L'allemand dans ton salonLa fontaine : divers

Udo Jürgens ou la grande valse des mots

Udo Jürgens ou la grande valse des mots

Zwei Seelen wohnen, ach! in meiner Brust. Parce qu’il y a surement une présence germanique dans votre arbre généalogique, La Pépinière fusionne deux grandes régions linguistiques suisses et vous propose des articles culturels pour une (re)découverte de l’allemand.

Pour vous, l’allemand, c’est … et c’est à vous de jouer, dans les deux langues ! (Et qu’on ne se préoccupe pas des fautes !) Expliquez-nous votre choix en bref en allemand et ce qui vous a plu, en détail, en français !

Illustrez votre coup de cœur, parlez-nous d’un Renner, Knaller oder Kleinod, les pieds en éventail, confortablement posés sur le fauteuil d’Oma & Opa.

Notre pigeon de la Pépinière tient à son perchoir, mais non le crachoir !

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Udo Jürgens ou la grande valse des mots

Le schlager – prononçons, s’il-vous-plaît, le « r » final comme un « a » pour ne pas heurter les esprits germanophones par un schlagère – est à l’Autriche ce que le hit est au monde anglophone : des chansons qui frappent (schlagen signifiant to hit) l’âme, non par le caractère varié et recherché des paroles, mais plutôt par leur rythme répétitif, simple, faisant valser des paroles faciles à retenir autour des thèmes comme l’amour, la rupture, le départ… On en trouverait jusqu’en Finlande, où les thèmes mélancoliques sont aussi très présents – mais c’est un thème à creuser, sous peu !

Le schlager : si Andrea Berg représente la nouvelle schlager allemande, Udo Jürgens en était la figure de proue menant sa barque durant 60 ans de chansons populaires. Ses plus grands succès, d’abord Je t’aime à l’âge de 17 ans lors d’un concours télévisé, puis Buenos Dias, Argentina ou encore Ich war noch niemals in New-York en 2007, propulsent le schlager en dehors du Sud de l’Allemagne, de l’Autriche, du Luxembourg… On l’entend, on la guette, cette heure du samedi soir qui bientôt retentit et nous enjoint à nous rendre dans ce lieu chaleureux, coloré, aux effluves de choux, de saucisses, de gâteaux tartinés de crème : en bref, avec un schlager, on vous propose un cocon pour votre âme lourde de la fatigue hebdomadaire. Il est vrai qu’il pourrait paraître surfait ou trop folklorique au premier abord, mais… laissons-nous bercer et vous verrez !

« Ich wünsch dir Liebe ohne Leiden

Und eine Hand, die deine hält

Ich wünsch dir Liebe ohne Leiden

Und daß dir nie die Hoffnung fehlt

Und daß dir deine Träume bleiben

Und wenn du suchst nach Zärtlichkeit

Wünsch ich dir Liebe ohne Leiden »

« Je te souhaite un amour sans souffrance

Et une main qui tient la tienne

Je te souhaite un amour sans souffrance

Et que l’espoir ne t’abandonne jamais

Et que tes rêves demeurent auprès de toi

Et lorsque tu aspires à la tendresse

Je te souhaite un amour sans souffrance »

Chanter l’amour sans souffrance tandis que l’on écoute des schlager en allemand lors des fêtes de village, tous collés les uns aux autres, c’est aussi l’occasion de partager ces histoires fantastiques ou dramatiques que nous toutes et tous avons en commun. Le schlager crée l’harmonie, encourage à porter un verre à ce qui nous malmène ou nous emporte tout au long de la vie et ce, pourquoi pas avec les voisines et voisins du banc d’en face. Après tout, l’on partage la même table et le même destin ! Anne Pélissier, portée sur les émotions évoquées par Udo Jürgens propose un puzzle de l’amour. S’y reconnait-on?

Udo Jürgens, pour l’anecdote, grandit au château Ottmanach – un signe de ses ascensions futures peut-être -, pianotte de son côté, avec brio, avant d’entamer des études au Conservatoire de Klagenfurt qui aboutiront à l’inscription au Mozarteum de Salzbourg. Udo Jürgens, tout comme ses chansons, traverse les pays jusqu’à s’établir à Zürich, puis Zumikon, en fêtant l’obtention de sa nouvelle identité suisse. Plusieurs pays… certes, sauf New-York !

« Ich war noch niemals in New York, ich war noch niemals auf Hawaii

Ging nie durch San Francisco in zerrissenen Jeans

Ich war noch niemals in New York, ich war noch niemals richtig frei
Einmal verrückt sein und aus allen Zwängen fliehen »

« Je n’ai encore jamais été à New-York, je n’ai encore jamais été à Hawaï

N’ai jamais traversé San Francisco avec des jeans déchirés

Je n’ai encore jamais été à New-York, je n’ai encore jamais été à Hawaï

Être fou une bonne fois pour toutes et laisser s’envoler toutes les barrières »

Le titre explose les charters et sera repris par le groupe pop Sportfreunde Stiller en 2009. Mettez-donc vos écouteurs…

Udo Jürgens, c’est aussi le rêve d’une jeunesse dorée. Le jeune pianiste, guidé par l’ambition, a poursuivi ses projets comme la pulsation d’un coeur : sans arrêt. Il commence petit, en laissant couler quelques notes de piano au coeur du café Klagenfurter Tanzcafé Lerch jusqu’à ce que le monde germanophone lui confère, par le solennel sceau du succès, le statut de l’un des plus talentueux chanteurs solo du 20 et 21e siècle. Pour connaître les secrets, voir le documentaire  Der Mann, der Udo Jürgens ist.  

 Laure-Elie Hoegen

Repères temporels : Nous sommes en 1966 lorsqu’Udo Jürgens, aux côtés de France Gall – tous deux portés par l’amour de la chanson avec un grand A, remporte le grand prix Eurovision de la Chanson Européenne. Jürgens, souvent dans son manteau de fourrure, naît en 1934 au coeur de l’Autriche et s’éteint en 2014 en Thurgovie.

Références : 

Pour le documentaire.

Dessins : Anne Pélissier

Laure-Elie Hoegen

Nourrir l’imaginaire comme s’il était toujours avide de détours, de retournements, de connaissances. Voici ce qui nourrit Laure-Elie parallèlement à son parcours partagé entre germanistique, dramaturgie et pédagogie. Vite, croisons-nous et causons!

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