Les réverbères : arts vivants

En 23-24, au TMG, on traversera les frontières

Dans un format inédit, la traditionnelle présentation de saison du Théâtre des Marionnettes a dévoilé une saison qui aura pour thématique « Au-delà des frontières ». Qu’elles soient nationales, physiques ou entre les arts, l’objectif sera de les transgresser, de les dépasser et même de les abolir !

C’est par une chaude soirée de juin que la saison 23-24 du TMG a été dévoilée. Exit le traditionnel brunch destiné à la presse, cette fois, tout le public était convié, dans la limite des places disponibles. Isabelle Matter, la directrice, a d’abord dressé un bilan très positif de la précédente saison, avec 88% de taux de fréquentation et des spectacles qui ont touché leur public ! La prochaine s’annonce variée, riche et ouverte sur le monde : les arts se rencontreront, le lien sera encore plus fort entre l’objet inanimé et les marionnettistes. Et  contrairement à la saison dernière, une part belle sera faite aux classiques, avec toute la modernité que peut leur apporter l’art de la marionnette ! Cette nouvelle saison se veut accessible à tout·e·s, en mêlant accueils, créations, co-productions et reprises, avec des artistes qui viennent d’un peu partout.

Des classiques pour débuter

Tout commencera le 6 octobre, avec la reprise de L’Appel sauvage, créé l’an dernier. Il y sera question du lien entre culture et nature, notamment au point où les deux se rejoignent. Pour prendre le contrepied de ce qu’on pourrait attendre, c’est l’esprit du chien qui sera au centre de l’attention de ce premier spectacle de la saison.

Dès le 17 octobre lui succèdera un autre classique. Dans Ubu, le géant de la marionnette qu’est Neville Tranter revient pour un spectacle en anglais surtiré autour du roi Ubu. L’homme a toujours cette fascination pour les personnages sombres, et leur face maléfique. Quel meilleur personnage qu’Ubu pour être incarné par ses marionnettes à la nature tordue et excentrique, comme le dit si bien Isabelle Matter ?

Le troisième spectacle de la saison est en passe de devenir lui aussi un classique : dans Ultra Saucisse, créé durant la période du Covid et qui a connu un franc succès lors de sa reprise, il est question de harcèlement scolaire. Le lien avec les saucisses ? La question des rapports de pouvoir, la volonté de ne pas basculer dans le monde animal. L’univers de la boucherie a ouvert tout un univers de noms et de caractères, avec une dimension légère et ludique pour créer de la distance avec ce sujet grave. À noter aussi la présence de chant et de violon dans ce spectacle à voir dès 6 ans !

De la musique ensuite

Du 17 au 25 novembre, Ouch ! sera coproduit avec la Fanfare du Loup. Avec ses marionnettes décalées et ses créatures bizarres, le spectacle constituera une deuxième version, plus petite que celle présentée à l’Alhambra, avec dix musiciens au lieu de douze. N’y cherchez pas une histoire à suivre, c’est un concert avec des marionnettes qu’on vous propose cet automne !

L’année 2023 se conclura avec Le cœur des Libellules, imaginé par Martine Corbat. Après le succès de La poupée cassée, la voilà qui revient avec certains éléments qui ont fait le succès de son précédent spectacle : les marionnettes à fil, la musique… Cette fois-ci, elle adapte une histoire en mêlant deux contes pour enfants de Corinna Bille. Le spectacle sera accompagné de Jodel moderne, avec de la musique – encore en plein travail à l’heure où j’écris ces lignes – et même un chant en patois fribourgeois. L’occasion de mêler racines et modernité.

Un parcours initiatique pour débuter 2024

2024 débutera avec La première fois, une adaptation d’un album de Vincent Cuvelier par Isabelle Matter. Il s’agit d’un texte court, qu’il faut donc nourrir. On y suivra la vie d’une petite fille qui grandit jusqu’à devenir elle-même maman, en racontant toutes ses premières fois : la première fois qu’elle a ouvert les yeux, qu’elle est tombée de vélo, qu’elle a mangé des légumes… La première fois se présente ainsi comme un album mental, montré à la manière d’un roman-photo.

Retour des classiques en février avec Œdipe, etc. La compagnie réunionnaise du Théâtre des Alberts adaptera Œdipe Roi, dans une narration pleine de fluidité autour d’une marionnette manipulée par trois marionnettistes, dans un récit à la fois polyphonique et chronologique. L’accent sera mis sur le destin inéluctable de ce personnage…

Des expériences pour poursuivre

Du 14 au 25 février, le TMG propose une drôle d’expérience, avec Sous la table : seulement douze spectateurs à la fois, pour six à huit représentations par jour. Le public ira littéralement sous la table pour y découvrir un jeu d’ombres et de projections. Un atelier suivra le spectacle, pour pouvoir jouer avec tout cela et manipuler, entre parents et enfants.

S’ensuivra Petitpas et moi, une coproduction entre Chamar Bell Clochette et la Company Mafalda, de Zürich. Teresa Rotemberg, chorégraphe et Chine Curchod, marionnettiste, ont eu un coup de foudre artistique. C’est ainsi qu’est né ce projet de danse avec des marionnettes, avec l’aide précieux de Liviu Berejoy, grand filiste qui a aidé et guidé le parcours d’une danseuse qui s’imagine un ami, sous la forme d’une marionnette.

Place ensuite à Tchaïka, adapté de La Mouette de Tchekhov. On n’y retient que les deux personnages féminins pour y conter l’histoire d’une actrice qui a vieilli, mais qui veut encore jouer, persuadée de ses capacités. Un drame à découvrir, avec des marionnettes particulièrement expressives dans un spectacle adressé, une fois n’est pas coutume, aux adultes.

2 Temps, 3 Mouvements

En fin de saison, c’est un nouveau temps fort que le TMG nous fera découvrir. Dans un format proche du festival, le théâtre proposera trois formes légères, qui se déplaceront en semaine à la rencontre du public dans différents lieux, avant de vivre sur scène le week-end.

La première forme à voir durant ce temps fort s’intitule Les petites variations. Nous en découvrirons deux cette année, alors que la troisième, plus longue, reste au chaud pour la saison suivante. Il y sera question du lien entre les petits-enfants et leurs grands-parents, à travers le théâtre d’objets. On retrouvera donc des cartes postales, servant de support au récit d’une petite fille, et des petites voitures, pour parler du voyage annuel de deux petites filles avec leurs grands-parents.

Dans La petite galerie du déclin, on assistera également aux deux premiers volets de ce triptyque. Le premier s’intéressera à deux animaux coincés dans une boîte, qui n’ont donc jamais connu la forêt. Le second opposera une hyène à un ver, dans un environnement qui s’écroule, et leurs derniers propos qui se dévoilent. Deux formes où l’absurde est à l’honneur, pour montrer la réalité d’une manière simple, drôle et percutante.

Enfin, avec Le Manipophone, d’anciennes vedettes seront remises en forme par ce qui s’apparente à un jukebox marionnettique. On pourra y retrouver notamment Charles Aznavour ou Edith Piaf. Pour le reste, il faudra le découvrir par vous-même !

Construire enfin

La saison se terminera par le désormais traditionnel Cabaret en chantier. Dans cet espace de recherche, les expérimentations seront légion ! Contrairement aux dernières années, où une thématique était toujours à l’honneur, ce sont cette fois-ci des projets personnels qui seront présentés, avec un concours et un jury qui sélectionnera les plus convaincants.

Qu’on soit un petit ou un grand enfant, qu’on ait l’âme voyageuse ou qu’on ait simplement envie de découvrir, la nouvelle saison du TMG est faite pour vous !

Fabien Imhof

La programmation complète et les détails de chaque spectacle sont à retrouver sur le site du Théâtre des Marionnettes.

Photo : © Silvia Francia

Fabien Imhof

Titulaire d'un master en lettres, il est l'un des co-fondateurs de La Pépinière. Responsable des partenariats avec les théâtres, il vous fera voyager à travers les pièces et mises en scène des théâtres de la région.

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