Thomas Wiesel and co. enflamment le Festival Du Rire
Pour la deuxième soirée du Festival Du Rire de Genève, Thomas Wiesel avait carte blanche pour inviter des artistes à présenter des extraits de leur spectacle. Accompagné de quatre humoristes romand·e·s et de Verino, le standuper s’est amusé de l’actualité et de ses collègues, comme à son habitude.
Quelle ne fut pas la surprise de Thomas Wiesel en découvrant que la majeure partie du public n’était pas au courant du concept. Les spectateur·ice·s en ont bien sûr pris pour leur grade, et chaque humoriste qui a débarqué sur scène n’a pas manqué de le leur rappeler, toujours avec dérision bien sûr. Le premier sujet de blagues étant tout trouvé, le maître de cérémonie du soir a mis plus de temps que prévu avant de tester des extraits inédits de son prochain spectacle. Il faut dire que l’actualité brûlante lui a donné un terreau fertile à l’écriture : l’élection d’un pape américain – le premier de l’Histoire ! – quelques heures avant le spectacle. Il n’a bien sûr pas manqué d’évoquer Donald Trump, qui doit être persuadé que cette décision a été prise grâce à lui. Revenant s’adresser au public tous les deux sketches, Thomas Wiesel n’a pas manqué, comme toujours, de taquiner ses homologues, à commencer par Yoann Provenzano, le premier à passer jeudi soir.
On connaît Yoann Provenzano pour ses spectacles sur la vie et ses grandes étapes, mais aussi pour ses personnages sur les réseaux sociaux. Mercredi, il nous a parlé de son habileté à passer pour un local partout où il va, bien que ce soit plus compliqué pour le Vietnam, dont il sera bientôt un citoyen par alliance. Son plus grand fait d’arme ? Avoir fait se perdre des touristes américains en plein Rome, en leur indiquant un mauvais chemin, avec toute la grandiloquence italienne qu’il a magnifiquement caricaturée. Thomas Wiesel n’aura ensuite pas manqué de le tacler pour son humour engagé et ses blagues sur… le temps qu’il fait. Il fallait oser !
Après cet humour un peu absurde et plein d’énergie, place à Forma. L’ancienne chanteuse, devenue humoriste, que l’on peut régulièrement entendre dans Les Dicodeurs sur la 1ère, nous a parlé de son Valais natal, avec ses quelques inévitables vannes sur la consanguinité. Puis, elle s’est emparée de son piano pour nous dévoiler le top 3 des artistes suisses-allemands, interprétant un rap déroutant, ou encore le fameux Johnny Däpp de Lorenz Büffel. Rassurez-vous, elle a aussi fait chanter le public avec une étonnante chanson sur le bonheur, et son entraînant refrain qui dit, en substance que, « le bonheur, c’est super ! »
Seconde humoriste féminine de la soirée, Donatienne Amann nous a proposé un humour à la fois engagé et décalé. Évoquant les supers-pouvoirs inutiles du quotidien, comme celui de ne pas transpirer, qu’elle détient, elle s’est ensuite imaginée de nouvelles super-héroïnes, aux pouvoirs parfois déroutants. Évoquons « Super-Menstru », capable de contrôler le sang de ses ennemis, mais seulement pendant ses périodes de règle. Une façon originale de traiter de ce sujet qui ne devrait plus être un tabou, sans pour autant tomber dans une forme d’excès. L’équilibre à l’état pur.
C’est ensuite à Robin Chessex qu’elle a laissé sa place. Le standuper vaudois n’a pas manqué de se moquer de son propre canton, tout en évoquant aussi la rivalité avec ses « amis » genevois. Il faut dire que, ni d’un côté ni de l’autre, on ne fait beaucoup d’efforts pour contrer les stéréotypes, entre les « cons » et les « arrogants ». Deux profils qui s’entremêlent parfois dans leur dégoût pour les frontaliers. C’est avec cette base qu’il nous a fait rire pendant une dizaine de minutes. On apprécie l’autodérision et les anecdotes à peine exagérées qui lui servent de base pour son texte.
Avant le passage du dernier comédien, Thomas Wiesel a pu tester quelques blagues de son futur spectacle, autour des écrans et des réseaux sociaux, qui empoisonnent notre quotidien. Faisant référence aux anciennes générations, qui critiquent les jeunes qui sont tout le temps sur leur téléphone, il leur a rappelé qu’eux n’y avaient pas accès. Sans quoi, ils n’auraient sans doute pas fait mieux. Voilà, en substance, un des angles d’attaque de ce spectacle à découvrir en fin d’année. Vous vous en doutez, la forme sera bien plus drôle que cet article.
Enfin, Verino a clos la soirée en mêlant histoires de vasectomie et de religion. Quel rapport, me direz-vous ? Son fils, tout simplement. Car après avoir eu trois enfants, Verino a décidé de s’interroger sur la contraception masculine, par le biais de laquelle il a fait d’étonnantes découvertes. C’est ensuite par la volonté de son fils qu’il a remis les pieds dans une église, lui qui n’est plus croyant depuis son adolescence et la découverte de… non, on ne vous le dira pas ! En tout cas, il a fait rire aux éclats le public venu nombreux, qui était hilare face aux incohérences et autres longueurs de la messe, que l’humoriste français a magnifiquement dépeintes.
Thomas Wiesel aura donc parfaitement réussi son objectif, en invitant ses collègues humoristes, qui ont pu faire découvrir au public leur univers. Entre humour décalé du quotidien, appui sur la musique, sketches engagés et absurdes, pur standup et thématiques originales, les six trublions de la soirée auront enchanté le public du Festival Du Rire de Genève !
Fabien Imhof
Carte blanche à Thomas Wiesel, dans le cadre du Festival Du Rire de Genève, le 8 mai 2025 au Casino Théâtre.
Avec Thomas Wiesel, Yoann Provenzano, Forma, Donatienne Amann, Robin Chessex et Verino
https://www.rire-geneve.ch/fr/programme/carte-blanche-a
Photo : ©photographisme.ch