo intimiste et personnel, pour un parcours autobiographique de Trajal Harrel. Ce triptyque américain sera complété par Clockwork, au MAMCO, s’inspirant entre autres de l’architecture moderniste de Le Corbusier. Enfin, Israel Galván proposera 2 spectacles, Solo et El Amor Brujo, le premier plutôt autobiographique, le second autour de la figure de la gitane, dans laquelle il se travestira. Enfin, c’est un hommage à Fela Kuti et à la jeunesse burkinabée que proposera Serge Aimé Coulibaly dans Kalakuta Republik.

Ce programme déjà très riche sera complété quelques performances, mêlant danse et théâtre. Le public découvrira ainsi une adaptation de Jeen Genet, un spectacle de japonais moderne, une collection de lettres d’adieux tristes et cyniques, un spectacle pour une personne avec un conducteur à moto… ou encore une collections d’images sur la mort sur scène avec ce questionnement : comment mourir sur scène ? Cette dernière performance sera en lien avec une proposition d’Olivier Kaeser, qui favorisera la rencontre entre danse et arts visuels. Enfin, un parcours itinérant entre Annemasse et Lancy vous sera proposé dans La nuit remue.

À côté de cela, La Réplique du Théâtre Saint-Gervais, partenaire privilégié du festival, proposera de la restauration jusqu’à 1h du matin. La Salle du Faubourg, quant à elle, accueillera le Cabaret l’Heure du Rêve, avec 12 soirées diverses qui proposeront entre autres de la littérature, de la magie, des performances ou encore un spectacle de transformistes…

Attention, les jauges sont, pour l’instant, réduites à 50% en raison des mesures sanitaires. La situation pourrait évoluer d’ici là, mais jetez-vous sur les places avant qu’il n’y en ait plus !

Alors, convaincu-e ? Embarquez avec La Bâtie – Festival de Genève pour une 44ème édition qui fera la part belle au corps en mouvement et au rêve, dont nous avons plus que jamais besoin !

Fabien Imhof

Le programme complet du festival et les détails sont à retrouver sur le site de La Bâtie – Festival de Genève.

Photos : © Twice Studio (banner), © N. Martinez (Galactik Ensemble), ©DR (Kalakuta Republik)

Fabien Imhof

Titulaire d'un master en lettres, il est l'un des co-fondateurs de La Pépinière. Responsable des partenariats avec les théâtres, il vous fera voyager à travers les pièces et mises en scène des théâtres de la région.

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