Les réverbères : arts vivantsRubriques

Groove’N’Move : Sentir l’élan des déplacements

Hip-hop et all styles ont traversé l’écran lors de la 11e édition du festival de danse, qui se prolongera bien au-delà des premières journées de mars. La proposition de l’équipe du Groove’N’Move était osée mais gagnante. Rien de tel en effet que de mêler participation virtuelle du public et dégustation fine de battle en ligne !

De ces clics dépensés à trouver un nouveau lieu – le grand ailleurs – pour les vacances, le week-end… ne demeurent pour l’instant pas grand-chose. Soit. L’éclosion des autres clics que l’on pourrait appeler clics culturels est, quant à elle, très récente et si bénéfique et voici que l’un d’eux nous mène sur la page du Groove’N’Move pour deux moments où l’on se retrouve happé par l’émotion artistique. Enfin.

Avec Perception, grand déploiement d’ailes

Première plongée virtuello-culturelle auprès de Laura Nala et Miel Malboneige, pour leur nouvel opus Perception, un spectacle bref mais puissant, animé par un beat, rappelant les pulsations du cœur. Les deux danseurs, seuls sur scène, s’extirpent hors de l’obscurité, d’un flot continu. Ils sont dès lors tels des tirets dans une phrase : ils dansent l’hésitation, le doute, le trouble. Un falot siège au milieu de la pièce tandis que l’on aperçoit les mouvements saccadés de Laura Nala, comme si elle découvrait pour une toute première fois cette source de lumière ou de vie. Les mains palpent, avancent puis disparaissent et reviennent et suivent comme une incantation à cette nouveauté.

La lanterne pourrait-elle signifier cette inspiration autre que la sienne, qui, tout à coup, s’offre à nous, lors d’une arrivée, une rencontre, un apprentissage particulièrement novateur et profond ?

Elle lutine les corps, modifie les traits des visages du duo et les rapports à l’extérieur et à l’autre également. Le rythme house du DJ et compositeur Sylvain Bajgar accompagne parfaitement les déplacements des deux danseurs et participe à cette ambiance comme enfumée, dans laquelle deux papillons de nuit offrent une approche poétique aux mouvements du hip-hop. Nous sommes dans une autre dimension durant quarante minutes et, en cela, web ou non, nous retrouvons le goût du mot festival.

Battle : Allers/retours en danse

Hip-hop-pop-house, DJ Anton nous ouvre rapidement la petite porte cachée afin que l’on savoure pleinement le battle de fin durant lequel s’affrontent, se montrent, co-dansent quatre équipes de Genève, Lausanne, Zurich et Paris.

En termes de mouvements, de figures, ma maigre expertise du domaine m’empêchera d’être précise, mais elle ne saurait être un obstacle pour retranscrire l’ambiance qu’ont bâtie ces douze danseurs à tour de rôle. Le premier round, comprenant les teams de Lausanne et Zürich, rappelait les danses ancestrales autour des feux, où l’un des preux danseurs était vénéré par la foule. Ici, peu de public, certes, mais une fusion tout aussi prenante. Chaque danseur réagissait aux figures lancées par son coéquipier, on parle, on claque de la langue, on se félicite par des clins d’œil et le courant passe, même à travers l’écran.

Puis se succèdent aux premiers danseurs, paraissant si souples, coordonnés, liés, les teams de Zürich et de Genève. Les déplacements semblent s’inspirer du monde animal. Pieuvre ou chat qui sillonne – dur à dire – mais on apprécie les variations de ces corps, dont la tension ne cède jamais.

Car il s’agit de ne pas lâcher, il est impossible de lâcher, pour les artistes, l’ambition et l’engouement culturel. Et ce, même quand il y a un mini-bug musical en plein battle ! Ce moment époustouflant, soutenu par le magique Let’s go, Wake up, wake up, get out of your bed!, du speaker, répété jusqu’à ce que la musique revienne, pourrait d’ailleurs être la bannière de ce festival dont les danseurs – quelques danseuses en battle auraient été également un plaisir ! – ont su nous transmettre leur part d’élan – à la bonne heure !

Laure-Elie Hoegen

Les spectacles sont encore à voir en ligne jusqu’au 4 avril, ICI.
Le battle, quant à lui, est à revoir par !

Photos : © Cédric Sintes

Laure-Elie Hoegen

Nourrir l’imaginaire comme s’il était toujours avide de détours, de retournements, de connaissances. Voici ce qui nourrit Laure-Elie parallèlement à son parcours partagé entre germanistique, dramaturgie et pédagogie. Vite, croisons-nous et causons!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *