Récit participatif n°2 : La Geste d'Avant le TempsUncategorized

La Geste d’Avant le Temps : épisode 41

Votre salon est trop petit pour vos ambitions ?

Vous rêvez de parcourir des étendues sauvages, des citadelles élancées, de terrasser des dragons, de rencontrer des elfes, de mettre la main sur un trésor… ou d’embarquer sur un bateau pirate ? La Geste d’Avant le Temps est un récit participatif qui veut remédier à l’exiguïté de nos domiciles et rêver d’un autre monde.

La Pépinière a réuni des rédacteurs très différents : amateurs, confirmés, jeunes ou plus âgés, sages, originaux, déjantés, bagarreurs… Ensemble, ils vont vous emmener dans une quête épique, entre fantastique et science-fiction – sur les ailes de leurs imaginations !

Entre le feuilleton et le cadavre exquis, La Geste d’Avant le Temps vous accompagnera chaque jour dans un texte évolutif et des aventures palpitantes. Nous espérons ainsi vous changer les idées, en cette période confinée… Que faire à l’issue du projet ? Lecture publique ? Publication ? Performance ? Nous cherchons encore des idées !

Alors, vous nous suivez ? C’est parti ! Retrouvez le début du feuilleton ICI !

* * *

Épisode 41 : un drôle d’oiseau

Il était blême et son teint livide.

C’était comme si son cerveau avait été court-circuité. Tout était en mode « automatique » et figé. La silhouette qui s’agitait devant ses yeux n’était qu’une bête de plus, au bec pointu, toute aussi bizarre et sournoise que cette masse difforme et visqueuse qu’il avait touchée il y a quelques secondes de cela – et qui avait disparu dans un éclair. Quelques secondes ? Mais en était-il certain ?

Tic-tac-tic-tac-tic-tac – tel était le tempo donné par les graines qui poussaient chaque jour un peu plus dans les champs cultivés sur Rizator-III. Angélus aimait cette musique… mais Hypérion ne savait plus où donner de la tête. Alors c’était ça, Rizator-III ?! Il n’avait jamais contemplé un spectacle pareil. C’était un peu comme s’il voguait sur une mer chlorophyllienne où des milliers de métronomes se balançaient en rythme sur une musique intemporelle.

« Hyp… Hypé…rion. Je m’appelle Hypérion. »

Angélus l’incita à venir se déplacer à l’ombre d’un till’heurge, pour éviter l’insolation. C’était le moment le plus chaud de la journée, idéal pour que les cultures poussent d’un demi-temps, mais également très néfaste pour une partie du plumage d’Angélus qui avait subi une abrasion accidentelle au niveau des rémiges de son aile droite, il y avait bien longtemps. Une vieille histoire à laquelle il essayait de ne pas trop penser, qu’il voulait juste oublier…

Il leur servit un verre de jus de graines temporelles de noise-temps pour étancher leur soif et faire reprendre ses esprits à ce nouvel inconnu – Hypérion. Angélus eut une pensée pour Elestra, cachée dans sa ferme. Mieux valait éviter les troupes des Gardiens du Temps…

« Tiens, c’est curieux », dit Hypérion, « les graines qui flottent dans nos verres ne sont pas en harmonie avec celles qui poussent dans les champs. Elles ont un autre rythme. »

Angélus était stupéfait par la remarque et commençait à se poser des questions sur son hôte. Ce genre de détails n’était pas à la portée du premier étranger venu !

« En effet », approuva-t-il, étonné, « ce sont des graines d’il y a deux ans, d’où la légère dissonance. Elles pulsent un peu plus lentement que celles qui sont encore en terre. Tu as une très bonne oreille ! C’est moi qui les ai cultivées, car je suis cultempvateur. Mais explique-moi ce qui t’amène ici… et surtout ce que tu faisais en compagnie de cet énorme Mange-Temps, nom d’une clepsydre ! C’est le PLUS GROS que j’aie jamais vu !  »

Las, Hypérion se sentait perdu. Il ne savait plus vraiment ce qu’il faisait sur cette planète si éloignée de la sienne… Avant, le plan était clair : entrer dans le monde virtuel d’EIEN, trouver Elestra, la sortir de là… et la retrouver dans la réalité, pour l’enlever à ceux qui la détenaient dans le monde réel. Maintenant… maintenant… il n’était même plus sûr de ce qui était virtuel – ou pas. Je’An… cette chose… ce Mange-Temps géant… était-ce cette créature qui l’avait entraîné là-dedans ? Pourquoi ? Lui avait-elle seulement dit la vérité ? Et surtout, parviendrait-il à retrouver celle à qui il ne cessait de penser ? Face à Angelus, il se sentait néanmoins en confiance et prêt à se livrer, mais ne savait pas par où débuter. Tout commençait à se mélanger dans sa tête et, de cette confusion, apparaissaient les premiers signes révélateurs de… il ne savait pas vraiment comme le qualifier. Une trahison ? Il fallait qu’il en découvre plus : c’était peut-être un piège tendu par le monde virtuel d’EIEN ? Pourtant, l’odeur qu’il essayait de fuir remontait les couloirs de son cerveau pour être analysée par son bulbe olfactif. Il ne pouvait rien faire, elle avait été marquée au fer rouge dans ses circuits neuronaux : ce fumet de charogne et de marécage… ça semblait si réel ! Et si ça l’était ? L’air de dégoût qui figea son visage ne passa pas inaperçu pour Angélus, qui était pendu à ses lèvres.

« Je ne sais même pas par où commencer tellement cela me paraît surdimensionné ! » dit Hypérion en observant la parcelle du champ de secondains qui avait été écrasée par son arrivée et celle de cette… chose hideuse. Il vit quelque chose briller et reconnut la harpe, qu’il avait perdue en atterrissant. Il courut pour la prendre et vint se rasseoir.

Angélus commençaient à imbriquer mentalement les différents éléments, au fur et à mesure, un peu comme un puzzle géant. Il préféra dans un premier temps se taire, observer et écouter. C’était comme cela qu’il savait être avenant et mettre à l’aise ses interlocuteurs : sa bonne humeur et son bagou comme fidèles alliés. Avec lui, Hypérion se sentait en sécurité et disposé à partager d’avantage. Il lui conta son histoire – l’enlèvement d’Elestra, le Désert des Larmes Sèches, les voyages à travers les portails, Je’An… mais Angélus n’eut pas le temps de rétorquer quelque chose et de lui annoncer que sa chère Elestra était en sécurité chez lui qu’Hypérion fut pris de violentes douleurs dans le ventre. Ses yeux commencèrent à se révulser et ses oreilles à chauffer.

Priiiiiiiiiiiiiiiiiiii, les acouphènes qui résonnèrent soudain dans ses oreilles le rendirent mutique, alors que Tempo brillait ses derniers rayons de la journée.

Muriel Kritter

Photo : ©plonk66

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