L’Arsenic dévoile sa première partie de saison
L’Arsenic – Centre d’art scénique contemporain à Lausanne, propose une première moitié de saison composée de quatorze spectacles et performances, ainsi qu’un atelier autour du cinéma. Petit tour d’horizon.
Des rencontres à travers la danse
La saison s’ouvrira avec la rencontre entre le chorégraphe américain basé à Bâle Jeremy Nedd, et le collectif sud-africain Impilo Mapantsula. Dans blue nile to the galaxy around olodumare, qu’on verra également à Plan-les-Ouates, dans le cadre de La Bâtie, on parcourra l’histoire et le futur, que ce soit celui des galaxies ou de l’histoire sud-africaine. Pour ce faire, inspirée par de la musique jazz, la chorégraphie s’appuiera sur le pantsula, une danse énergique née dans les townships noirs d’Afrique du Sud durant l’apartheid. À voir du 13 au 15 septembre.
À la fin du mois, l’Arsenic accueillera plusieurs danseur·se·s jamaïcain·e·s pour proposer une rencontre entre Dancehall et danse contemporaine. Dans 1guh watch, c’est une véritable ode à la puissance créative et à l’unité des émotions et triomphes quotidiens qui marquent cette danse. À voir du 26 au 29 septembre.
Du 3 au 6 octobre, place à Tiran Willemse et Untitled (Nostalgia, Act 3), qui proposera de mêler le ballet classique Giselle au kuduro angolais et à l’alanta nigérian, sur fond de danse contemporaine. C’est à un véritable paysage intérieur, à la frontière entre ces différentes influences, que nous convie Tiran Willemse, sans hiérarchie, juste le plaisir de créer des ponts entre les danses. À noter que, dans le même temps, l’Arsenic proposera également une projection de blackmilk, interprétation vidéo du précédent projet de l’artiste, présentée en mars 2024.
Que serait une saison de danse contemporaine sans la présence de Ruth Childs ? Du 30 octobre au 3 novembre, elle explorera la notion de « fun », dans Fun Times, sa dernière création. La voix prendra une grande place dans cette pièce de groupe, qui oscillera entre lyrisme, absurde et cynisme.
La danse rencontrera ensuite la musique de Lafawndah et Trustfall dans Les carnets d’Inanna : Le monde d’en bas. Inspiré d’un ancien mythe mésopotamien, ce spectacle narre la séparation et la réconciliation incertaine entre Inanna, déesse de la fertilité et de la prospérité, et sa sœur Ereshkhigal, déesse du royaume des âmes. Quelles seront les conséquences sur l’harmonie du monde ? La réponse du 7 au 9 novembre prochains.
Le continent africain sera décidément à l’honneur en cette première moitié de saison, avec trois soirées consacrées au Festival Bosangani, du 22 au 24 novembre. La vibrante scène de la danse de Kinshasa s’invite à Lausanne pour proposer une série de performances dansées, dont le programme détaillé n’a pas encore été totalement dévoilé.
Enfin, c’est toujours avec de la danse que se clôturera cette première partie de saison : du 28 novembre au 1er décembre, la chorégraphe Alexandra Bachzetsis explorera la sensibilité du nu, en compagnie de la troupe suédoise Cullberg. Avec Exposure, elle s’interroge sur la représentation du corps dans les médias, l’art et la culture, en questionnant les stéréotypes que cela véhicule.
Des performances à la pelle
Du 19 au 22 septembre, Sorour Darabi proposera une relecture féministe des contes des Mille et une nuits, à travers la figure de Shéhérazade. Souvent reléguée au rang d’instrument narratif, l’idée est ici de redonner à ce personnage ses lettres de noblesse, en se questionnant sur ses désirs et sa subjectivité, avec un nouvel angle narratif.
On retrouvera juste après Jen Rosenbilt et ElseWhere Rhapsody. Dans cette performance, il sera question de désir. À travers quatre chapitres, l’artiste expérimentera les dimensions poétiques et politiques de ce sentiment que nous ressentons toutes et tous. À voir du 26 au 29 septembre.
Parisa Madani proposera une performance douze heures durant. Avec Pariyestan: Tails of Sisters (青蛇+白蛇: 緣起), littéralement Serpent vert + Serpent blanc : Origines, elle proposera un voyage onirique à travers la poésie persane. Dans ce cadre, elle explorera les potentiels de la sororité, alors que le public se lovera dans les coussins disposés dans la salle. Un moment hors du temps qui promet.
Du 31 octobre au 3 novembre, c’est une autre longue performance – de 4 heures cette fois – que proposera Raphaël Defour. Dans Cowboys don’t cry, spectacle durant lequel on pourra entrer et sortir, il racontera l’âge adulte et la maturité à travers la figure d’un cowboy en déclin. Une manière de questionner un vieux modèle de masculinité qui hante encore nos esprits.
Avec Biheko, à voir du 14 au 17 novembre, on oscillera entre théâtre, performance et installation. Vanessa Sindihebura remet en question l’imaginaire colonial forgé depuis le XIXème siècle. S’inspirant de la tradition orale des pays de l’est africain, elle ravivera des souvenirs, à travers contes, histoires et anecdotes, pour les remettre sur le devant de la scène.
Enfin, du 27 novembre au 1er décembre, Tatiana Baumgartner et Léa Katharina Meier s’associent dans Terminale Hysteria, une métropole kitsch et cruelle, peuplée de tout un tas de drôles de personnages. À travers l’absurde et le rire, elles caricatureront les pensées conservatrices pour en montrer le ridicule. Une manière de clore cette première partie de saison en s’interrogeant sur ces thématiques.
Cette première partie de saison s’annonce donc riche en rencontres et en interrogations ! Alors, tenté·e ?
Fabien Imhof
La programmation complète et les détails de chaque spectacle sont à retrouver sur le site de l’Arsenic.
Photo : ©Eddy Mottaz