Au Galpon, la saison se murmure au fil de l’eau
Pour son ouverture de saison, le Galpon a proposé un concept original, mêlant rencontres, présentation des spectacles et cuisine, pour un moment de convivialité et d’échange qui a donné l’eau à la bouche d’un public au rendez-vous !
Intitulée Rumeurs à la pointe, cette saison 24-25 du Galpon s’annonce riche, mouvante et pleine d’échanges. La Pépinière y collaborera d’ailleurs en proposant un reportage autour de chaque création au programme de cette saison. Après un petit apéritif, Gabriel Alvarez et Nathalie Tacchella, co-directeur·ice·s du Galpon, ont pris la parole pour nous expliquer le concept de la soirée. Différents mange-debout étaient disposés devant le théâtre, un par spectacle de la saison. Inspiré par le titre ou la thématique, le chef cuisinier avait concocté un plat en accord avec chaque création. L’idée était simple : voyager de lieu en lieu, picorer et échanger avec les artistes pour découvrir leur projet. Dans leur petit mot d’introduction, Gabriel Alvarez et Nathalie Tacchella en ont profité pour présenter toute l’équipe, rappeler que la programmation a été réduite depuis deux ans afin d’offrir le lieu pour des recherches et des résidences, et créer des événements en lien avec chaque spectacle. On retrouvera donc des projets artistiques avec les travailleurs sociaux hors les murs du quartier, des conférences-rencontres, ou encore un spectacle d’enfants pour l’accueil des nouveaux habitants du quartier. Comme la rumeur évoquée dans le titre de la saison, cette dernière va évoluer, et nous sera murmurée au fil du temps…
Du théâtre…
Favorisant les échanges avec le reste de l’Europe, le Galpon accueillera le Teatro de lo Inestable de Valence, pour une représentation unique, en espagnol, de La Odisea de Aquellas Vidas, dans laquelle la troupe continue de travailler sur la thématique de la migration, suivant l’odyssée d’un individu à la recherche d’un monde meilleur. À voir le trois septembre. Puis, du 8 au 20 octobre, le Studio d’action théâtrale (SAT) de Gabriel Alvarez s’emparera de La Panne de Dürrenmatt, accompagné par des comédien·ne·s venus tout droit de Colombie. Le spectacle, en français ici, y sera rejoué en espagnol dans le cadre des trente ans d’un théâtre. On y questionnera les notions de justice, de vérité et même de genre.
Du 7 au 10 novembre, Justine Ruchat reprendra Angelina, un texte pour lequel elle avait été lauréate du Prix de la Société Genevoise des Écrivains. Elle y traitera la question des travailleurs du sexe, sans oublier de rendre hommage à la véritable Angelina, qui a inspiré le spectacle et est malheureusement décédée il y a peu.
Il faudra ensuite attendre le mois de mai pour la suite des festivités concernant le théâtre : La Dolce Cie d’Iria Díaz proposera un spectacle de clown contemporain inspiré de textes de Beckett. Dans Échouer encore, échouer mieux, on s’interrogera sur le processus créatif et ses échecs, jusqu’à, on l’espère, l’aboutissement de quelque chose. Mais avec Beckett, rien n’est moins sûr… Puis, Jérôme Richer mettra en scène son texte Jouer son rôle, dans lequel il jouera avec Mathieu Ziegler. Ils y incarneront deux frères issus de la vieille bourgeoisie suisse, avec des visions du monde en totale opposition. Au-delà d’un duel familial, c’est toute une réflexion sur la société et notre implication à plus large échelle qui sera proposée.
… et beaucoup de danse !
Cette saison, la part belle est faite à la danse. Du 5 au 15 décembre, la Compagnie de l’Estuaire de Nathalie Tacchella ouvrira les feux avec L’Agenda des Tentacules. Face à l’imprévisible, quelles stratégies développe-t-on pour faire face ? Entre volonté et intuition, il faudra se réinventer pour affronter ce qu’on ne connaît pas. Puis, en janvier, place à la Compagnie Jószef Trefeli et Caméléon, qui s’interrogera sur les ambiguïtés dans le duo de la séduction, avec la place laissée au mensonge et aux non-dits. Avec cette question existentielle : un plus un, cela vaut-il toujours deux ?
Du 11 au 16 février, Louise Hanmer et la Breathless_Cie présenteront Dense/Scénario. Après une chute, Louise Hanmer perd le plein usage de sa main gauche. Il faut alors modifier sa façon de faire, et le mouvement laisse peu à peu place à l’écriture. Ou comment transcender sa discipline. Entre le 6 et le 16 mars, on retrouvera Marion Baeriswyl et D.C.P. pour Mille lieues. « Un spectacle sur la vie », nous a dit Nathalie Tacchella. Il s’agira de prendre son temps, pour se reconnecter au vivant dans son ensemble, par des chemins parfois inattendus, pour stimuler nos sensibilités et revenir à l’essentiel.
Enfin, du 3 au 13 avril, Pascal Gravat et sa Compagnie Revolver devront composer avec les failles, les colères et les incompréhensions. Dans Je suis accompagnée, il se présente tel qu’il est, avec ses casseroles et ce que la vie lui a imposé. Tragique, âpre, ce spectacle nous promet une plongée dans l’intime, pour un moment criant de vérité sur le travail de l’artiste.
De murmures en cris du cœur, le Galpon vous invite donc à découvrir sa saison, au fil de l’eau, avec de nombreux événements à venir…
Fabien Imhof
La programmation complète et les détails de chaque spectacle sont à retrouver sur le site du Galpon.
Photos : © Erika Irmler