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Mondes Imaginaires : Antres de la Terre (1)

L’association Mondes Imaginaires, fondée en 2019, regroupe trois anciennes étudiantes en Lettres qui, au terme de leurs études, sont arrivées à une constatation : bien souvent (trop souvent), les littératures de l’imaginaire sont décriées et dévalorisées. Pourtant, l’histoire se construit sur un imaginaire, une conscience collective, et une transmission des mythes dits fondateurs. 

Mondes Imaginaires proposent donc des ateliers participatifs et créatifs aux enfants comme aux adultes, afin que les univers fictifs viennent nourrir le quotidien. User du pas de côté qu’offrent des moments de créativité permet d’enrichir la réflexion à travers des points de vue différents et des concepts innovants. Tous les mois, Mondes Imaginaires proposent un atelier d’écriture créative sur un thème différent. Ensemble, nous explorons diverses facettes de l’écriture et de l’imaginaire. Le but est avant tout d’oser écrire, dans un climat de bienveillance, tout en acquérant de la confiance en soi. Chaque thématique est présentée grâce à des ouvrages qui servent de référence (en science-fiction, fantasy ou fantastique), parfois avec un ancrage historique – ce qui permet de stimuler l’imaginaire. Les participants peuvent, s’ils le souhaitent, intégrer des éléments proposés par les animatrices dans leurs écrits. L’atelier se clôt par un partage volontaire des créations. Un seul mot d’ordre : imaginer !

Les textes que vous découvrirez au sein de cette rubrique sont tous issus de ces ateliers. Aujourd’hui, David Weber vous parle… d’écureuil. Bonne lecture !

* * *

Antres de la Terre

Enregistrement le 39 du 47ème décade 2976. Traduction.

° Qui es-tu ?

          * …..

° D’accord. Je pense que le traducteur fonctionne, donc tu devrais me comprendre. Moi, je m’appelle Mélinda. Et toi ?

          * Je appelle Z… je pense pas être bonne chose toi savoir.

° Ok… je ne sais pas quelle langue tu parles, mais je crois que le traducteur a de la peine. Ça devrait s’arranger au fur et à mesure de la conversation, enfin j’espère… Ok, alors Z, comment c’est possible que nous nous parlions à travers cette cloison, alors que tout ce qui est en-dehors de cette cloison devrait être mort ? Es-tu humain ? Marches-tu sur deux jambes ? As-tu deux bras ? Une tête ? Ta signature thermique le montre en tout cas… pardon pardon, je parle trop donc… euh comment peux-tu être dehors ?

          * Comment toi dedans être ?

° …euh… c’est évident : on ne peut pas sortir depuis la catastrophe, l’air est pollué et d’après les dernières analyses, le virus est encore présent dehors, il a muté et survit dans l’air grâce à l’humidité et vu qu’il pleut tout le temps ici….

          * Dehors ? Dedans ? Ici grand espace. Liberté de
mouvement. Liberté ressources. Toi mange ?

° Moi, oui, je mange, des champignons. On en fait pousser tout plein et de toutes sortes pour pourvoir à notre nutrition.

          * Moi aussi aimer champignons.

° Y en a dehors ?

          * Oui masses, rouge blanc points.

° Ah bon ?

          * Oui toi ouvrir et moi te faire goûter ?

° Non, je n’ai pas le droit. Même si je suis dans une section abandonnée où j’aime bien me cacher, quelqu’un pourrait me voir et on m’a dit que si on ouvre, ça pourrait mettre tout le monde en danger. On ne sait pas si nous sommes encore adaptés au monde de dehors, depuis le temps.

          * Temps ?

° Temps ?

          * Masse temps ?

° Ah, je ne sais pas trop je crois que mon arrière-arrière-grand-mère a vécu à la surface, donc ça fait longtemps.

          * Arrière ? Mère ?

° Ah, tu ne connais peut-être pas ça… tu as une famille ? Des parents ? Qui t’a mis au monde et t’a élevé, qui a pris soin de toi ?

          * Ah… euh pas savoir.

° Ah, je suis désolé.

          * Désolé ? Non naissance Œuf seul.

° Tu viens d’un œuf ? Pourtant tu as l’air humain.

          * Pas œuf toi ?

° Non, c’est compliqué pour nous. Avant, on était conçus et portés dans le ventre d’une humaine qu’on appelle une « mère », mais maintenant, les femmes sont devenues stériles, donc on va dire que je viens un peu d’un œuf…

          * Ah et donc toi peux pas sortir ?

° Non

          * Dommage… et moi peut entrer ?

° Non plus.

          * Vous masse ?

° Je ne comprends pas… ah, si on est beaucoup… euh… un certain nombre. Avant, on était encore plus, mais j’ai l’impression qu’on va s’éteindre. On est de moins en moins nombreux. Et vou,s vous êtes… masse ?

          * Non difficile reproduction partenaire trouver.

° Ah je vois.

          * Mais œufs beaucoup en même temps !

° Ah, mais j’ai cru que tu disais être le seul œuf…

          * Premier mange autres, force de survie.

° Une sorte de sélection naturelle…

          * Être se peut. Moi pas comprendre vous

° Quoi ?

          * Si vous mourir, pourquoi faire dans tunnel, sortez. Au moins
voir, au moins sentir, au moins respirer.

° On est encore trop nombreux et on a trop peur. C’est difficile de choisir le moment de sa propre mort.

          * Et si pas ?

* Comment ça ?

          * Et si vous pas mourir, moi vivre ? Moi comme toi non ?

° Je ne sais pas, je ne te vois pas… j’ai l’impression que tu es comme moi, car on a la même forme… mais il faut croire qu’on est différents.

  • Qu’est-ce que c’est que ces bruits ! Mélinda, qu’est-ce que tu fous ici !

° Sergent je…

Fin de l’enregistrement

Jessica Vonlanthen

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