La plume : créationLa plume : littératureRécit participatif n°3 : Et la marmite se brisa

Et la Marmite se brisa : épisode 19

Vous aimez les enquêtes et les énigmes ?

Vous rêvez de courir après les meurtriers, d’élucider des crimes, d’être aussi habile que Sherlock Holmes, aussi perspicace qu’Hercule Poirot ? Les interrogatoires ne vous font pas peur et les indices, c’est votre rayon ? Bienvenue dans Et la Marmite se brisa, une fabuleuse enquête de Miss Apfel !

Et la Marmite se brisa est un nouveau récit participatif lancé par La Pépinière à l’automne 2020. Entre le feuilleton et le cadavre exquis littéraire, nous avons réuni des autrices et auteurs de tous bords : amateur.trice.s, confirmé.e.s, déjanté.e.s, sérieux.ses, jeunes ou plus âgé.e.s… Après le succès de nos récits participatifs précédents (Du jardin au balcon et La Geste d’Avant le Temps), les voilà prêt.e.s à s’embarquer pour une nouvelle aventure, sans savoir ce qui les attend. Cap sur le polar helvétique !

Pour cette première aventure de Miss Apfel (qui évoque bien sûr la Miss Marple d’Agatha Christie), plongez dans les secrets historiques de Genève…

Alors, ça vous tente ?

Retrouvez le début du feuilleton ICI !

* * *

Épisode 19 : Carte et énigme…

Cabinet de Tatiana Romeniakov, rue des Chaudronniers.

Le 11 décembre, vers 10h10 du matin.

Après avoir ingurgité plusieurs tasses de tisane russe chaude et sucrée à souhait, François Loiseau retrouve peu à peu son calme. Dans le cabinet de consultation de Tatiana Romeniakov, le tic-tac des petites horloges dorées lui tape sur les nerfs et les bibelots qui brillent sur le moindre guéridon lui collent une migraine de tous les diables… Il est épuisé et n’a qu’une envie : rentrer chez lui pour s’étendre sur son vieux canapé de cuir, parmi ses nombreux livres, avant de s’endormir d’un sommeil sans rêves… oui… en voilà une bonne idée…

« Heidi, ma chérie » demande Tatiana d’une voix douce, tandis que la chatte Comtesse se frotte à ses jambes dans l’espoir de grappiller un petit bout de smetannik, « puisque ta tante est partie pour courir les scènes de crime, aurais-tu la gentillesse de raccompagner notre ami chez lui ? Je ne voudrais pas qu’il lui arrive quelque chose en chemin, il est déjà suffisamment éprouvé pour aujourd’hui… »

Heidi hésite un peu. Elle n’a pas vraiment envie de servir de garde-malade à un chocolatier quinquagénaire hyper anxieux… surtout que sa tante, avant de partir, a lancé qu’il y avait un truc louche vers le Musée d’Art et d’Histoire… voilà qui promet d’être passionnant… toutefois, comme Heidi a aussi bon cœur, elle se plie (de mauvaise grâce, mais avec le sourire), à la demande de Tatiana. Elle aide donc Loiseau à retourner dans son logis, le remettant aux bons soins de François Royaume, avant de planter les deux frères-pas-si-frères-que-ça sur le pas de leur porte.

« Loiseau est dans sa cage ! » sourit intérieurement Heidi en descendant l’escalier du numéro 6 de la Rue du Puits Saint Pierre, pour retomber devant l’Ancien-Arsenal. « Maintenant, faut que je retrouve ma tante… où est-ce qu’elle a encore été se fourrer ? »

Machinalement, la jeune fille glisse la main dans son sac, à la recherche de son précieux téléphone. Ses doigts se posent alors sur un objet froid… rectangulaire…

« Eeeeh ! Mais c’est mon livre ! Je l’avais complètement oublié, celui-là ! » s’exclame-t-elle tout haut, en sortant le livre offert par sa tante pour fêter son entrée à la Compagnie 1602. C’est qu’il s’en est passé, des choses, depuis ce petit-déjeuner du 10 décembre, où elle a annoncé à sa tante la bonne nouvelle. C’était hier… mais avec tous ces crimes, ça lui semble être il y a une éternité.

Machinalement, Heidi feuillette l’ouvrage… lorsque soudain, elle tombe en arrêt. Page 17. Une carte du XVIe siècle représentant le quartier autour de l’Ancien-Arsenal… les rues où elle se trouve elle-même, à présent.

« C’est drôle », marmonne-t-elle sans prêter attention à deux commères du quartier, qui remontent la rue et la croisent d’un air désapprobateur (les jeunes, de nos jours, ils parlent tous seuls dans la rue !). « Alors… c’est là que les flics ont retrouvé le corps, perché sur le canon… là, c’est la maison où il y a le restaurant du Père Glôzu… on y mange super bien, dans ce petit bistrot !… et là, si on descend… c’est la Maison Tavel… je me souviens quand on a été la visiter en course d’école… C’est marrant : presque rien n’a changé depuis le XVIe siècle ! C’est dingue… Là, en descendant… la Rue du Perron… le Passage de Monetier… il était ouvert en permanence, à l’époque. Maintenant, on ne peut plus le traverser qu’au moment de l’Escalade… enfin, quand il y a les célébrations, parce qu’avec tous ces crimes, ça m’étonnerait pas que les autorités annulent la fête… quelle plaie ! Bref… et là… qu’est-ce… mais c’est quoi, cette croix ? On dirait que ça a été rajouté au crayon… qui peut bien écrire dans un vieux livre ?… La croix est en plein milieu du Passage de Monetier… qu’est-ce qu’elle indique ? Et ce truc écrit, là, en tout petit… c’est quoi ? »

Les yeux plissés, debout dans la rue, Heidi tente de déchiffrer les minuscules caractères à moitié effacés, tout en griffonnant dans son calepin de notes (celui qui ne la quitte jamais, comme les vraies enquêtrices !).

« Alors… ça commence par un A… après, on dirai un do ou un da… y’a trois mots… le deuxième… c’est… hmm… del ou dul… et tout à la fin, il y a… lode ? lade ? J’arrive pas à bien voir… La fin du premier mot, on dirait… tours… non, plutôt teurs… et c’est quoi, juste avant ? … ta ? … heu… je sais pas. Le troisième mot commence par un B ou un E… suivi de sdst… ou sc… et un trou dans la feuille… ahlalaaaaaaa ! »

Elle relit ses notes en tirant la langue.

« Heum…. Ada… ou Adota-tours ou teurs del… ou dul Esd… ou st… ou sc – trou dans la feuille – lode ou lade… purée, c’est pas gagné…. Adatatours del Esd lode… non… Adotateurs dul Est lad… pffff, n’importe quoi, ça veut rien dire… Adotateurs del Esc lade… PUNAISE !!! Adorateurs de l’Escalade !!! Mais c’est quoi, ça ? Un nom de club ? Une sorte de secte ?! … Qui daterait du XVIe siècle ?… et c’est dans le Passage de Monetier ? … Waaaaaaouh ! Il faut que j’aille voir ça pour de vrai ! »

Ni une, ni deux, Heidi remonte en courant la Grand-Rue, contourne l’Ancien-Arsenal redevenu calme maintenant que les bandeaux de la police ont été enlevé. Elle passe devant la Maison Tavel et descend en trombe la Rue du Perron, jusqu’à la grille qui clôt le Passage de Monetier. Reprenant son souffle et scrutant autour d’elle pour ne pas se faire surprendre, elle tire légèrement sur la grille… qui cède d’un coup, avec un léger grincement.

Coup d’œil à gauche… coup d’œil à droite… personne. Heidi se glisse résolument dans le passage, serrant le livre contre elle.

Sylvie Bossi

La suite, c’est par ICI !

Et pour retrouver tous les épisodes, c’est par LÀ !

Tu n’as pas froid aux yeux et tu veux nous rejoindre ? N’hésite pas à nous envoyer un petit mot et toutes les informations pour ta prochaine enquête littéraire suivront…

Photo : © MasterTux

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *