La plume : créationLa plume : littératureRécit participatif n°3 : Et la marmite se brisa

Et la Marmite se brisa : épisode 27

Vous aimez les enquêtes et les énigmes ?

Vous rêvez de courir après les meurtriers, d’élucider des crimes, d’être aussi habile que Sherlock Holmes, aussi perspicace qu’Hercule Poirot ? Les interrogatoires ne vous font pas peur et les indices, c’est votre rayon ? Bienvenue dans Et la Marmite se brisa, une fabuleuse enquête de Miss Apfel !

Et la Marmite se brisa est un nouveau récit participatif lancé par La Pépinière à l’automne 2020. Entre le feuilleton et le cadavre exquis littéraire, nous avons réuni des autrices et auteurs de tous bords : amateur.trice.s, confirmé.e.s, déjanté.e.s, sérieux.ses, jeunes ou plus âgé.e.s… Après le succès de nos récits participatifs précédents (Du jardin au balcon et La Geste d’Avant le Temps), les voilà prêt.e.s à s’embarquer pour une nouvelle aventure, sans savoir ce qui les attend. Cap sur le polar helvétique !

Pour cette première aventure de Miss Apfel (qui évoque bien sûr la Miss Marple d’Agatha Christie), plongez dans les secrets historiques de Genève…

Alors, ça vous tente ?

Retrouvez le début du feuilleton ICI !

* * *

Épisode 27 : Une lettre pas comme les autres

Genève, pavillon de banlieue.

Il y a dix ans.

« Ma chère Cathy,

Si tu reçois cette lettre c’est que je ne suis plus de ce monde et que des dispositions ont été prises afin que tu reçoives ce coffret.

Avant toute chose, je crois que je te dois quelques explications. Ainsi que des excuses, sans nul doute.

Une des raisons pour lesquelles j’ai bien souvent délaissé ma vie personnelle, tu le sais probablement, c’est ce travail passionnant auquel je n’ai jamais su dire non. Qui par extension, a aussi dévoré ma vie privée.

Comment comprendre cette vie de flic ?

Comment aurais-je pu vous demander, à toi et à ta mère, de rejoindre ce bateau tanguant sur une mer incertaine?

Toutefois, je ne peux me cacher entièrement derrière mon travail. En effet, deux autres pans de ma vie te sont inconnus.

Le premier, c’est une femme.

Simone n’a pas besoin de mots pour me comprendre. Elle traduit mes idées au moindre froncement de sourcil ou frémissement de lèvre.

Comme le roseau au gré du vent, elle se plie naturellement dans ma direction. Et le vent me porte vers la sienne.

Ma première rencontre avec Simone a été le début d’une longue histoire d’amour. Pourtant, je l’ai aimée en secret pendant de nombreuses années. Elle a occupé mes pensées avant mes moments de liberté. Et gentiment, j’ai laissé mon passé s’envoler à ses côtés, choisissant de me laisser porter au souffle du vent.

Oui, tu n’as pas tiré le meilleur des pères à la loterie des parents et de ça, je suis profondément navré.

Malgré son jeune âge, ta mère a su comment t’élever, te guider pour faire de toi la femme que tu es aujourd’hui. Elle a su te montrer sa fierté et t’accompagner.

Je me suis senti démuni face à toi. Ce petit être de sang et de chair, à la poigne ferme et au regard pétillant et décidé.

Ces yeux auraient continué de m’observer au fil des années, et auraient fini par prendre la couleur de la déception. Lentement, doucement, mais sûrement.

Mon cœur se serre à l’instant, en y pensant. J’aurais tant voulu être un père présent et acteur de ta vie. Être à la hauteur.

Mais les choses, comme les hommes, s’installent. Et, comme les hommes, finissent sclérosées, victimes du temps et façonnées par les regrets et les occasions manquées.

De loin, je t’ai observée. J’ai honte d’admettre que les ressources de la police de Genève ont quelques fois servi à créer un lien furtif et superficiel avec toi.

Je t’aime, ma fille.

J’aurais voulu te le dire. Être capable de soutenir ton regard, aussi déçu soit-il. Et te dire tout ce que mon cœur renferme, au-delà de mes maladresses et de tes désillusions.

J’espère que tu sauras me pardonner d’avoir tant tardé. D’avoir attendu ma mort pour faire de toi mon héritière. De ne pas avoir su te préparer à ce qui t’attend maintenant.

Malgré tout, je sais que tu en es digne et que tu sauras porter l’Ordre et ses valeurs avec aisance.

Mon dernier secret, c’est justement l’Ordre.

Prends cette Carotte et rends-toi au Café Remor. Demande à rencontrer Monsieur Joseph. Il t’attend. Tu comprendras tout.

Fais-le pour moi s’il te plaît.

Un dernier geste pour un père absent qui demande humblement ton pardon.

Adieu ma fille.

Tendrement,

Ton père,

Franck Burnier.

PS: Simone ne sait rien. »

Au fil de sa lecture, Cathy sentait son cœur se gonfler d’un nombre infini de ressentis, qui s’entremêlaient et crépitaient dans les moindres recoins de son corps. Un lourd fardeau se détachait lentement de ses épaules, comme une évidence.

Elle qui pensait ne pas être assez pour lui…

Des larmes coulèrent sur ses joues, roulèrent le long de son cou et vinrent s’écraser sur ses mains.

« Je ferai tout pour toi, Papa. Tu seras fier de moi. »

Et c’est ainsi que Cathy Piaget commença une relation posthume avec ce père qui n’a jamais su l’approcher.

Relation obsessionnelle et destructrice.

Qui allait la consumer.

Qui allait tuer.

Franck Burnier se serait retourné dans sa tombe…

Fanny Graf

La suite, c’est par ICI !

Et pour retrouver tous les épisodes, c’est par LÀ !

Tu n’as pas froid aux yeux et tu veux nous rejoindre ? N’hésite pas à nous envoyer un petit mot et toutes les informations pour ta prochaine enquête littéraire suivront…

Photo : © RobVanDerMeijden

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