Balade artistique au bord de l’Aire
En 2019, les communes de Bernex, Confignon, Onex, Perly-Certoux et St-Julien-en-Genevois pensaient ensemble une promenade artistique sur les bords de l’Aire. Dès le 23 mai prochain, la deuxième édition de l’exposition Éphémère et Durable concrétisera ce projet intercommunal.
Afin de faire découvrir les bords de l’Aire et y accueillir de nouveaux publics, l’association des cinq communes concernées propose de soutenir la création et les artistes locaux, en imaginant une promenade en forme d’exposition au bord de la rivière. Lors de la première édition, en mai 2021, l’accent était mis sur le côté durable des œuvres. Les artistes étaient ainsi invité·e·s à utiliser des matériaux naturels trouvés sur place. La médiation a immédiatement été engagée entre les passants et les artistes. Forte de ce succès, l’association Bords de l’Aire a décidé de reconduire l’expérience cette année. Avec cette question de la préoccupation écologique toujours plus au centre de la réflexion.
L’association profite ainsi de la renaturation de l’Aire, dont le projet a déjà valu plusieurs prix à ses concepteurs. C’est aussi l’occasion de donner un coup de pouce à l’extension de ce projet côté français, qui devrait débuter d’ici la fin de l’année 2024. C’est donc en pleine nature que les artistes vont travailler, quittant la solitude de leur atelier pour échanger, faire face aux changements des conditions météorologiques, créer avec les contraintes…
Pour choisir les artistes en présence, un jury composé de 10 personnalités liées aux communes ou au milieu de l’art est nommé. Tirant les conclusions de la première édition, l’exposition pose différentes questions sur notre rapport à l’art et à la nature : comment contemplons-nous nos paysages ? Comment réagissons-nous à leurs changements ? L’humain et la nature, comme l’art, s’inscrivent dans ce monde en constant mutation, évoluant toujours vers de nouveaux horizons. L’objectif avoué est d’affiner nos sens et notre curiosité. Ce sont ces aspects qui sont pris en considération par le jury. Notons également que la marche est au cœur du processus : c’est par elle que nous pourrons découvrir l’ensemble des œuvres.
Pauline Cordier et Charlotte Schaer s’emparent d’un des losanges réalisés pour le dessin de la future rivière. Alors que ceux-ci sont voués à disparaître, les deux artistes décident d’y installer des pierres, comme une mosaïque symbolisant l’action humaine, en figeant l’évolution à travers cette œuvre. De son côté, Rudy Decélière, au lieu de créer, procède par effacement : en grattant des surfaces recouvertes de lichens et autres dépôts, il fait apparaître des formes indistinctes, qui peuvent suggérer des paysages, des personnes, ou tout ce que l’on voudra bien y voir. Luzia Hürzeler vous fera retomber en enfance, avec ses sculptures calcaires rappelant les bateaux en papier qu’on a toutes et tous construits et fait flotter sur les rivières…
Jacques Kaufmann propose quant à lui une œuvre inspirée du Petit Poucet : utilisant l’argile orange, il marque 12 endroits remarquables de la promenade, comme un parcours dans ce beau paysage naturel. Aurélie Menaldo proposera trois sculptures en bois brûlé, comme trois personnages dont l’histoire est à construire par l’imaginaire de celles et ceux qui les rencontreront. Angeles Rodríguez proposera une intervention délicate, créant une trame géométrique sur un groupe d’arbres, rappelant le projet de renaturation de l’Aire et le rapport entre la nature et la culture.
C’est dans le même rapport que s’inscrira la proposition de Linda Sanchez : elle transformera un arbre mort en instrument de mire limnimétrique, permettant de mesurer le niveau de l’eau, entre une forme végétale totalement naturelle et un instrument mathématique de haute précision. Eric Schimpf proposera de son côté un voyage temporel, en mettant en scène la naissance d’un nouvel arbre amené à remplacer un autre, malade, qui devra malheureusement être abattu. Elvia Teotski s’interrogera sur le rapport aux animaux, en créant une structure évoquant les barrages des castors, comme un refuge visant à rétablir l’ordre écologique des lieux. Enfin, le duo Etterspozio mettra en place un observatoire visant à offrir une vision en creux, de l’intérieur. Comme une immersion, au lieu de prendre de la hauteur.
À travers toutes ces œuvres, l’exposition Éphémère et Durable, qui restera jusqu’en octobre, tend à questionner les frontières, entre public et privé, entre l’art et d’autres sphères, entre nature et culture… Diverses médiations et événements seront également organisés autour de l’exposition, que ne nous pouvons que vous enjoindre à découvrir dès le 23 mai prochain.
Fabien Imhof
Tous les détails concernant l’exposition sont à retrouver sur le site dédié.
Photo : ©Commune de Bernex
Flyer : ©Association Bords de l’Aire