La plume : créationLa plume : littératureRécit participatif n°3 : Et la marmite se brisa

Et la Marmite se brisa : épisode 31

Vous aimez les enquêtes et les énigmes ?

Vous rêvez de courir après les meurtriers, d’élucider des crimes, d’être aussi habile que Sherlock Holmes, aussi perspicace qu’Hercule Poirot ? Les interrogatoires ne vous font pas peur et les indices, c’est votre rayon ? Bienvenue dans Et la Marmite se brisa, une fabuleuse enquête de Miss Apfel !

Et la Marmite se brisa est un nouveau récit participatif lancé par La Pépinière à l’automne 2020. Entre le feuilleton et le cadavre exquis littéraire, nous avons réuni des autrices et auteurs de tous bords : amateur.trice.s, confirmé.e.s, déjanté.e.s, sérieux.ses, jeunes ou plus âgé.e.s… Après le succès de nos récits participatifs précédents (Du jardin au balcon et La Geste d’Avant le Temps), les voilà prêt.e.s à s’embarquer pour une nouvelle aventure, sans savoir ce qui les attend. Cap sur le polar helvétique !

Pour cette première aventure de Miss Apfel (qui évoque bien sûr la Miss Marple d’Agatha Christie), plongez dans les secrets historiques de Genève…

Alors, ça vous tente ?

Retrouvez le début du feuilleton ICI !

* * *

Épisode 31 : Poursuivies !

Passage de Monetier.

Le 12 décembre,00h32

Dans la panique de leur fuite, Miss Apfel et sa nièce se ruent dans le tunnel obscur du passage de Monetier, qu’Heidi avait découvert à peine quelques heures auparavant. Après avoir fait quelques pas dans le noir, Miss Apfel retrouve une partie de ses esprits et demande à sa nièce, dans un chuchotement, le souffle court :

« Mais où est-ce que tu nous amènes ?! Tu es folle ? Ce passage sombre est un véritable coupe-gorge ! On ne va pas s’… »

« Mais non, tata, on va… »

Miss Apfel ne laisse pas sa nièce finir sa phrase :

« C’est le pire endroit possible pour échapper à des poursuivants », énonce-t-elle, le plus bas possible, tout en s’assurant d’être audible de sa nièce, et d’elle uniquement. « S’ils nous rattrapent, nous n’avons aucune chance de nous en tirer, ni de trouver de l’aide dans le noir, à l’abri de tous les regards »

La remarque péremptoire de sa tante fait un choc à Heidi, qui se rend compte instantanément de la sagacité de sa tante et de sa capacité à réfléchir… même dans les moments de grande panique. Instinctivement, la jeune fille cherche malgré tout à retrouver le passage secret découvert plus tôt, en tâtonnant dans le noir. On ne peut plus faire marche arrière, je dois absolument me souvenir où…  Si elle ne le retrouve pas immédiatement, sa décision pourrait faire passer sa tante et elle de vie à trépas. Allez… alleeeez … je SAIS que tu es juste ici !!!songe-t-elle avec désespoir, en appliquant ses mains partout sur la paroi.

« Là ! » dit-elle, dans un murmure de satisfaction et de soulagement, et d’un coup elle saisit la main de sa tante et la tire dans le passage.

*

Rue de Perron.

Le 12 décembre,00h31.

« Mais arrête !!! Bougre d’Ostrogoth ! » hurle Cathy Piaget à Joseph

« On est en plein centre-ville, tu veux que la police et l’armée nous tombent dessus ou quoi ?! »

 La fureur est visible dans les yeux de Cathy et son interlocuteur se rend compte tout de suite de sa stupidité. Il range son arme, tout en baissant les yeux devant sa comparse, sans cesser de poursuivre à grandes foulées les deux femmes qu’elle et Joseph n’ont pas perdues de vue une seule seconde. Juste après avoir bifurqué dans la rue de Perron, Cathy voit de loin les deux silhouettes disparaître dans le Passage de Monetier…

« Les idiotes ! » songe Cathy avec un sourire de satisfaction diabolique. « Je connais ce passage comme ma poche. C’est un chemin emprunté par tous les membres de l’Ordre, elles n’ont aucune chance de nous échapper en passant par-là ! ».

« Dépêche-toi ! » hurle Cathy à son acolyte.

*

Dans les tréfonds de Genève.

Le 12 décembre,00h38.

Miss Apfel et sa nièce avancent à tâtons dans l’obscurité. Elles n’y voient pas plus loin que le bout de leur nez, et toutes deux – sans même avoir eu besoin de se le dire l’une à l’autre – ont bien trop peur pour allumer la moindre source lumineuse. Le plus petit rai de lumière trahirait immédiatement leur position dans les ténèbres… Elles progressent ainsi lentement sur ce qui leur paraît des centaines de mètres, tant il est fastidieux de mettre un pied devant l’autre dans l’obscurité et sur le sol irrégulier jonché de rares flaques de bitume visqueux qu’elles évitaient sans même sans rendre compte.

Ils sont derrière nous… juste derrière… j’entends leurs pas. J’ai l’impression qu’ils nous rattrapent, se dit Miss Apfel Et je n’ai pas la moindre d’idée d’où on va. Subitement elle, s’arrête et pose la main sur l’épaule de sa nièce :

« As-tu la moindre idée d’où tu nous amènes, hein ? » chuchote-elle le plus doucement qu’elle peut.

Dans leur lente progression, elles prennent un énième virage. L’angoisse monte dans la poitrine de Heidi : « Je pensais qu’on arriverait au Musée… comme j’ai fait la dernière fois. On aurait peut-être dû tourner à droite juste avant, en fait… ou encore avant… » Le ton d’Heidi ne laisse aucun doute : sa décision de se jeter dans ce traquenard sous le coup de l’adrénaline lui apparaît désormais comme une bien piètre idée. Elle reprend ses explications, sur un ton d’excuse : « Je crois qu’on dev… »

Soudain, Miss Apfef plaque une main sur la bouche de sa nièce, lui intimant ainsi le silence. Toutes deux se collent le dos contre la paroi qu’elles longeaient depuis quelques minutes. Elles viennent d’apercevoir un rai de lumière dans leur dos, éclairant le sombre tunnel un court instant. Des bruits de pas accompagnent la lumière, tout proches, et plus proches à chaque seconde…

Ils nous ont rattrapées, ils sont justes là, dans le boyau d’à côté ! Le cœur de Miss Apfel, qui n’a jamais vraiment eu le temps de se calmer, passe maintenant la cinquième. Ils vont déboucher à côté de nous d’une seconde à l’autre.

Les idées fusent dans la tête de Miss Afpel. Fuir dans la direction opposée ? Ce serait du suicide, ils sont trop près et on ne sait pas où on va. Se cacher ? Les surfaces nues du tunnel ne fournissent aucun recoin, aucune cachette. Appeler la police, les secours, n’importe qui ? Pas la moindre once de réseau dans ces satanés égouts puants !

Le cœur de Miss Apfel bat la chamade. Il bat si fort que cela ne fait aucun doute dans son esprit paniqué : ses poursuivants doivent l’entendre distinctement ! Instinctivement, sa main serre l’épaule de sa nièce, avec fermeté. Ça signifie Tiens-toi prête Heidi, et cette dernière a compris le message, si l’on en croit son air soudain déterminé.

La meilleure défense, c’est l’at…

*

Dans les tréfonds de Genève.

Le 12 décembre,00h35.

Cathy Piaget et son acolyte barbu, aidés par la lumière éblouissante de leur téléphone portable, suivent la piste encore fraîche de leurs proies, se guidant à l’aide du bruit des pas et de la connaissance des lieux de l’archiviste diabolique.

Je sens que je te rattrape, vielle bique, j’entends presque ton souffle de bête traquée. Ce n’est plus qu’une question de minutes avant que tout s’achève. Bien plus tôt que je pensais, mais mieux vaut trop tôt que trop tard.

Cathy prend à droite, tourne la tête vers Joseph et lui intime, par le regard, de la suivre. Ce dernier acquiesce silencieusement et emboîte le pas de la jeune femme. Les traces sur les murs sont récentes ; les deux femmes viennent probablement de les laisser en se guidant à l’aide de leurs mains sur les parois sales du tunnel.

Le boyau devient de plus en plus étroit. Cathy arrive à avancer debout, mais Joseph – avec sa grande carrure – est obligé d’avancer courbé. Le sol, irrégulier, est recouvert d’immondices. Après quelques mètres, Cathy aperçoit un nouveau virage à droite, à quelques mètres. Le téléphone dans la main gauche, la main droite contre le mur pour stabiliser sa course, Joseph juste derrière elle (il est impossible d’avancer de concert dans l’exigu passage)…

Quelques enjambées de plus et les deux compères tournent à droite, dans la précipitation de deux prédateurs courant après des proies qu’ils savent condamnées.

Arnaud Chiaradia

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 Photo : © stux

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