Festival Histoire et Cité : Dans la rue comme dans la rue
Depuis plusieurs années, le Département de langue et littérature françaises modernes de l’Université de Genève propose à ses étudiantes et étudiants un Atelier d’écriture, à suivre dans le cadre du cursus d’études. Le but ? Explorer des facettes de l’écrit en dehors des sentiers battus du monde académique : entre exercices imposés et créations libres, il s’agit de fourbir sa plume et de trouver sa propre voie, son propre style !
La Pépinière vous propose un florilège de ces textes, qui témoignent d’une vitalité créatrice hors du commun. Qu’on se le dise : les autrices et auteurs ont des choses à raconter… souvent là où on ne les attend pas !
Aujourd’hui, c’est Anna Terzyan qui prend la plume. Dans le cadre du Festival Histoire et Cité, qui s’est déroulé du 15 au 21 avril 2024, elle s’inspire d’un des court-métrages proposés pour construire un texte bref. Le thème de ce texte (qui reprend celui du festival) tient en trois mots : dans la rue. Bonne lecture !
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Dans la rue comme dans la rue
À la guerre comme à la guerre. Que c’est indigne de vouloir être bruyant dans la rue. Que c’est lâche d’être silencieux. Le monde des pas courts et tressaillants, qui se suivent, se ressemblent et s’enchaînent dans un traîneau tiré par une entité collectivement cruelle. Cet âge d’or de la jeunesse, consumé par ce même désir de dominer, de se conformer, de suivre et de guider, de vaincre tout en étant, cependant, si facilement convaincue. Cet âge du délire, de l’esprit léger, de l’indépendance dépendante et guidée, qui n’écoute personne et n’agit pas sans l’approbation d’autrui. C’est cet âge qu’on a quand on se frôle et se fracasse. C’est cet âge qu’on a lorsqu’on rit et se moque, cet âge de l’innocence méchante, de la vivacité paralysante, de la compréhension et de la confusion. C’est là enfin, à cet âge-là que je veux placer le curseur de cet imaginaire quotidien, si commun, si unique. Cet imaginaire de la guerre face au monde. Cette cruauté qui anime notre pensée encore si libre et pas encore assez libérée. Voyez-vous cette vision-là que nous avions et aurons, que nous vivons et vivrons, cette vision enfin, à laquelle je veux venir, de cet âge-là, de ce jour-là, dans cette rue-là, vous la voyez ? Ce jour-là où on brûle d’une envie de prouver. De se prouver, de prouver à autrui, enfin d’apporter une preuve face à cette rue. Cette preuve intangible, inébranlable, ineffaçable, urgente, d’une importance capitale, éparpillée dans tout notre être, cette preuve enfin, cette preuve de victoire.
Anna Terzyan
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Photo : © Tho-Ge
(Nota : pour des questions de droits, nous ne publions pas ici l’image extraite du court-métrage sus-cité. Nous vous en proposons une autre, libre de droits, pour donner à votre lecture un nouvel écho.)