Agir avec les jeunes des Pâquis pour améliorer le vivre ensemble
Changer les habitudes, sensibiliser aux métiers de la vidéo, améliorer le vivre ensemble… Tels sont certains objectifs de « Courts aux Pâquis », une médiation culturelle imaginée par Vincent Jacquet et débutée en septembre dernier.
Lorsque je rencontre Vincent Jacquet à la Maison de quartier des Pâquis, qui accueille le projet et en est l’un des partenaires principaux, plusieurs jeunes du quartier sont en plein tournage dans la salle dite « Le Kado ». C’est dans ce local destiné aux adolescents de 12 à 17 ans qu’ils se sont retrouvés ce soir-là, dans le cadre de « Courts aux Pâquis ». L’objectif est le suivant : sensibiliser la jeunesse à la vidéo et à ces divers aspects, qu’ils soient techniques, comme l’écriture, le cadrage, la lumière… ou technologiques, comme l’utilisation de la caméra ou des micros. En somme, apprendre comment on fait de la vidéo. C’est ainsi que Vincent Jacquet a imaginé une résidence de treize semaines basée sur les rencontres avec ces jeunes, avec une grande dimension consacrée à la relation de confiance et au lien à créer avec eux. À la base, il avait pensé à une série d’ateliers, avant de se rendre compte qu’il est difficile pour des adolescents de s’inscrire dans ce genre de démarche. C’est finalement une option plus ouverte qui s’est développée : chacun vient quand il le souhaite, participe de manière active ou simplement en regardant, sans contrainte. Au moment de notre entrevue, il reste encore trois semaines avant que la résidence ne se termine. Vincent me confie que les participants ont pu appréhender déjà énormément de facettes de la vidéo : création d’un décor avec ses trucages, travail autour de la fiction – ils vont y tourner une scène mythique de La Haine – ou du documentaires, interviews et même utilisation de drones ! Durant toute cette période, il a cherché à leur faire découvrir la magie du cinéma, mais également à leur donner la parole pour qu’ils puissent dévoiler ce qu’ils veulent montrer eux.
Sur le dossier de presse du projet, ce dernier s’annonçait ambitieux, avec de nombreuses actions à entreprendre : jeu, éclairage, prise de son, captation de l’image, en plus de tout ce qui a déjà été évoqué. Vincent m’annonce avec un grand sourire que toutes ces actions ont été concrètement réalisées, pour un bilan jusqu’ici très positif ! La participation s’est faite, comme prévu, sans contrainte, avec une grande liberté et ouverture à tou·te·s les volontaires. Une soixantaine de jeunes ont finalement contribué au projet, dont certains garderont en tête cette idée pour leur avenir. L’espoir de Vincent est qu’ils continuent d’en parler, que « Courts aux Pâquis » agisse au final comme un déclencheur, un levier pour le futur, afin de s’ouvrir sur cet univers.
Toute une équipe, très investie, réside au quotidien pour aider ces jeunes : Victoria May, Pablo Francischelli, Sirak Ghere et Christian Ntongo. En plus d’eux, pas moins de cinq intervenants ont gravité autour du projet, dont deux qui ont grandi dans le quartier. Rapidement identifiés par les participants, ils ont contribué à créer du lien, dans un objectif de transmission générationnelle aussi, que Vincent espère faire perdurer. Pour ce qui est du projet, les prochains jours seront consacrés au montage des images et au mixage du son, afin d’ouvrir la découverte à tous les domaines. Et même si ce travail sera terminé plus tard par des professionnels, les adolescents auront pu se familiariser avec toutes les étapes de la création de vidéos. D’ailleurs, au départ, Vincent envisageait de tourner plusieurs petits courts-métrages. Finalement, c’est un métrage plus long qui sera présenté, mélangeant un peu tout ce qu’ils ont tourné durant cette période. Le résultat sera un film centré autour du quartier, sur les jeunes, par les jeunes. Quelque chose qui leur ressemble, en somme. Le rendu final sera présenté quand tout sera terminé, dans un moment de fête, d’ici quelques mois.
Durant les différentes étapes, l’objectif était aussi de montrer les difficultés, le rendu qui peut être différent de ce qui était escompté, certaines prises finalement inexploitables, tant au niveau du son que de l’image… Le but ensuite ? Montrer cela aux institutions, pour reconduire le projet, en développer d’autres qui lui ressemblent…
Si l’heure du bilan final n’a pas encore sonné, les premières impressions sont en tout cas extrêmement positives, et c’est enjoué que Vincent m’a reçu pour discuter de ce magnifique projet. On ne peut que se réjouir que de telles initiatives prennent place dans notre Cité, en espérant que cela en appellera d’autres, en attendant de découvrir le résultat final !
Fabien Imhof
Photos : © Arts & Médiations