Les réverbères : arts vivants

L’année 2018 sous la loupe déformante du Gniolu

La Revue du Gniolu, c’était jusqu’à samedi au P’tit Music Hohl. Un spectacle écrit par Thierry Meury qui revient sur les principales actualités de 2018 avec un œil critique et plein d’humour.

Dans cette rétrospective de 2018, tout le monde en prend pour son grade : Maudet et Barazzone pour leurs mensonges, Le Matin après sa disparition et la presse en général, les titres délirants de l’actualité, Léman Bleu et ses émissions diffusées en boucle, ou encore l’affaire Ramadan et toutes celles qui ont fait les gros titres durant des mois… Le tout est chroniqué par la plume acerbe de Thierry Meury, entouré de sa joyeuse bande de comédiens, pour un spectacle détonnant.

Une critique toujours juste

Derrière cette Revue se cache le Gniolu : Thierry Meury. On connaît ses chroniques et son talent pour appuyer là où ça fait mal avec des mots toujours bien choisis. Ce spectacle ne déroge pas à la règle. Malgré quelques sketchs un peu plus faibles – comme celui de cet adolescent qui a enfin trouvé une place en crèche – on retrouve le ton propre à l’humoriste, toujours à la limite de la misogynie qu’il dénonce pourtant avec ferveur. Ses passages en solos sont certainement les plus réussis. En hommage au Matin, il ressort les meilleures manchettes de ces dernières années, qu’il a précieusement gardées, en les commentant avec de petites piques dont il a le secret, et vise toujours juste. Sa revue de l’année, qui sélectionne un événement par mois en ajoutant une petite vanne bien sentie à chaque fois, restera l’un des meilleurs moments du spectacle. On citera encore le sketch sur le harceleur des transports publics, interprété à la perfection par Jean-Marc Morel, ou encore le répondeur parodique de Guillaume Barazzone, ou cette critique du vin genevois en prévision de la Fête des Vignerons 2019…

Une parodie de revue

Si cette Revue est aussi drôle, c’est également parce qu’elle parodie la célèbre Revue genevoise du mois de décembre. Les personnages sont caricaturaux, comme ce coiffeur homosexuel qui suit une formation de premiers secours en compagnie d’une tenancière de bar alcoolique et d’un boucher un tantinet trop passionné, ou encore ce Jurassien venu déguster expressément le plus mauvais vin de Genève, Thierry Meury le lui ayant vanté. C’est aussi cette autodérision qui fait la force de l’auteur, qui n’hésite pas à se moquer exagérément de sa réputation par rapport à la bouteille.

Les chansons, interprétées par Marina Frei, et sans lesquelles une revue n’en serait pas une, en deviennent parodiques. Elle pousse parfois un peu trop sa voix – comme l’a d’ailleurs fait remarquer avec une finesse exemplaire l’insupportable groupe de spectateurs assis à une table au fond de la salle, suscitant les regards réprobateurs d’une bonne partie du public – en en rajoutant, pour augmenter les effets comiques de ses numéros.

On soulignera encore qu’il est nécessaire de bien connaître les émissions de télé locales, qu’il s’agisse de Léman Bleu ou des séries phares de la RTS, comme Top Models, parodiée à la sauce Maudet et ses excès. À cet égard, on peut souligner encore que les piques à son encontre étaient un peu trop nombreuses et que le public a par conséquent moins réagi : à force d’être présent partout, dans les médias comme dans les sketchs, on finit par se lasser…

Au final, malgré des sketchs un peu inégaux, on passe un excellent moment en compagnie de cette jolie troupe, qui prend un malin plaisir à se moquer de nos politiciens genevois et suisses, de nos programmes et de tout ce qui a fait l’actualité, avec des personnages parfois trop caricaturaux. Mais c’est – aussi – pour cela qu’on les aime : pour leurs excès, leur humour, leur autodérision. Le résultat est là, cette Revue fonctionne, le public rit et en redemande.

Fabien Imhof

Infos pratiques :

La Revue du Gniolu, de Thierry Meury, du 30 janvier au 30 mars 2019 au P’tit Music Hohl.

Mise en scène : Thierry Meury

Avec Pat Lagadji, Jean-Marc Morel, Marina Frei et Thierry Meury

http://musichohl.ch/?page_id=18

Photos : © P’tit Music Hohl

Fabien Imhof

Titulaire d'un master en lettres, il est l'un des co-fondateurs de La Pépinière. Responsable des partenariats avec les théâtres, il vous fera voyager à travers les pièces et mises en scène des théâtres de la région.

2 réflexions sur “L’année 2018 sous la loupe déformante du Gniolu

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