La Geste d’Avant le Temps : épisode 55

Votre salon est trop petit pour vos ambitions ?

Vous rêvez de parcourir des étendues sauvages, des citadelles élancées, de terrasser des dragons, de rencontrer des elfes, de mettre la main sur un trésor… ou d’embarquer sur un bateau pirate ? La Geste d’Avant le Temps est un récit participatif qui veut remédier à l’exiguïté de nos domiciles et rêver d’un autre monde.

La Pépinière a réuni des rédacteurs très différents : amateurs, confirmés, jeunes ou plus âgés, sages, originaux, déjantés, bagarreurs… Ensemble, ils vont vous emmener dans une quête épique, entre fantastique et science-fiction – sur les ailes de leurs imaginations !

Entre le feuilleton et le cadavre exquis, La Geste d’Avant le Temps vous accompagnera chaque jour dans un texte évolutif et des aventures palpitantes. Nous espérons ainsi vous changer les idées, en cette période confinée… Que faire à l’issue du projet ? Lecture publique ? Publication ? Performance ? Nous cherchons encore des idées !

Alors, vous nous suivez ? C’est parti ! Retrouvez le début du feuilleton ICI !

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Épisode 55 : celui qui attend

Après avoir quitté le village un peu précipitamment, Balthazard, le père d’Elestra, revint sur ses pas pour prendre des provisions et un peu d’argent. Il mit dans son sac de voyage une petite pelle, une gourde, des vivres et la couverture de laine faite par la mère d’Elestra il y avait si longtemps. Puis il partit, enfin. En chemin pour la capitale, il puisa dans ses souvenirs, les histoires que sa femme lui racontait lors de ces nuits où elle brodait…

Au-delà de la grande ville, au-delà de la barrière des pins… au milieu du désert, se situe une arche. Elle est grande et belle et si un jour tu me perds, c’est là qu’il faudra me chercher…

Cette phrase lui revint, alors qu’il achetait quelques graines à un marchand ambulant. Mais oui ! Le désert ! Pourquoi n’y ai-je pas pensé plus tôt ? C’est là qu’il devait aller. Il compléta donc ses acquisitions avec plusieurs gourdes et, après les avoir remplies, trouva une auberge pour la nuit. Demain, il partirait demain.

Au matin, il reprit la route après s’être procuré, avec ses derniers deniers, de quoi se faire une tente pour les nuits fraîches dont le désert a le secret… Il marcha pendant deux jours, deux jours éreintants, avant de trouver (un peu par miracle, comme si le son de la harpe d’Elestra avait fini par le guider) cette fameuse arche. Évidement une fois arrivé devant, il ne sut que faire…

Assis en tailleur devant l’immense… construction ?… porte ?… qui lui semblait bien trop imposante tout d’un coup, il se rendit compte qu’à part attendre, il ne pouvait rien faire d’autre…

« Grumpf ! Eh bien si c’est comme ça, j’attendrai ! » Et il monta un camp de fortune.

La première nuit, il n’avait que sa petite tente. La deuxième nuit, il creusa un puits à proximité, pour recueillir l’eau de la rosée. La troisième nuit, on pouvait percevoir un petit potager à côté de la tente. Rien ne poussait encore – mais ça ne saurait tarder. La sixième nuit, une petite cabane se dressait là où auparavant, il y avait la tente. Cette dernière servait désormais de paravent pour le potager.

Cette nuit-là une caravane se retrouva devant sa porte, guidée par la lueur de son feu.

Il accueillit les nomades avec beaucoup de gentillesse ; après tout il se sentait un peu seul… Les nomades étaient curieux de savoir pourquoi et comment il était arrivé là. Alors il se mit à parler et à parler et ce jusqu’au petit matin. Sa rencontre avec la mère d’Elestra, sa vie de berger avec sa fille et l’enlèvement de celle-ci  et ce pourquoi il attendait car c’était tout ce qu’il pouvait faire…

La légende de celui qui attendait se racontera encore parmi les peuples du désert pendant longtemps.

Laurélie Leipzig

Photo : ©Free-Photos

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