La Geste d’Avant le Temps : épisode 16

Votre salon est trop petit pour vos ambitions ?

Vous rêvez de parcourir des étendues sauvages, des citadelles élancées, de terrasser des dragons, de rencontrer des elfes, de mettre la main sur un trésor… ou d’embarquer sur un bateau pirate ? La Geste d’Avant le Temps est un récit participatif qui veut remédier à l’exiguïté de nos domiciles et rêver d’un autre monde.

La Pépinière a réuni des rédacteurs très différents : amateurs, confirmés, jeunes ou plus âgés, sages, originaux, déjantés, bagarreurs… Ensemble, ils vont vous emmener dans une quête épique, entre fantastique et science-fiction – sur les ailes de leurs imaginations !

Entre le feuilleton et le cadavre exquis, La Geste d’Avant le Temps vous accompagnera chaque jour dans un texte évolutif et des aventures palpitantes. Nous espérons ainsi vous changer les idées, en cette période confinée… Que faire à l’issue du projet ? Lecture publique ? Publication ? Performance ? Nous cherchons encore des idées !

Alors, vous nous suivez ? C’est parti !

Retrouvez le début du feuilleton ICI !

* * *

Épisode 16 : sur la route de Lu’Nl

Voilà plusieurs heures qu’ils marchaient.

Le chemin serpentait entre les rochers. Le soleil était haut dans le ciel. Il faisait chaud, mais bientôt, la terre devint plus humide. Au fur et à mesure de leur avancée, des touffes d’herbes apparaissaient… d’abord rares, puis plus nombreuses… des fleurs sauvages, des graminées, des ronces… et des arbres – palmiers, amandiers, orangers, des espèces qu’Hypérion ne connaissait pas. Il était émerveillé. Comment était-ce possible, en plein désert ?!

« Ces montagnes sont le cœur du Désert des Larmes Sèches », expliqua Je’An. « C’est là que les derniers géants se sont réfugiés et ont versé leurs dernières larmes. Les montagnes ont retenu l’eau, transformant la roche stérile en jardin. »

« Tu connais des histoires de géants ? » demanda Hypérion.

« Quelques-unes. Ce sont de vieilles chansons. Il était un géant, un vieux géant. Par les plaines et les monts, il allait en marchant. La harpe était son instrument. Avait-il quarante-six ou septante-six ans ?  Dans les villages, on le chassait des maisons. Grand, trop grand était le vieux géant. Il était un géant, un vieux géant… »

« C’est triste », fit Hypérion.

Je’An hocha la tête. Puis le temps passa – et la route avec lui. L’après-midi touchait à sa fin, lorsqu’ils arrivèrent à Lu’Nl. La cité était à la fois déroutante et fascinante. Les maisons ressemblaient à des tentes, mais sculptées dans la roche. Des plantes grimpantes rongeaient les parois. Partout des feuilles, des fleurs, des fruits. Hypérion ne savait plus où regarder. Ils furent accueilli par la cousine de Je’An. Après s’être débarbouillés et restaurés, ils allèrent voir les Anciens, dans les jardins de leur sanctuaire.

Les Anciens étaient des femmes – ridées, comme de vieilles pommes de terre. Assises en cercle sur le sol, elles les accueillirent en souriant. Les gâteaux d’amandes et le thé achevèrent de les mettre à l’aise. Je’An exposa leur problème.

« Oooooh », dit la plus vieille. « Voilà longtemps qu’on ne nous a pas parlé des Ra’Kis. De retour, dis-tu ? L’aide du voyageur, il nous faudrait. Hélas, voilà longtemps qu’il a disparu. »

« Le voyageur ? Celui qui venait de l’Est ? Je croyais qu’il venait d’ici ! » s’exclama Hypérion.

« D’ici ? Oh non, mon garçon », fit la vieille. « De loin, de bien plus loin. Il est venu, il a chassé les Ra’Kis… et est reparti en laissant les colonnes de pierre. »

« Celles de mon rêve ? » demanda Hypérion avec espoir.

« Peut-être, peut-être. Tu iras les voir. Mais avant, écoute cette chanson. – Il était un géant, un jeune géant. Par les vals et les champs, il allait en marchant. La harpe était son passe-temps. Avait-il seize ou trente-deux ans ? Dans les hameaux, on le chassait sans façon. Grand, trop grand était le jeune géant. Il était un géant, un jeune géant… »

Mathéo Guntz et Magali Bossi

Photo : ©Jonny Joka

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