Autoportrait : Le petit lexique de mon intériorité
Depuis plusieurs années, le Département de langue et littérature françaises modernes de l’Université de Genève propose à ses étudiantes et étudiants un Atelier d’écriture, à suivre dans le cadre du cursus d’études. Le but ? Explorer des facettes de l’écrit en dehors des sentiers battus du monde académique : entre exercices imposés et créations libres, il s’agit de fourbir sa plume et de trouver sa propre voie, son propre style !
La Pépinière vous propose un florilège de ces textes, qui témoignent d’une vitalité créatrice hors du commun. Qu’on se le dise : les autrices et auteurs ont des choses à raconter… souvent là où on ne les attend pas !
Aujourd’hui, nous vous proposons de faire connaissance avec une des participantes de cet Atelier. Valentine Uldry vous livre un lexique très personnel, qui la représente… Bonne lecture !
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Le petit lexique de mon intériorité
Audace : Prendre des risques, sortir de sa zone de confort, oser. Avoir le courage de ses opinions au milieu des plus dociles et des plus silencieux. C’est ça, l’audace. La raison ? La prudence, la précaution : quoi de plus ennuyeux.
Café : Son odeur est dans mon sillage par les froids matins d’hiver. Elle m’attire. Je la renifle aussi volontiers lorsque je suis conviée chez des amis, ou de passage en Italie. Le café, c’est aussi la pause pendant les journées de dur labeur ou la convivialité lors d’un moment en compagnie d’autrui.
Etoile : L’hiver ici. L’été là-bas. Le bruit des vagues. Sur cette île à 6’600km de là, on en train de contempler le ciel. Il aperçoit une étoile filante. Je la manque de peu. On reste tous les deux silencieux. On ne parle qu’avec nos yeux.
Loyauté : L’une des plus essentielles et probantes qualités morales dans toutes relations humaines. Elle peut s’incarner partout. Mais elle se fait trop rare aussi. Sauf si on a un chien.
Sac : Un accessoire qui peut coûter très cher, mais il peut aussi nous coûter très cher de le vider. Surtout si l’autre ne veut pas comprendre le fond de nos pensées.
Solitude : Insupportable pour certains, indispensable pour d’autres. On se plaît à être entouré, mais n’est-ce pas essentiel de se retrouver avec ses pensées et ses propres réflexions ? Incomprise parfois, souvent même. Un peu de solitude de temps à autre donne, selon moi, accès à la lucidité et à la clairvoyance.
Souvenir : Capable de détruire celui ou celle qui le ressasse abusivement. Renvoie à la mélancolie d’une époque qui n’existe plus ou à un bonheur auquel on a goûté un (bref) instant.
Temps : Il y a bien longtemps, il nous paraissait durer indéfiniment. Aujourd’hui, on ne le voit pas passer, on veut toujours le rattraper. Il nous file entre les doigts. Les souvenirs en sont la preuve. Quand on se les remémore, on éprouve le sentiment que certains d’entre eux se sont produits dans une autre vie.
Tragédie : Hermione, Pyrrhus, Oreste, etc. L’amour à sens unique, on l’a sûrement tous vécu au moins une fois. Je n’aime pas les « tout est bien qui finit bien » des romans traditionnels, ils ne reflètent pas la réalité. Dans la tragédie, tout peut basculer. Pourquoi ne pas plutôt s’inspirer des fins heureuses ? C’est plus gai et agréable, me direz-vous. Eh bien, tout simplement parce que je n’aime pas me mentir à moi-même avec de belles illusions.
Voyage : Une véritable passion ou une activité occasionnelle ? Sentir le soleil sur sa peau et l’odeur de l’été interminable ou le froid des montagnes et le parfum de la cheminée. Ouvrir son esprit, accroître ses connaissances, découvrir l’autre ou même l’inconnu parfois. Quoi de plus bénéfique que le voyage pour s’enrichir ?
Valentine Uldry
Ce texte est tiré de la volée 2021-2022, animée par Magali Bossi et Natacha Allet.
Retrouvez tous les textes issus de cet atelier ICI.
Photo : © freephotocc