La plume : créationLa plume : littératureRécit participatif n°2 : La Geste d'Avant le Temps

La Geste d’Avant le Temps : épisode 62

Votre salon est trop petit pour vos ambitions ?

Vous rêvez de parcourir des étendues sauvages, des citadelles élancées, de terrasser des dragons, de rencontrer des elfes, de mettre la main sur un trésor… ou d’embarquer sur un bateau pirate ? La Geste d’Avant le Temps est un récit participatif qui veut remédier à l’exiguïté de nos domiciles et rêver d’un autre monde.

La Pépinière a réuni des rédacteurs très différents : amateurs, confirmés, jeunes ou plus âgés, sages, originaux, déjantés, bagarreurs… Ensemble, ils vont vous emmener dans une quête épique, entre fantastique et science-fiction – sur les ailes de leurs imaginations !

Entre le feuilleton et le cadavre exquis, La Geste d’Avant le Temps vous accompagnera chaque jour dans un texte évolutif et des aventures palpitantes. Nous espérons ainsi vous changer les idées, en cette période confinée… Que faire à l’issue du projet ? Lecture publique ? Publication ? Performance ? Nous cherchons encore des idées !

Alors, vous nous suivez ? C’est parti ! Retrouvez le début du feuilleton ICI !

* * *

Épisode 63 : évasion !

Hypérion commença d’abord à sentir comme une pression dans la colonne vertébrale. Puis il entendit des craquements.

Il mit un certain temps à saisir qu’ils provenaient de son propre corps.

Cela faisait trop longtemps qu’il poireautait avec Angélus et Sexte, dans une sinistre salle voûtée située dans les entrailles humides de la Tour des Gardiens. On les avait laissés seuls, sans nourriture. Ses compagnons semblaient inquiets. Lorsqu’Angélus lui apprit qu’ils allaient sans doute passer un à un à la « question », sous la conduite de l’inquisiteur temporel Horarius, il comprit que son voyage pourrait fort bien se terminer là, entre ces murs suintants le malheur. Il eut une pensée pour Elestra, qui s’en sortirait sans doute grâce aux sortilèges de Nanji.

Mais les deux créatures aviformes qui lui tenaient lieu de codétenus ne semblaient pas disposer de pareils dons. À cet instant, ils ronflaient en alternance, affalés sur la paille humide du cachot. Soudain, il vit une araignée s’extraire d’une sorte de meurtrière aménagée dans le mur de pierre qui lui faisait face. Elle irradiait une douce lumière verte. Fasciné, il la laissa s’approcher.

C’est lorsqu’elle grimpa sur sa main et le pinça qu’il sentit la pression dans ses vertèbres avant d’entendre des craquements venant de ses os.

« Ne t’inquiète pas », entendit-il dans sa tête. La voix était chaude et rassurante. Hallucinait-il ? « C’est moi, Nanji, je te télépathe. Laisse-toi transformer en araignée, et nous rejoindrons Elestra pour que tu accomplisses ton destin selon les paroles du Livre d’heures. Nous reviendrons chercher tes compagnons. Ils sont en sécurité : j’ai endormi les gardiens et l’inquisiteur avec le même venin qui te transforme. »

Hypérion fut parcouru d’un frisson. Le Livre d’heure… ?… qu’est-ce que… Il était engeôlé et voué à un funeste sort de tortures. Et voilà qu’un destin écrit dans un livre lui était proposé ! Il se sentit rapetisser, se recroquevillant sur son abdomen, alors que quatre nouveaux membres lui poussaient, auxquels s’ajustaient, dans une gracilité velue, ses jambes et ses bras. Ses vêtements tombés au sol comme des oripeaux désormais inutiles, il se retrouva minuscule et luminescent aux côtés de l’incarnation arachnéenne de Nanji. Une araignée ! Je suis vraiment devenu une araignée ! Il fit quelques mouvements, accéléra, décéléra, dégourdissant ses huit nouveaux membres. Puis il se mit à virevolter verticalement sur le mur, à ramper sur le plafond, explorant son nouveau corps dans l’espace. Sa vision lui semblait plus aiguisée, et il percevait son environnement par des sensations nouvelles, quelque part entre goût et odeur.

« C’est plutôt sympa comme expérience, non ? » lâcha Nanji. « Maintenant, suis-moi ! »

À la suite de sa guide, Hypérion s’engouffra dans le boyau qui s’ouvrait dans le mur. C’était un conduit qui grimpait dans la tour, avec des diverticules où ils évitaient de se perdre grâce au fil de soie lumineux que Nanji avait produit en venant le rejoindre. Soudain, au détour d’un coude, ils entendirent un couinement en provenance d’une cavité qui s’ouvrait dans la paroi. Nanji se dressa sur quatre pattes et ouvrit ses sens arachnéens à l’air vicié du conduit :

« Je ne sais pas ce qui va sortir de ce boyau, mais nous n’avons pas le choix : reste bien à mes côtés et suis-moi quoiqu’il arrive ! »

Olivier May

Photo : @geralt

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