Dyssebeia : du metal décomplexé à contre-courant
Porté par Alexandre Sotirov et Merlin Bogado, Dyssebeia offre une musique audacieuse et décomplexée allant à l’encontre des normes dominantes artistiques ou sociétales contemporaines. La Pépinière vous invite à découvrir le premier album de ce groupe de metal originaire de Genève, Garden of Stillborn Idols. Rencontre avec les deux créateurs.
Le nom « Dyssebeia » peut porter plusieurs significations. Évoquant la déesse de l’impiété, « Dyssebeia » symbolise le rejet des dogmes religieux et incarne la philosophie de ce projet musical : une volonté délibérée de créer une musique décomplexée, défiant les normes établies, en particulier celles de la masculinité. Et pour les deux créateurs de ce projet, une figure féminine semblait le mieux incarner ces valeurs artistiques libératrices : en somme, une forme de militantisme métaphorique.
Complémentaires dans leur approche créative, le duo tire profit de leurs parcours musicaux distincts : Alexandre avec son approche autodidacte, Merlin qui apporte ses connaissances acquises au fil de son parcours musical académique. Ensemble, en explorant leurs influences musicales respectives, ils élaborent une musique équilibrée, travaillant en étroite collaboration. En partant de bribes d’idées, c’est en les complexifiant ou les simplifiant, que le binôme avance conjointement. La communication, la complémentarité et la bienveillance sont au cœur de leurs valeurs musicales, ce qui transparaît clairement lorsqu’on les rencontre.
Au-delà du symbolisme et de la critique sociale, Dyssebeia représente un mélange subtilement choisi de styles musicaux. Défini par certain·e·s comme du progressive death metal – Dyssebeia ne désirant pas s’enfermer dans une étiquette précise – l’auditeur·ice peut y percevoir diverses inspirations musicales, au travers de groupes tels que Dark Tranquillity, Obscura, Numenorean…
Sans se catégoriser formellement, Dyssebeia préfère s’affirmer comme une musique libre. N’ayant crainte de mélanger les genres, c’est une « musique à tiroirs » qui se présente à l’écoute. Dyssebeia est imprégné de vives énergies et d’une variété de styles de metal différents. Ce mélange aboutit à une musique dynamique, vivante, authentique : l’auditeur·ice plonge dans un univers qui lui offre maintes surprises, tant par les différences de styles que par les nombreuses références musicales, reflétant les influences des deux créateurs. Les compositions laissent toute la place à une écoute active, conduisant l’auditeur·ice dans un paysage musical diversifié.
À l’heure actuelle, Dyssebeia n’a pas prévu de se produire sur scène. Le travail en studio leur offre une plus grande liberté artistique et ouvre le champ des possibles à une créativité plus affranchie, correspondant à la vision et aux valeurs du projet. Un prochain live, n’est pas forcément à exclure, mais les deux compositeurs préfèrent se consacrer actuellement à leur prochain album.
Tous deux – issus de la Cité de Calvin – originaires de Genève, Alex et Merlin ont évolué dans la sphère metal romande. Chanteur du groupe Hypocras (2008-2018), Alex a eu l’occasion d’y rencontrer Merlin en 2017, lorsque ce dernier a temporairement remplacé leur bassiste. Merlin, quant à lui, a notamment joué dans plusieurs projets musicaux de la région, comme Murge ou Stortregn. C’est donc tout naturellement que le duo créatif s’est tourné vers le réseau du metal genevois, pour le choix de quelques guests. Ainsi, Samuel Jakubec (batterie), et Duran K. Bathija (basse), musiciens dans, entre autres, le groupe Stortregn, se sont joints à Dyssebeia.
Produit par le label Transcending Obscurity Records, enregistré au Downtone Studio et masterisé par Thomas « Drop » Betrisey, l’album Garden of Stillborn Idols est un petit bijou visuel. La ligne graphique, ainsi que la pochette, ont été créées par Bryan Teach, tatoueur dans le salon La Commune à Genève. Le style graphique, entre le comic et le manga, évite le kitsch et résume le voyage spirituel et musical auquel l’auditeur s’apprête à s’engager. À travers un livret très complet, plusieurs dessins illustrent le conte métaphorique de l’album.
Le morceau Hatch a inspiré la création d’un clip musical, en collaboration avec la danseuse Ambre Pini et captée par Manuel Barrios pour la prise d’image et le montage. La danse contemporaine du clip reflète la philosophie créative de Dyssebeia : se décomplexer, s’affranchir des normes et sortir du cadre pour mieux se libérer : à découvrir !
Le shop de Dyssebeia, disponible sur Bandcamp, offre une multitude de produits incluant l’album et divers vêtements et autres goodies (t-shirts, etc.).
Garden of Stillborn Idols est une musique qui défie les étiquettes et les conventions, tout en célébrant la liberté créative et la diversité stylistique. À découvrir de suite !
Natacha Bossi
Photos : © Manuel Barrios (banner) et © Bryan Teach (pochette)