L'allemand dans ton salonLa fontaine : divers

Jojo Rabbit : Comment un dictateur parvient à coloniser les âmes / Wie ein Diktator Seelen besiedeln kann

Jojo Rabbit :

Comment un dictateur parvient à coloniser les âmes

/ Wie ein Diktator Seelen besiedeln kann

Zwei Seelen wohnen, ach! in meiner Brust. Parce qu’il y a surement une présence germanique dans votre arbre généalogique, La Pépinière fusionne deux grandes régions linguistiques suisses et vous propose des articles culturels pour une (re)découverte de l’allemand.

Pour vous, l’allemand, c’est … et c’est à vous de jouer, dans les deux langues ! (Et qu’on ne se préoccupe pas des fautes !) Expliquez-nous votre choix en bref en allemand et ce qui vous a plu, en détail, en français !

Illustrez votre coup de cœur, parlez-nous d’un Renner, Knaller oder Kleinod, les pieds en éventail, confortablement posés sur le fauteuil d’Oma & Opa.

Notre pigeon de la Pépinière tient à son perchoir, mais non le crachoir !

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Jojo Rabbit :

Comment un dictateur parvient à coloniser les âmes

/  Wie ein Diktator Seelen besiedeln kann

Warum Jojo Rabbit? An bestimmten Schulen in Deutschland hat man eine Projektwoche zu bestimmten Themen der Geschichte und der Gesellschaft organisiert. Da seit dem Frühling jegliche Idee bezüglich Ausflüge oder Auslandsaufenthalten wohl oder übel im Keim erstickt worden ist, überzeugte mich diese Idee. Das dritte Reich kam wie gewohnt zur Sprache und es fragt sich, wie an dieses heikle, bereits stark bearbeitete Thema herangegangen werden kann, um das Interesse erneut anzuspornen.

Jojo und sein imaginärer Freund bieten solch einen Anlass, in der literarischen Verfilmung des prägnanten Romans Caging Skies, 2008 von Christine Leunens veröffentlicht. Für den jungen Jojo ist die Hitlerjugend mehr als ein wahrgewordener Traum. Für ihn bedeutet sie die Möglichkeit zur Verwirklichung seines wahren Selbst. Er wird von Kindesbeinen an ständig von seinem imaginären Freund Hitler besucht und beraten. Jojo kann weder, noch darf er seinen Freund enttäuschen und so bringt er ihm die nationalsozialistischen Ideale näher.

Die Beziehung zwischen einem Kind, verloren in seinen Gedanken, ohne feste Anhaltspunkte und einem Seelenfänger und -führer, lässt einen nicht kalt. Hitler füllt die innere Leere des Knaben mit Gewaltfantasien – auch wenn der Film an diesen Stellen etwas schwach bleibt und die seelische Entwicklung von Jojo unterbelichtet bleibt. Jojos Mutter kann noch so sehr versuchen, ihren Sohn zu überreden, sich ein anderes Weltbild zu zimmern, der imaginäre Freund bleibt. Das fremdfeindliche Denken Jojos kippt erst durch ein besonderes Treffen im Haus – der Zufall ist manchmal so gut zu uns!

Der Film berührt, greift an, da wo wir alle manchmal uns von den Ideen Anderer treiben lassen, anstatt uns eine scharfe Meinung zu bilden. Er müsste bald gesehen werden! Der Regisseur und Schauspieler, Taika Waititi, immer zu Spässen aufgelegt, hat sich durch seinen besonderen Humor auch in Eagle vs Shark und What We Do in the Shadows einen Namen gemacht. Er trägt mit seiner Schwäche für Aussenseitern oder Super-Helden, sehr gut zur Ausbildung der Menschenkenntnis bei!   

Etwas länger gesagt…/ en détail :

Les comédies néo-zélandaises ont-elles toujours su retenir votre attention ? Peut-être bien que oui, peut-être bien que non et c’est face à ce flou qu’il semble pri-mor-dial d’ouvrir une parenthèse au réalisateur de Wellington, Taika Waititi, pour son film Jojo Rabbit sorti en 2019.

Jojo m’est tombé entre les mains lors d’une semaine thématique proposée au nord de la grande Allemagne, avec au programme : Le troisième Reich. Encore et toujours ? Hé bien non. La comédie, tirée du livre Caging Skies de Christine Leunens, saura étonner puisqu’elle aborde la dictature nazie comme la colonisation d’une âme – une force puissante qui s’invite au cœur des Hommes – par l’entremise d’un jeune garçon, Jojo, dont l’ami imaginaire n’est autre qu’Hitler en personne. Ce dernier le guide, le conseille, l’accompagne dans son rêve d’être fidèle à une patrie ivre de gloire et horriblement propre. Jojo n’a cure des recommandations de sa mère, résistante, ni de ces bons hasards qui auraient pu l’aiguiller différemment. Puis, tout à coup, une rencontre avec une inconnue, juive, l’ébouriffera dans ses valeurs qu’il croyait si fortement ancrées en lui.

Le film est fort en ce qu’il propose le regard curieux, naïf d’un enfant sur des évènements dont la crédibilité et la pertinence auraient été immédiatement remises en cause par un adulte. Le film ne juge pas : il illustre les faits et structures du nazisme d’une façon détachée. Lorsque Jojo tente tant bien que mal d’être reconnu au sein des jeunesses hitlériennes, on sent là les enjeux identitaires d’une appartenance au groupe et, son échec à ce concours – bien que souhaité par un regard extérieur – titille les mâchoires et provoque le rire.

Le comique du réalisateur, que l’on pourra également retrouver dans son long-métrage What We Do in the Shadows, est porté sur la simplicité et la rapidité avec lesquelles le nazisme a pu s’étendre, à l’échelle d’une population, d’un continent – certes et on l’a souvent entendu. Mais soulignons qu’il est également une façon de réaliser à quel point il semble difficile, pour un enfant – probablement l’image d’un être plus facile à convaincre par chantage ou peur – d’être maître de toutes les facettes d’un mouvement et d’être capable de se formuler une opinion digne de ce nom. Cette situation d’impuissance de l’enfant face à une force qui le dépasse, rappelle d’ailleurs le film Quand j’avais 5 ans je m’ai tué de Jean-Claude Sussfeld.

Jojo Rabbit présente quelques longueurs quant à l’évolution du personnage principal et aux dialogues trop courts. Il marque toutefois par le rôle capital qu’il adresse aux différentes rencontres, survenant au cours d’une vie, capable de désaxer les rails d’un destin tracé trop tôt. A regarder en VO ou en allemand… C’était une magnifique trouvaille dans le salon !

Laure-Elie Hoegen

Repères temporels : Taika Waititi a plusieurs cordes à son arc artistique. Actif dans une troupe de théâtre stand-up, aux côtés de Bret McKenzie et Jermaine Clement, sa renommée s’en va bien au-delà de Wellington grâce à ses deux premiers longs-métrages A chacun sa chacune et Boy. L’imaginaire des enfants et l’influence de l’Histoire dans nos quotidiens semblent être ses dadas.

Références : 

Pour découvrir l’auteure, derrière le film Jojo Rabbit : Christine Leunens – Home

Un autre livre abordant le retour d’Hitler de façon humoristique et décalée : Il est de retour [Er ist wieder da] de Timur Vernes

Photo : © www.regarder-films.net

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