Les réverbères : arts vivants

Un été à la Parfumerie

Depuis plusieurs années maintenant, la Parfumerie propose une programmation estivale particulièrement variée, avec entre autres des cartes blanches à des artistes émergents. Retour sur quelques événements de l’été 2023.

Nous étions déjà revenus sur le projet Moustache à la fin du mois de juillet. Mais ce spectacle écrit en à peine 15 jours n’est pas le seul à avoir émergé durant l’été ! Quelques artistes ont accepté de répondre à nos questions pour parler de leur projet. Nous vous proposons donc aujourd’hui un tour d’horizon de cinq soirées et spectacles.

Soirées à l’italienne avec 1h de Commedia

Voilà un projet au long cours, puisqu’il dure déjà depuis 2019. Mathieu Fernandez V. souhaitait pratiquer le masque, en particulier Arlequin, et l’opportunité s’est présentée à la Parfumerie. Dans ce projet, improvisateur·ice·s et comédien·ne·s se mélangent, d’une part pour apprendre les un·e·s des autres, mais aussi pour proposer un spectacle d’improvisation original. Les lazzi[1] sont au centre de la création, plus que l’histoire, pour que les effets de jeu prennent tout leur sens. S’il s’agit d’une certaine prise de risque, le succès a été au rendez-vous et les retours du public ont été très bons. Le projet prend donc de l’ampleur, et les participant·e·s – quelques professionnel·le·s et des amateur·ice·s confirmé·e·s – y adhèrent parfaitement, appréciant notamment beaucoup les « stages » proposés par Mathieu Fernandez V. autour des personnages et de l’improvisation des lazzi. Chacun·e s’investit de plus en plus, à l’image de Filipe Fonseca, en charge d’un partie de l’organisation et de la communication, on de Maya Bringhen qui confectionne tous les costumes et tente de correspondre au mieux aux esthétiques typiques de l’époque.

Le projet grandit bien, puisque depuis 2019, 1h de Commedia a régulièrement des dates à l’Almacén et est invité dans différents festivals chaque été. Pour la suite, Mathieu Fernandez V. envisage une version approfondie, avec un temps conséquent de recherche pour explorer encore un peu plus cet art.

Des sketchs vidéo et une imagination débordante avec VHS

C’est durant le mois de décembre dernier que l’idée a germée dans la tête d’Antoine Courvoisier. Passionné de vidéo – film, montage, écriture… – depuis son enfance, il propose à une trentaine d’ami·e·s comédien·ne·s de le rejoindre sur ce projet un peu fou. En trois semaines, durant les journées précédant les représentations du spectacle dans lequel il jouait, c’est donc une vingtaine d’artistes qui a tourné 17 sketchs, projetés le 16 août dernier sur la terrasse de la Parfumerie, après plusieurs mois de travail de montage, aidé notamment par Bastien Blanchard en charge du mixage des pistes audio. La soirée s’est magnifiquement déroulée, et la projection a remporté un franc succès, en présence des artistes, qui découvraient, pour la plupart, le résultat final. Un mélange de stress et de joie pour Antoine Courvoisier, curieux de savoir comment le public allait réagir à ces vidéos qu’il connaissait désormais par cœur. Au final, les rires ont fusé – je peux le confirmer – et l’objectif premier a été parfaitement atteint : faire rire ! Les quelques interventions scéniques qui ont agrémenté la soirée ont également tapé en plein dans le mille.

Pour la suite, les vidéos ont commencé à être diffusées sur Youtube, Instagram et Facebook, à raison d’une par semaine depuis le jeudi 14 septembre. Si vous n’étiez pas à la soirée, on vous invite à découvrir ces perles sur la chaîne de VHS Produfion. Et bien sûr, une saison 2 est en préparation…

La baston et le catch au rendez-vous dans La Grande Bagarre

Au printemps 2022, lors d’une conversation avec Mimot (Jérémy Verlooven), l’un des responsables de la programmation estival, Pauline Raineri lui parle de la Geneva Total Wrestling, une école de catch. Ni une, ni deux, l’idée d’organiser une soirée catch est née. La première édition a donc eu lieu en août 2022, avec plusieurs matchs au programme. Au vu de l’importante influence, une deuxième édition est née le 26 août 2023, La Grande Bagarre vol.2. Au programme : un show d’environ 2h30 – pause comprise – un photomaton avec les catcheur·se·s, et un jeu vidéo de catch accessible à tou·te·s, et la possibilité de contrôler les catcheur·se·s de la soirée ! Le ring a été monté une semaine avant le spectacle – une grande chance selon Pauline Raineri – pour que les combattant·e·s puissent s’entraîner pour un show qui n’est jamais le même : les cartes sont constamment brassées, les adversaires varient… Notons aussi qu’une initiation a été proposée au public avant le show. L’équipe mesure la chance qu’elle de pouvoir proposer une telle soirée à la Parfumerie et gagner ainsi en visibilité, avec un deal gagnant-gagnant : amener le catch dans un lieu qui possède l’appui technique et d’accueil. Le public, très varié était au rendez-vous, encore plus nombreux que lors de la première édition, avec ce côté cathartique que le catch peut offrir : on hue, on acclame, sans jamais avoir peur d’en faire trop, dans une forme de lâcher-prise tant pour les spectateur·ice·s que pour les catcheur·se·s.

Pour la suite, la collaboration entre la Parfumerie et le GTW compte avoir encore de belles années devant elle. On vous donne déjà rendez-vous l’an prochain ?

Représenter les femmes dans tous les arts avec Le Grand cabaret féminin

À l’été 2022, Sélène Gonzalez est contactée en vue d’une carte blanche. Elle qui étudie la comédie musicale voulait créer un événement sous la forme d’un show spectaculaire. Petite, elle rêvait du cabaret, en pensant au Moulin Rouge ou aux soirées américaines, avec des paillettes, de la danse, et même des flammes. L’opportunité s’est donc présentée avec cette carte blanche. Juste avant la première édition, elle se blesse malheureusement au genou et ne peux pas assurer comme elle l’aurait souhaité son rôle de Lady Loyal. C’est sur une chaise à roulette qu’elle joue les maîtresses de cérémonie, en compagnie de Juliet Kennedy, qui l’a depuis rejointe pour l’organisation. L’objectif de ce Grand cabaret féminin était de représenter les femmes – cis, non-cis, non-binaire, mais aussi drag ou travestis – dans tous les arts, le milieu culturel n’étant pas épargné par ce manque. La soirée se présente donc sous la forme de petits spectacles qui se succèdent, entre cirque, danse, théâtre, humour, chant… Pour les participant·e·s, le mot qui ressort le plus est « bienveillance ». Durant la préparation du spectacle, elles ont apprécié la cohésion féminine qui leur apporte ce petit pouvoir en plus lors de la représentation, grâce au soutien pendant les répétitions. Le public, quant à lui, a particulièrement apprécié la diversité des numéros présentés, mais aussi la sensibilité et la force qui s’en dégagent, avec des propositions artistiques inattendues et au-delà des attentes, avec cette bienveillance communicative.

Pour la suite, la volonté est de réitérer l’expérience, mais aussi de créer un cabaret qui pourrait se jouer partout : dans des fêtes, des festivals, des salles communales… pour tourner à Genève et dans toute la Suisse romande. En parallèle, Sélène Gonzalez souhaiterait proposer un grand spectacle en été et un autre en hiver, dans d’autres salles. Des contacts ont déjà été établis, mais on n’en dira pas plus ici…

Une création collective dans Ricochet Forever

Le mercredi 23 août, un spectacle naît d’une envie de créer entre copain·ine·s. Noà Bollmann, Léon Boesch, Alice Thévenoz, Kenza Tefahi et Lucien Thévenoz, ainsi que Salma Gisler pour l’aide à l’écriture et Adriano Rausa à la régie, s’associent donc pour créer un mélange de textes, de bouts de personnages, d’idées déjà existantes complétées par de nouvelles écritures, pour lier toutes ces idées entre elles. Ricochet Forever est né. Le pitch ? Ricochet est mort, et on ne sait pas quoi faire de cette information. Une cérémonie est organisée, comme le veut l’usage. Des gens vont venir, sûrement, et il y aura probablement des sandwichs. L’expérience a été « géniale, comme toujours », nous dit Kenza Tefahi. Le public de la Parfumerie est toujours bienveillant. Et bien que le travail en amont soit dense et intense, les retours sont toujours si doux que l’envie de recommencer est toujours présente. L’engouement du public est au rendez-vous, et c’est à chaque fois une surprise pour les artistes se voir à quel point les spectateur·ice·s sont content·e·s de la soirée !

Pour la suite, rien n’est prévu pour le projet Ricochet en tant que tel. Quant à Kenza Tefahi, elle compte reprendre des morceaux écrits pour l’occasion et les retravailler en vue de futurs projets.

Alors, on se dit rendez-vous l’été prochain ?

Vous l’aurez constaté, les projets sont divers et variés, et encore, on ne vous en a présenté ici qu’un échantillon. Il y a encore tant et tant à découvrir chaque été à la Parfumerie, avec divers arts, des soirées thématiques, des concours, des projections… On vous invite donc à jeter un œil au programme de l’été prochain dès qu’il sera connu ! En attendant, on remercie Mathieu Fernandez V., Bastien Blanchard, Antoine Courvoisier, Pauline Raineri, Sélène Gonzalez, Juliet Kennedy et Kenza Tefahi d’avoir répondu à nos questions !

Fabien Imhof

Photos : © La Parfumerie (banner), © Rime Madani (1h de Commedia), © edna_ln (La Grande Bagarre), © Cambyse Tabatabay (Le grand cabaret féminin). © Projet Ricochet (Ricochet Forever)

[1] Plaisanterie, moquerie bouffonne typique de la Commedia dell’Arte.

Fabien Imhof

Titulaire d'un master en lettres, il est l'un des co-fondateurs de La Pépinière. Responsable des partenariats avec les théâtres, il vous fera voyager à travers les pièces et mises en scène des théâtres de la région.

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