Les réverbères : arts vivants

Le théâtre comme une énergie à l’Alchimic

Le 2 juin dernier, Pierre-Alexandre Jauffret, directeur du Théâtre Alchimic, présentait la saison à venir, avec la ferme conviction que le théâtre peut sauver le monde. Petit tour d’horizon des dix spectacles à l’affiche, qui ne sont que des coups de cœur, a-t-il assuré !

Après les remerciements de circonstances envers les nombreux soutiens qui permettent au Théâtre d’exister, Pierre-Alexandre Jauffret a vanté les qualités de camaraderie au sein de son équipe, à qui il a rendu un vibrant hommage. S’en est suivie la présentation des dix spectacles au programme – bien que le dernier ne soit pas encore garanti, pour des raisons organisationnelles. Sa volonté en tant que directeur est toujours de parler d’actualité, de problèmes du quotidien qui nous touchent toutes et tous, de questions parfois insoupçonnées. Son leitmotiv ? « Le théâtre peut sauver le monde ». Il est un vecteur de cohésion sociale, qui doit être accessible à tou·te·s et capable d’éveiller les consciences. Il conçoit ainsi le théâtre comme un énergie, la plus belle qui soit, celle qui dépollue les âmes, grâce aux auteur·trice·s, comédien·ne·s et public qui gravitent autour de diverses thématiques. Ainsi, il privilégie les troupes qui jouent pour donner, plus que pour recevoir.

La nouvelle saison s’ouvrira donc le 13 septembre, avec le Frankenstein de Guillaume Pi. Un dialogue entre le comédien et la musique, pour mettre en avant la dualité et les entrailles du mythe. Dans cette recréation, il sera question de la souffrance due à la solitude du monstre et de sa vengeance envers son créateur, qui a refusé de lui donner une femme. La question centrale : qu’est-ce qui fait qu’on est monstre, d’où vient cette altérité ? C’est enfin une résonnance troublante avec l’actualité, comme une allégorie du créateur qui devient esclave de sa création.

Dès le 7 octobre, place au premier des trois spectacles de la saison sur le thème de la migration, avec Cacao d’Alexis Bertin. Fidèle Baha et Hyacinthe Zougbo y racontent leur périple de la Côte d’Ivoire à Genève, en passant par le Bénin. Eux qui ont dû fuir leur pays durant la guerre civile de 2011, racontent les préjugés, jugements et regards qu’on a porté sur eux. C’est pourtant un spectacle positif, qui rend hommage à la beauté humaine, qui sera proposé : un « drame qui se raconte avec le sourire », ainsi que le raconte Alexis Bertin. Pour poursuivre dans la même thématique, il faudra attendre Pâques, avec Migraaants dès le 27 avril. Cette pièce en forme de cri d’alarme proposera à des comédien·ne·s confirmés et à des personnes issues de la migration, en formation de théâtre, de raconter le naufrage, la fuite vers l’illusion et le désenchantement, à travers les exploitations et autres victimes dont ils ont été victimes alors que l’Europe a paniqué et fermé ses frontières. Les quatorze personnes présentes sur scène monteront ainsi un spectacle plein d’humanité, dans une mise en scène de Thierry Piguet.

Avant cela, à partir du 1er novembre, Marjolaine Minot sera de retour avec Je suis plusieurs, en collaboration avec Günther Baldauf. Un spectacle qui explore les diverses parts de l’être humain, celles avec lesquelles il faut apprendre à vivre en harmonie, pour mieux s’accepter et s’aimer… L’année se terminera avec Modestina : Crimes, champagne et découpages, un spectacle de théâtre de papier et d’objets. Dans cette parodie comique sur la dictature, l’humour grinçant sur l’âme humain et ce qu’elle a de plus terrible sera à l’honneur. Avec cette question centrale : quelle est notre place dans le monde ?

C’est une thématique similaire qui sera proposée dès le 19 janvier dans Yaacoubi et Leidental, ou l’histoire d’un triangle amoureux qui mettra fin à une longue amitié. Sous masque et dans le style cabaret, le bonheur des uns fera le malheur des autres. L’occasion de questionner le sens à donner à sa vie, ce qu’on recherche : doit-on rester soi-même ou jouer un rôle pour coller aux codes des idées reçues ? Cette farce d’Hanokh Levin pourrait bien donner un nouveau sens à ces questionnements si profonds…

Dès le 28 février, Frédéric Polier reviendra avec une réinterprétation d’un conte connu, façon Camilo Pellegrini. Après Le petit chaperon rouge revu dans Chemins de sang, au tour de Cendrillon d’être revisité dans La Marâtre. Entre film d’horreur, polar et fantastique, ce spectacle loufoque place la belle-mère de la princesse dans un monde plus actuel, ou la recherche de la jeunesse éternelle mène aux luttes de pouvoir et autres histoires de vengeance. Alors, quand le jeune prince jette son dévolu sur la belle-mère, le conte pourrait bien prendre une tournure inédite.

Colorature suivra dès le 21 mars : l’histoire de la cantatrice ratée qui a inspiré à Hergé sa Castafiore. Dans ce spectacle qui s’annonce hilarant, on suivra les aventures d’une chanteuse persuadée de son talent, mais qui enchaîne les fausses notes. Son succès, elle le doit uniquement aux éclats de rire qu’elle provoque malgré elle et qui l’ont conduite jusqu’au Carnegie Hall ! Un massacre de l’opéra pour une histoire aussi bouleversante qu’hilarante.

Après les migrants, à voir après Pâques, c’est une reprise qui ouvrira le mois de juin. Dans Tout le monde veut vivre, nous voici embarqués dans un monde imaginaire, féroce et drôle, dans lequel un roi doit trouver un successeur pour mourir à sa place. Mais bien sûr, personne ne veut cela, et il découvrira malgré lui qu’il est moins apprécié de son peuple qu’il ne le croyait… Cette fable comique et absurde sera à voir dès le 1er juin.

Pour clore sa saison, l’Alchimic souhaite accueillir une troupe ukrainienne, pour un spectacle surtitré brûlant d’actualité sur les migrants. Les confirmations étant encore attendues, on ne peut pas vous en dire plus pour l’instant…

Alors si vous voulez rire et réfléchir, rendez-vous au numéro 10 de l’Avenue Industrielle, dans ce petit bijou de théâtre qu’est l’Alchimic, dès le 13 septembre prochain !

Fabien Imhof

La programmation complète et les détails sont à retrouver sur le site de l’Alchimic.

Photo : © Alchimic

Fabien Imhof

Titulaire d'un master en lettres, il est l'un des co-fondateurs de La Pépinière. Responsable des partenariats avec les théâtres, il vous fera voyager à travers les pièces et mises en scène des théâtres de la région.

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