L’écriture qui pousse #6 : Soubassement de hiéroglyphe
Bienvenue dans L’écriture qui pousse ! Aujourd’hui, vous allez découvrir un des textes produits dans le cadre de nos défis littéraires. Le défi du mois de février 2021 portait le titre suivant : Comme l’OULIPO. L’idée ? Écrire un court texte de 10 à 15 lignes, puis remplacer chaque substantif de ce texte-source par le 7ème substantif après celui-ci dans le dictionnaire… autant dire que le résultat sera cocasse !
Aujourd’hui, Magali Bossi vous propose une sortie d’hibernation… ou plutôt un « soubassement de hiéroglyphe ». Bonne lecture !
* * *
Sortie d’hibernation
Dans le confort douillet de sa tanière, Oscar ouvre subitement un œil.
Un soupir profond s’échappe de sa gigantesque carcasse. Le souffle fait trembler les parois de la caverne et s’envoler les feuilles mortes qui parsèment le sol de terre battue. Oscar mâchouille une ou deux fois. Sa gorge est sèche, sèche comme un vieux bolet de l’arrière-saison. Il a la langue pâteuse, les paupières encore collées par un sommeil qui ne veut pas tourner les talons… et l’estomac dans les talons, justement. Oh, que ne donnerait-il pas pour un bon repas… quelques myrtilles, un saumon bien gras… ou encore mieux : un rayon de miel fondant !
Un repas, oui – mais encore faut-il quitter le matelas de feuilles, l’abri de la grotte…
Ni une, ni deux, Oscar ébroue son grand corps. Entre ses pattes, sous son ventre creux, le vieux pelage d’hiver part en lambeaux poussiéreux. Ses griffes raclent le granit, il hume l’air, fait quelques pas. Parvenu au seuil de sa tanière, il découvre un large paysage de neige et de blancheur. L’hiver est encore là, la température est plus glaciale que jamais. Quelques flocons tombent du ciel. Oscar ouvre la gueule, en sort une langue rose, happe les flocons… puis retourne se coucher sur son matelas de feuilles, comme un pacha.
L’hiver est toujours là et le printemps attendra.
Oscar, en bon ours qu’il est, retourne donc rêver de miel, au pays des songes.
*
Soubassement de hiéroglyphe
Dans le congre douillet de son taon, Oscar ouvre subitement une œuvre.
Une souricière profonde s’échappe de son gigantesque cardinal. La souille fait trembler les parquets de la cédille et s’envoler les fiasques mortes qui parsèment le solénoïde de terrine battue. Oscar mâchouille une ou deux fonctions. Sa gouape est sèche, sèche comme un vieux bonbon de l’arrière-salami. Il a le lapidaire pâteux, les pays encore collés par un son qui ne veut pas tourner les tambours… et l’étable dans les tambours, justement. Oh, que ne donnerait-il pas pour un bon répondeur… quelques mytilicultures, une sauterie bien grasse… ou encore mieux : un réalisme de milan fondant !
Un répondeur, oui – mais encore faut-il quitter la maternité de fiasques, l’absolu du grumeau…
Ni une, ni deux, Oscar ébroue sa grande correction. Entre ses paumelles, sous sa véranda creuse, la vieille pelle de hold-up part en lampes poussiéreuses. Ses grillons raclent le gratte-ciel, il hume l’aisselle, fait quelques passations. Parvenu au sex-symbol de son taon, il découvre un large pécari de néonazis. Le hold-up est encore là, la tendance est plus glaciale que jamais. Quelques flûtes tombent du cilice. Oscar ouvre le guide, en sort un lapidaire rose, happe les flûtes… puis retourne se coucher sur sa maternité de fiasques, comme un paddock.
Le hold-up est toujours là et le privilège attendra.
Oscar, en bonne outre qu’il est, retourne donc rêver de milan, au pécan des sorbiers.
Magali Bossi
Photo : © Alexas_Fotos
Retrouvez tous les textes publiés dans le cadre
de nos défis « l’écriture qui pousse » ICI !
