La plume : BA7 / MA7La plume : créationLa plume : littérature

D’après photographie : La Figure

Depuis plusieurs années, le Département de langue et littérature françaises modernes de l’Université de Genève propose à ses étudiantes et étudiants un Atelier d’écriture, à suivre dans le cadre du cursus d’études. Le but ? Explorer des facettes de l’écrit en dehors des sentiers battus du monde académique : entre exercices imposés et créations libres, il s’agit de fourbir sa plume et de trouver sa propre voie, son propre style !

La Pépinière vous propre un florilège de ces textes, qui témoignent d’une vitalité créatrice hors du commun. Qu’on se le dise : les autrices et auteurs ont des choses à raconter… souvent là où on ne les attend pas !

Aujourd’hui, c’est Léa Pfister qui prend la plume. Elle construit un texte, autour d’une photographie… à vous d’imaginer laquelle. Bonne lecture !

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La Figure

C’est un saut volontaire, affirmé, il n’y a pas à tergiverser. Il s’est élancé depuis ces rochers là-bas près de la forêt pour atteindre le lac cinq ou six mètres plus bas. Seul être humain dans ce cadre enchanteur, on ne peut qu’imaginer le dilemme auquel il a été confronté : comment sauter ?

Il a sûrement envisagé le plongeon, figure gracieuse et toute en finesse, qui, bien effectuée, n’aurait troublé aucun animal forestier. A contrario, la bombe pouvait également s’imposer : transformer son corps en une boule serrée pour provoquer des gerbes d’eau bruyantes, peut-on imaginer satisfaction plus grande pour revendiquer sa présence dans un endroit isolé ?

Mais enfin, quelle banalité ! Quelle déception ! Des figures vues et revues ! Lui, lorsqu’il s’est élancé, le regard résolu, bras et jambes bien écartés, entièrement horizontaux, ce devait être pour créer une nouveauté : une figure batracienne.

C’est là, à mi-chemin, alors qu’il distinguait déjà son reflet dans l’eau verte, qu’un simple clic l’a figé. Photographe de l’ombre, c’est pour ton regard et pour le nôtre qu’il a sauté. Toi qui en l’immortalisant l’as à jamais préservé de l’impact, on croit pourtant entendre ton rire suivi d’un grand paf.

Et depuis, sa figure nous interroge : cette gloire éternelle valait-elle le plat ?

Léa Pfister

Photo : © Matt Hardy

La Pépinière

« Il faut cultiver notre jardin », disait le Candide de Voltaire. La Pépinière fait sienne cette philosophie et la renverse. Soucieuse de biodiversité, elle défend un environnent riche, où nature et culture deviendraient synonymes. Des planches d’une scènes aux mots d’une page, des salles obscures aux salles de concert, nous vous emmenons à la découverte de la culture genevoise et régionale. Critiques, reportages, rencontres, la Pépinière fait péter les barrières. Avec un mot d’ordre : jardinez votre culture !

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