Les réverbères : arts vivants

Des rencontres cette saison au Théâtricul

Pour la première fois de son histoire, le Théâtricul organisait une véritable présentation de saison, en présence des artistes ! Pour la cinquième saison du Collectif 64 au sein du théâtre, on a voulu mettre en avant les rencontres.

Dans la détente et la bonne humeur, David Valère accueille le public avec l’humour qui le caractérise, en promettant d’essayer de ne pas trop déborder. Il commence par remercier une personne indispensable mais qu’on oublie trop souvent : Nathalie Johnson, la femme de ménage du Théâtricul ! Après les autres remerciements d’usage, il rend hommage à Gérard Challande, fondateur du lieu, qui nous a quittés en décembre dernier. Dans la continuité de ce qui avait été imaginé par monsieur Challande, le Collectif 64, qui gère le Théâtricul, vise, à réunir les artistes, prônant l’ouverture et la facilité au plateau, mais aussi favorisant les artistes jeunes et/ou émergent·e·s. David Valère insiste sur la vibration humaine nécessaire lors de la rencontre. Le but final : essayer de faire naître des spectacles qu’on a envie de voir, tout en entretenant la volonté de faire perdurer le lieu. Avec les quatorze propositions au programme cette saison, nul doute que ce sera le cas !

Une saison marquée par le cirque…

C’est ensuite au tour d’Yvette Challande de prendre la parole, pour nous présenter la collaboration avec le Théâtre Circule de Thônex, et les quatre moments forts de la saison à venir. En ouverture de saison, des petites créations de cirque nouveau – mêlant aussi théâtre et danse – seront proposées par des jeunes professionnels. Le challenge ? Réussir leur numéro dans un lieu de la taille du Théâtricul ! En décembre, durant un week-end, place ensuite aux artistes en formation, âgés de 12 à 22 ans. Ces jeunes s’entraînent à côté de leurs études ou de leur travail, pour préparer un spectacle qui s’annonce mémorable. Le début du mois de janvier verra Julian Bellini, alias Le Predator, monter un spectacle entre jonglerie, acrobatie et danse sur le thème de l’univers hostile du… petit-déjeuner ! Le cirque sera enfin à l’honneur pour clore la saison, en juin-juillet, avec Galy Milân et Thibault Michel, les petits protégés d’Yvette, qui, après une période de résidence, présenteront leur spectacle : Au café des nonchalants. Étant encore en création, on ne peut vous en dire plus…

… et les rencontres !

Sans avoir imaginé de thématique à la saison, les responsables du Théâtricul se sont rapidement rendu compte que beaucoup des spectacles abordaient des formes de rencontres. À commencer par Rose, de Luca Leone, à voir en septembre. David Valère et ses collègues ont eu un véritable coup de cœur pour ce jeune artiste déjà très affirmé, alors qu’il n’est encore qu’au collège. Ce « gamin », comme ils le nomment, se questionnera sur les préjugés autour du rose, pour redonner une allure forte à cette couleur souvent décriée. Il s’intéresse ainsi à la profondeur des subtilités dans ce spectacle-concert au cours duquel il sera accompagné de trois musiciens.

Après le rose, un spectacle plus sombre et sobre, avec H24, adapté de 24 heures dans la vie d’une femme de Stefan Zweig. La mise en scène de Juan Crespillo s’annonce simple et sobre, avec une Anne Martinet qui évoluera dans un décor créé principalement par la lumière, dans cette adresse au public… avant de laisser la place au Point radiant de Stéphane Michaud. Dans cette création collective basée sur l’écriture de plateau, il sera question de confronter des petites histoires de huit personnes à la grande émotion provoquée par le match de l’Euro 2021 entre la Suisse et la France. L’année 2022 s’achèvera autour de l’Éloge de l’oisiveté, mise en scène par Eric Salama. Le point de départ du spectacle : le constat que l’on travaille trop, et non plus pour vivre, mais juste pour travailler… Dans ce spectacle encore en construction, il s’agira de commenter le texte, de jouer avec le public, pour chercher des illustrations actuelles du propos. On se réjouit !

En 2023, après Le Predator, place à un récit plus intime, signé Pierre-Philippe Devaux : dans Je n’ai jamais vu la mer, il réécrit l’histoire de son père en 1958, pendant la Guerre d’Algérie, alors que ce dernier était âgé d’à peine 20 ans. Une rencontre intimiste avec le passé, avant une autre rencontre, fictive cette fois-ci, dans Morrison’s Blues. Au fond d’un bar de LA, en 1969, Jim Morrison fait la connaissance d’un bluesman noir. Une jolie manière de revisiter l’histoire des Doors et de son chanteur… De relations entre personnes blanches et noires, il sera encore question dans Toy Boy, imaginé par Fidèle Baha et Jérôme Richer : la rencontre entre un homme subsaharien pauvre et une femme blanche d’ici, riche. Dans un monologue augmenté par le théâtre d’ombres, Fidèle Baha apportera une touche de légèreté à un sujet sérieux, dont la forme finale n’est pas encore définie.

Report ensuite dès le 28 avril, avec Contre toute attente, qui reprend des anecdotes d’une tournée houleuse entre Tel-Aviv, Dakar et Montréal. La question centrale du spectacle : jusqu’où est-on prêt à aller pour jouer un spectacle ? Ou l’histoire d’une troupe coincée dans un aéroport suite à une panne informatique, et dont les déboires ont déjà été nombreux jusqu’ici… Ensuite, plus d’informatique, mais un échange de lettres dans les Variations épistolaires de Vincent Aubert et Juliannah, où le dialogue d’un couple fictif qui navigue entre amour, voyage et musique. Le tout en s’appuyant sur la Correspondance entre Camus et Cazarès, qui ennuie l’un et fascine l’autre. Puis la saison théâtrale se clôturera avec L’embarras du choix, un questionnement sur le bonheur et son aspect mercantile. Après avoir proposé une forme intimiste en appartement, Julia Portier et Wave Bonardi adaptent leur spectacle à la salle du Théâtricul, pour une pièce qui s’annonce aussi drôle que réflexive…

Spectateurs et spectatrices, le Théâtricul vous attend en 2022-2023, pour de multiples rencontres. Car sans public, celles-ci ne peuvent avoir lieu ! Et le programme s’annonce prometteur !

Fabien Imhof

La programmation complète et les détails sont à retrouver sur le site du Théâtricul.

Photo : © Théâtricul

Fabien Imhof

Titulaire d'un master en lettres, il est l'un des co-fondateurs de La Pépinière. Responsable des partenariats avec les théâtres, il vous fera voyager à travers les pièces et mises en scène des théâtres de la région.

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