El robo del siglo : le casse du siècle des « Pieds Nickelés » sud-américains
Dans El robo del siglo, en salles depuis le 5 mai, Ariel Winograd raconte l’histoire vraie du braquage audacieux d’une banque à Buenos Aires en 2006. Des préparatifs au casse lui-même, le réalisateur argentin nous plonge en immersion avec ses personnages, avec empathie et beaucoup d’humour.
El robo del siglo est tiré d’une histoire vraie. Aussi incroyable que cela puisse paraître, cette histoire est celle de Fernando Araujo, un peu artiste peintre, un peu professeur de judo, beaucoup consommateur de haschisch, qui fomente, organise et réalise ce que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de « braquage du siècle ».
Tout est né d’une illumination. En voyant son joint tomber dans les égouts, Fernando réalise que des galeries souterraines passent sous la salle des coffres de la banque Río d’Acassuso, à Buenos Aires, 18 mètres exactement plus bas. Il imagine alors le plan le plus audacieux qui soit pour la dévaliser. Il sera le cerveau de ce casse parfait, mais il a besoin de bras.
Le recrutement de son équipe de Pieds Nickelés, chacun pour ses compétences, fait penser à Reservoir Dogs, les repérages in situ à Ocean’s Eleven, la violence et le côté spectaculaire en moins, l’humour en plus. Ainsi, les personnages parlent-ils de leur méfait tout en chantant leurs prières au Tout-Puissant à l’église ; ou encore Mario, le voleur solo recruté pour sa grande efficacité, lit-il un livre pour s’instruire sur les prises d’otages !
Comédie « policière »
Tout est drôle, léger et divertissant dans cette comédie policière (comédie de brigands serait plus approprié), à l’image du dilemme que rencontrent les personnages : comment déjouer le double système de sécurité de la banque (celui de la salle recevant le public et celui de la chambre forte) ? Fernando à une réponse : « Si tu commets un acte immoral, comme le casse d’une banque, plus tu penses aux effets secondaires avec un maximum d’empathie et d’éthique personnelles, bien meilleure sera la réaction sociale. » C’est beau comme du Jean-Claude Van Damme ! Mais pas forcément stupide, les gens adorant voir les banques dévalisées (c’est l’empathie) ; quant aux clients, ils pourront toujours déclarer davantage que ce qu’ils ont perdu (ça, c’est pour la réaction sociale).
Tout semble amateur chez ces bras cassés sud-américains de la cambriole et pourtant, cela fonctionne. À l’image de ce film, simple en apparence mais maîtrisé d’un bout à l’autre et qui parvient constamment à maintenir l’attention des spectateurs en alerte. Avec El robo del siglo, Ariel Winograd nous propose un improbable mélange entre Reservoir Dogs (par exemple lors de la scène où Mario menace les autres avec une arme fictive) et de La grande évasion, le but n’étant évidemment pas de sortir mais de rentrer. D’ailleurs, tout mène à la grande scène du braquage, qui survient au bout de trois-quarts d’heure. Déguisés en prêtre ou en homme d’affaires, les braqueurs investissent les lieux tandis qu’au sous-sol la seconde équipe s’active dans la chambre forte. Avec leur mégaperceuse, il lui suffit de sept secondes pour ouvrir un coffre. Et des coffres, il y en a beaucoup ! Le braquage en tant que tel dure 40 minutes mais avec des flashbacks qui complètent les scènes de préparation précédentes (et qui rappellent d’autant plus Reservoir Dogs).
Quant aux travellings en plans serrés du réalisateur, ils produisent un sentiment d’immersion, qui donne l’impression de vivre réellement la scène avec les protagonistes. Ce qui rajoute évidemment à l’empathie. Car même si l’on connaît leur méfait, et que l’on n’ignore rien de la fin, on est avec eux à 100%, pour le meilleur (sur un montant estimé entre 8 et 25 millions de dollars, seuls 1,17 million et 18 kg de bijoux ont été retrouvés) certes, mais surtout pour le rire.
Bertrand Durovray
Référence : El robo del siglo (Le braquage du siècle) d’Ariel Winograd, d’après Rodolfo Palacio. Scénario : Alex Zito et Fernando Araujo. Avec Diego Peretti (Fernando Araujo, le cerveau de la bande), Guillermo Francella (Luis Mario Vitette, le professionnel de la cambriole en Uruguay), Pablo Rago (El Marciano, l’ingénieur), Rafael Ferro (Alberto de la Torre, le responsable des otages), Mariano Argento (El Doc, l’avocat)… Argentine, 2020. 1h54.
Photos : © trigon-film.org