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Festival Histoire & Cité 2022 : Invisibles

Après une édition 2021 bousculée par le Covid, le Festival Histoire & Cité revient ce printemps avec un tout nouveau programme, du 29 mars au 3 avril. Le thème ? Invisibles. De Genève à Lausanne, retrouvez des conférences, des expositions, des projections, des installations, des lectures… et bien d’autres surprises encore !

Cette année, après avoir parlé de voyage en 2021, le Festival Histoire & Cité 2022 met sur le devant de la scène celles et ceux que l’on ignore, qu’on oublie de voir : les invisibles. Un choix délicat mais capital pour penser et écrire l’Histoire, comme en témoigne l’éditorial qui ouvre le programme du festival :

« [C]omment saisir qui et ce qui est “invisible” ? Comment faire entendre les sans-voix ? Comment mettre en lumière celles et ceux qui sont resté·e·s dans l’ombre des grands récits ? Les rendre visibles le temps d’une rencontre contribue-t-il à atténuer leur relégation ? Cette question est intimement liée au travail historien : de l’exhumation de fonds d’archives ou d’objets archéologiques en passant par l’histoire orale et l’utilisation des récits autobiographiques des “gens ordinaires”, les chercheuses et les chercheurs procèdent sans cesse à un exercice de révélation des fantômes du passé. » (p. 5)

Révéler les invisibilités et les fragilités ne constitue pas pour autant un travail d’exhaustivité absolue, car choisir un sujet d’étude signifie également faire un choix – et donc, garder certains éléments dans l’ombre : « repérer les processus d’invisibilisation permet de rendre compte des relations de pouvoir inhérentes à toute entreprise de production de savoir. » (p. 5) Le Festival Histoire & Cité s’empare donc de questions plus actuelles que jamais, qui fait écho aux polémiques et revendications les plus contemporaines.

Et côté programmation ?

Entre Genève et Lausanne, les festivalières et festivaliers pourront s’en donner à cœur joie, du mardi 29 mars au dimanche 3 avril. Un petit avant-goût ? Voici un florilège choisi de la programmation genevoise.

Le mardi 29 mars, Uni Dufour accueillera une conférence de Jan Blanc intitulée « L’histoire de l’art a-t-elle invisibilisé les femmes ? » et s’intéressera à la France du XVIIIe siècle. En parallèle, on pourra assister à plusieurs projections – notamment celles des films The Invisible man (James Whale, 1933) et Cuadecuc, vampir (Père Portabella, 1970). Le quartier de Saint-Gervais, quant à lui, accueillera l’installation « Furieuses : parcours sensible au cœur de Saint-Gervais », créée par Linn Molineaux et dédiée aux violences féminines sous l’Ancien Régime : une nouvelle manière de voir la place prise par les femmes dans l’espace public, grâce à une visite guidée assurée par Éléonore Beck et Clarissa Yang.

Le mercredi 30 mars, on suivra la conférence d’Anne Lafont (avec comme discutant Vincent Debaene) à Uni Dufour et on se demandera « Que cache la race ? », entre arts et savoirs à l’époque des Lumières. On s’intéressera également aux questions environnementales, avec Lucie Taïeb (discutant : Thierry Maurice) à l’occasion d’un événement livre en scène intitulé « Freshkills. Recycler la terre ». Sans oublier, bien sûr, la soirée d’ouverture : « L’invisibilité des femmes dans l’histoire de l’évolution humaine », avec la préhistorienne Marylène Patou-Mathis qui a signé en 2020 L’homme préhistorique est aussi une femme et met en évidence les biais patriarcaux ayant présidé à la fondation des sciences préhistoriennes.

Le jeudi 31 mars, cap par exemple sur la Bibliothèque et Archives des Nations Unies, qui présente une table ronde intitulée « Dévoiler les archives au temps du numérique », avec Blandine Blukacz-Louisfert, Madeleine Herren-Oesch et Colin Wells (modération : Alex Renault). À Uni Dufour, on restera dans la thématique des archives, avec « Fantômes, palimpseste et grattages : les invisibilités de la bibliophilie » (par Nicolas Ducimetière). Un événement un peu spécial fera place à l’invisibilisation des minorités dans la sphère publique et politique : une lecture-performance musicale autour du roman Éloge des bâtards, par Olivia Rosenthal et Bastien Lallemant (discussion animée par Natacha Allet et Magali Bossi)… à ne manquer sous aucun prétexte !

Le vendredi 1er avril, on se questionnera à Uni Dufour sur le rôle des noms de lieux (« De quoi les lieux sont-ils le nom ? », avec Justine Barton, Michel Ben Arrous, Irène Hirt, Éloïse Roman et Melissa Wanjiru ; modération de Frédéric Giraut)… et on s’intéressera à la pornographique (« Histoire et formes des imprimés pornographiques », avec Catherine Gasser, Camille Jacques-Yassine et Dominique Varry ; modération de Fernando Miranda) et aux bas-fonds des villes (projection de On the Bowery (Lionel Rogosin, 1956)).

Le samedi 2 avril, plongée dans la nature invisible qui se cache en ville, au parc Mon Repos : avec « Invisibles, mais devant nos yeux ! », David Bärtschi et Manon Gardiol vous proposent une excursion naturaliste à travers la ville, à la recherche des plantes, champignons, oiseaux et autres animaux minuscules qui peuplent notre environnement urbain. Et, pour les curieux·ses de médecine, ne manquez pas « Maladies invisibles » à Uni Dufour, avec Stephanie Dagron, Tamara Pellegrini et Alexandre Wenger (modération : Isabelle Moncada).

Le dimanche 3 avril, on finira en beauté avec « Invisibles Words », une performance littéraire de Philippe Constantin et Pierre Thomas donnée aux Bains des Pâquis… et, pour les familles, on se rendra à la Fondation Martin. Bodmer pour des « Jeux d’écriture invisibles à l’encre sympathique ». Voilà qui promet !

Du 29 mars au 3 avril, le Festival Histoire & Cité fera tout pour vous séduire… et ne pas rester invisible !

Magali Bossi

Plus d’infos sur : https://histoire-cite.ch/

Découvrez le programme complet : https://histoire-cite.ch/files/hc2022-gve-lsa-light-120222-2.pdf

Et la Revue du Ciné-club universitaire, en partenariat avec le Festival : https://histoire-cite.ch/files/revue-ccu_2022-03_invisibles_web.pdf

Photo : © Festival Histoire & Cité

Magali Bossi

Magali Bossi est née à la fin du millénaire passé. Elle aime le thé et les orages, déteste les endives et a une passion pour les petits bols japonais. Présidente de l’association La Pépinière, elle est responsable de son pôle Littérature. Docteure en lettres (UNIGE), elle partage son temps entre un livre, un accordéon - et beaucoup, beaucoup d’écriture.

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