La plume : créationLa plume : littératureRécit participatif n°2 : La Geste d'Avant le Temps

La Geste d’Avant le Temps : épisode 67

Votre salon est trop petit pour vos ambitions ?

Vous rêvez de parcourir des étendues sauvages, des citadelles élancées, de terrasser des dragons, de rencontrer des elfes, de mettre la main sur un trésor… ou d’embarquer sur un bateau pirate ? La Geste d’Avant le Temps est un récit participatif qui veut remédier à l’exiguïté de nos domiciles et rêver d’un autre monde.

La Pépinière a réuni des rédacteurs très différents : amateurs, confirmés, jeunes ou plus âgés, sages, originaux, déjantés, bagarreurs… Ensemble, ils vont vous emmener dans une quête épique, entre fantastique et science-fiction – sur les ailes de leurs imaginations !

Entre le feuilleton et le cadavre exquis, La Geste d’Avant le Temps vous accompagnera chaque jour dans un texte évolutif et des aventures palpitantes. Nous espérons ainsi vous changer les idées, en cette période confinée… Que faire à l’issue du projet ? Lecture publique ? Publication ? Performance ? Nous cherchons encore des idées !

Alors, vous nous suivez ? C’est parti ! Retrouvez le début du feuilleton ICI !

* * *

Épisode 67 : l’équilibre des retrouvailles

La voix désincarnée s’éteignit, ayant achevé de délivrer la marche à suivre de la mystérieuse Table de Téléportation. Nanji s’envola aussitôt, suivie par les autres :

« C’est peut-être notre chance ! Regardez, ces lettres… elles sont sur des sortes de cases… de touches… peut-être que si nous… »

Elle se posa sur une lettre… aussitôt, un bruit infernal explosa dans leurs tympans, alors que le plateau s’inclinait, les projetant loin de la table. Nanji quitta son perchoir et la table retrouva son équilibre avec lenteur. Comment faire ? Elestra fut la première à reprendre ses esprits. Survolant la table sans la toucher, elle avisa une case sur laquelle était inscrit un [E] tarabiscoté. Et si… elle s’y posa, doucement… la case s’enfonça, avec légèreté mais sans bruit infernal. Le plateau s’inclinait, lentement, sous son poids minuscule de colibri…

« Vite ! » s’exclama-t-elle. « Posez-vous chacun sur la case correspondant à la première lettre de votre prénom ! Nous verrons bien si nous arrivons à garder l’équilibre ! »

« Tu es sûre ? C’est que je ne lis pas le rizatorien, moi ! » hésita Hypérion, se débattant toujours avec l’épée Néantine qui l’entraînait.

« Non, je ne suis pas sûre, mais on doit essayer ! » le pressa la jeune fille. « Ton [H] est juste là, sur cette case… Nanji, ton [N] est là-bas… Euridy, il y a un autre [E] là-bas ! Approchez tous… mettez-vous au-dessus de votre case… attention… à mon signal… trois… deux… un… »

Ils se posèrent de concert. Les cases s’enfoncèrent dans un chuintement, le plateau se suspendit, en équilibre – avant de s’incliner d’un coup, manquant de les faire tous chuter.

« L’épée ! » fit soudain Euridy. « Elle est trop lourde ! Regardez : le plateau est déséquilibré du côté du [H] de Hypérion… il faudrait pouvoir l’équilibrer de l’autre côté. »

« Comment ? Nous ne sommes que quatre… il nous faudrait quelqu’un en plus… »

« Là ! » s’exclama Elestra. « À l’opposé du [H]… le [A]… »

Ils échangèrent un regard :

« Angélus ! »

° ° °

Quand Balthazard rouvrit les yeux, il se trouvait dans un corridor humide, éclairé par des torches. Sa bêche à la main. Aucune trace des melons.

Ces murs… cette atmosphère… je suis dans la Tour des Gardiens du Temps… donc, sur Rizator-III. Voilà longtemps qu’il n’y était pas revenu. Il se souvenait en avoir parcouru les couloirs en compagnie de Boru, lorsqu’ils étaient de jeunes et intrépides Voyageurs Temporels avides d’aventures.

Pendant des années, ils avaient pisté les Mange-Temps ensemble – de planète en planète, et jusque dans le moindre recoin de la Gare. Il se souvenait encore de la Directrice, cette brebis à cinq pattes attachante et folâtre. Pour attraper les Manges-Temps, Boru jouait de sa harpe et lui, de la flûte. Et puis, ils avaient décidé de prendre leur retraite, de trouver une petite planète tranquille. De fonder une famille. Il était devenu berger et Elestra était née. Mais quand les Gardiens avaient fait appel à Boru pour pourvoir le poste de Diacre, quand elle avait accepté et pris connaissance de la prophétie… tout avait changé. Les Gardiens avaient été inflexibles : ils leur avaient effacé la mémoire, à sa fille et à lui. Pour votre protection, avait dit Boru avant la procédure. C’était le mieux à faire, car si les Mange-Temps trouvaient Elestra… Boru était partie, lui laissant pour seul indice l’arche dans le Désert des Larmes Sèches.

À présent, il se souvenait de tout. Il était un Voyageur Temporel et, s’il en jugeait par le mot incessant qui lui vrillait l’esprit, les Gardiens avaient lancé la procédure S.U.I.P. et activé le Zirgouflex pour rassembler tous les agents – même ceux en dormance.

La situation était grave. Il allait devoir se battre.

° ° °

Sexte se redressa d’un bond, ses plumes ébouriffées. Dans son oreille, un petit ver faisait son trou, entêtant… flex… gouflex… Zirgouflex… Ils l’avaient activé – le dénouement était donc proche. Il secoua un peu Angélus :

« Tu es réveillé ? »

« Mmmmh… quuuoooiii… ? » répondit son neveu en ouvrant les paupières, ensommeillé.

Sexte n’attendit pas et se leva. La porte avait l’air solide – mais ce n’était pas impossible. Il fit volte-face :

« Reste ici. Dehors, ça doit être dangereux. Les Gardiens ont réuni tous les Voyageurs Temporels. Je dois y aller. Ils ont activé le Zirgouflex. C’est la guerre. »

« Qu… quoi… la guerre… ? Mais… »

Angélus se leva à son tour, le cœur battant :

« Attends… où vas-tu ? Je t’accompagne. Je peux aider. »

« Non. Toi, tu n’es pas un guerrier. Tu es cultempvateur. Tu restes ici et tu te mets à l’abri. Les Mange-Temps vont arriver. En nombre. »

Sexte considéra la porte, carra les épaules…

« CHAUD DEVAAAAAANT ! »

Puis fonça dans le panneau en bois, qui éclata sous son poids. Emporté par son élan, il déboula dans le couloir éclairé par les torches et s’étala de tout son long. Sa chute fut amortie par quelque chose de mou.

« Aïe ! Non mais ça va pas ?! »

Pas quelque chosequelqu’un. Sexte se redressa aussitôt, prêt à faire face à l’intrus. Il manqua de tomber à nouveau à la renverse :

« Balthazard ?! C’est… c’est bien toi ? »

« Sexte… ça alors ! »

Sylvie & Magali Bossi

Photo : ©Wokandapix

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Magali Bossi

Magali Bossi est née à la fin du millénaire passé - ce qui fait déjà un bout de temps. Elle aime le thé aux épices et les orages, déteste les endives et a une passion pour les petits bols japonais. Elle partage son temps entre une thèse de doctorat, un accordéon, un livre et beaucoup, beaucoup d’écriture.

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